La Presse Anarchiste

Arbitraire et réglementation

Nous avons tou­jours com­bat­tu la loi, et les légis­la­tions, parce que nous y voyions une source per­ma­nente d’ar­bi­traire contre l’in­di­vi­du, l’o­bli­geant à faire ce qu’il ne vou­lait pas, défen­dant une classe ser­vant le jeu du plus fort contre le plus faible, impo­sant aux hommes de se lais­ser exploi­ter, aux peuples de faire des guerres, et de s’en­tre­mas­sa­crer. On n’en fini­rait pas d’é­nu­mé­rer tous les griefs que les liber­taires ont for­mu­lés contre les sys­tèmes légis­la­tifs, ce qui jus­ti­fiait, et conti­nue de jus­ti­fier leur refus de « toutes » les lois. Kro­pot­kine dénon­çait dans une bro­chure fameuse, qui est un des cha­pitres de son livre Paroles d’un Révol­té, « la loi et l’au­to­ri­té ». Et c’est bien le prin­cipe de la loi en soi qu’il repous­sait. C’est aus­si ce prin­cipe que nous avons tou­jours repoussé.

Dans quelle mesure y a‑t-il eu de notre part, comme dans tant d’autres cas, excès de géné­ra­li­sa­tion ? Voi­là ce que nous devrions exa­mi­ner à la lumière d’une expé­rience assez longue pour que nous puis­sions en tirer parti.

Je suis pous­sé à le faire pour une rai­son essen­tielle. Soixante ans de par­ti­ci­pa­tion au mou­ve­ment anar­chiste inter­na­tio­nal m’ont appris une chose, que l’é­tude géné­rale de l’his­toire m’a confir­mée : si la loi, celle de l’É­tat et du gou­ver­ne­ment, est le plus sou­vent arbi­traire (et je dis « le plus sou­vent », car les lois qui ont ins­tau­ré l’ins­truc­tion obli­ga­toire, la jour­née de huit heures [[Je n’ou­blie pas qu’une par­tie de ces lois fut la consé­quence des luttes ouvrières .]], des mesures d’hy­giène dans les mines et les autres lieux de tra­vail, la vac­ci­na­tion, la répres­sion de l’al­coo­lisme me semblent avoir été des plus utiles) si, dis-je, la loi du gou­ver­ne­ment et de l’É­tat est le plus sou­vent arbi­traire, la loi de l’in­di­vi­du domi­nant dans un groupe ou une col­lec­ti­vi­té humaine l’est géné­ra­le­ment davantage.

Dans un essai sur le pro­blème de l’au­to­ri­té, je signa­lais que l’ab­sence de gou­ver­ne­ment et d’É­tat n’im­pli­quait pas fata­le­ment l’ab­sence de sujé­tion et d’op­pres­sion, que dans les popu­la­tions pri­mi­tives, à l’é­poque féo­dale, dans les tri­bus ou les clans arabes, et même sou­vent dans les grou­pe­ments anar­chistes, il y avait, de fait, une auto­ri­té : celle du mili­tant domi­na­teur, du caïd impo­sant sa volon­té. Je reviens à cette ques­tion, par­ti­cu­liè­re­ment à pro­pos du milieu que j’ai fré­quen­té, et qu’en par­tie je fré­quente encore.

Si je résume la conclu­sion de mon expé­rience, en ce qui concerne ce milieu, tant en France qu’en Amé­rique du Sud, et en Espagne ; si j’y ajoute ce que je sais du mou­ve­ment anar­chiste ita­lien et alle­mand, ce que j’ai appris même en Rus­sie en 1921, je ne puis que dire une chose : en règle géné­rale l’ar­bi­traire y domine… à moins que ce ne soit l’ir­res­pon­sa­bi­li­té. Un arbi­traire exer­cé par de nom­breux indi­vi­dus, un arbi­traire géné­ra­li­sé où cha­cun de ceux qui veulent briller, para­der, impo­ser leur volon­té se livre à une guerre per­ma­nente contre celui ou ceux qui le gênent. a recours aux pro­cé­dés les moins hon­nêtes, et sou­vent les plus bas pour dis­cré­di­ter qui n’ac­cepte pas sa tutelle.

Mais il y a ceux qui, parce que vrai­ment liber­taires, repoussent ce genre d’au­to­ri­té ; qui ayant une valeur intel­lec­tuelle réelle, et un com­por­te­ment moral le plus pos­sible en har­mo­nie avec les idées qu’ils pro­fessent, résistent à la volon­té des déma­gogues. Alors il se fait de ces der­niers des enne­mis impla­cables, et, même s’il ne veut à aucun prix tom­ber dans les luttes per­son­nelles, se voit obli­gé de s’y livrer, ne serait-ce que pour défendre, par esprit de jus­tice, ceux qui sont atta­qués injus­te­ment, ou pour se défendre soi-même. Pour échap­per a cette situa­tion, qui finit par obsé­der, il ne lui reste, en fin de compte, qu’à se reti­rer du mou­ve­ment, et de la lutte.

C’est ain­si qu’un grand nombre des indi­vi­dus de valeur qui sont pas­sés dans le mou­ve­ment anar­chiste en sont par­tis. Com­bien de fois ai-je enten­du dire : « oui, les idées sont très belles, et j’y res­te­rai atta­ché, mais les hommes, c’est dif­fé­rent ». Et un geste, ou une expres­sion de phy­sio­no­mie sou­li­gnait le désen­chan­te­ment qu’ex­pri­maient ces paroles.

Je répète que ce désen­chan­te­ment a été res­sen­ti par le plus grand nombre des indi­vi­dus de valeur qui sont pas­sés dans notre mou­ve­ment, et n’ont pas pu obte­nir le res­pect de leur per­son­na­li­té. Et je crois qu’il faut, là aus­si, avoir le cou­rage d’a­na­ly­ser à fond les causes de cette triste réa­li­té qui fait que le mou­ve­ment anar­chiste se soit presque tou­jours dévo­ré soi-même, démit, réduit à zéro. Car les per­sé­cu­tions sont de beaux pré­textes pour cou­vrir ce genre de faits, qui a exer­cé une influence néga­tive autre­ment des­truc­trice que les coups asse­nés par nos adversaires.

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La concep­tion de la loi n’est pas la même chez tous les peuples. Un Espa­gnol y est tou­jours hos­tile. Un Anglais y adhère volon­tai­re­ment. Si nous cher­chons les rai­sons de ces atti­tudes nous trou­vons, dans le pre­mier cas, une auto­dé­fense sécu­laire contre le com­por­te­ment tra­di­tion­nel­le­ment anti­so­cial de l’É­tat. Certes, l’Es­pa­gnol est sou­vent liber­taire par tem­pé­ra­ment, mais il l’est aus­si parce qu’en Espagne tou­jours l’É­tat n’a pris part à la vie col­lec­tive que pour spo­lier et opprimer.

L’An­glais est-il plus sou­mis ? Je ne le crois pas. C’est d’An­gle­terre que nous est venue la for­mule de « self-govern­ment », que Prou­dhon déjà fai­sait sienne, qui est au fond émi­nem­ment liber­taire et anar­chiste. Et sur­tout qui se pra­tique tant dans le com­por­te­ment des indi­vi­dus que dans le droit municipal.

Et, quand l’An­glais se montre res­pec­tueux de la loi, et entend qu’elle soit res­pec­tée, ce n’est pas pas ser­vi­lisme. C’est, d’a­bord, depuis l’ap­pli­ca­tion per­ma­nente du droit consti­tu­tion­nel, parce que le gou­ver­ne­ment, l’É­tat et les auto­ri­tés muni­ci­pales ont fait un grand nombre de choses utiles qui n’ont pas été faites en Espagne. C’est, ensuite, parce que la loi a été plus libé­rale — l’« habeas cor­pus » était appli­qué pour tout le monde, et la jus­tice géné­ra­le­ment offrait les mêmes garan­ties au pauvre qu’au riche. Mais c’est aus­si parce que le citoyen anglais, édu­qué par une longue pra­tique des droits civiques, sait et consi­dère que la loi est une régle­men­ta­tion d’en­semble indis­pen­sable à la vie d’une socié­té, et que sans cette régle­men­ta­tion, l’ar­bi­traire géné­ra­li­sé, le désordre, le chaos domi­ne­raient. L’An­glais sait que la loi peut être impar­faite, par­fois même arbi­traire, mais ce serait pire, pense-t-il, s’il n’y en avait pas, car alors, des cen­taines de mil­liers de petits dic­ta­teurs sur­gi­raient, cha­cun vou­lant impo­ser sa loi, se com­bat­traient, et crée­raient un état géné­ral de désordre et d’op­pres­sion s’é­ten­dant à l’infini.

Cette consi­dé­ra­tion, étayée par tant d’exemples his­to­riques, guide non seule­ment le citoyen moyen anglais, mais aus­si un très grand nombre d’hommes qui ne demandent pas des lois pour le plai­sir d’être oppri­més ou lésés par elles, mais qui pensent que, sans elles, l’op­pres­sion de tous par tous ou presque, dominerait.

Ont-ils tort ? Nous savons que dans les périodes « anar­chiques » de l’his­toire (pour par­ler comme les his­to­riens), le désordre, les luttes des cités, des pro­vinces, des régions, des cor­po­ra­tions, des par­tis, des classes ont créé un état de choses dont le sou­ve­nir n’in­cite pas à le connaître de nou­veau. Parce que, tou­jours, entre la liber­té sans frein, qui désor­ga­nise la vie de la cité et cause l’in­cer­ti­tude per­ma­nente tant pour main­te­nir les moyens d’exis­tence que pour la sécu­ri­té des per­sonnes, entre cette liber­té et l’ordre, qui assure ces moyens d’exis­tence et la sécu­ri­té des per­sonnes, tou­jours l’homme moyen choi­si­ra l’ordre. Sim­ple­ment parce que, d’a­bord, la loi bio­lo­gique s’im­pose. Avant tout, il faut vivre, même pour être libre. La liber­té implique d’a­bord que l’on soit pour la goû­ter, car la liber­té des morts n’in­té­resse pas les vivants. D’autre part, il n’y a pas de liber­té dans un état de choses où une mul­ti­tude de chefs et de che­faillons impro­vi­sés dominent avec leurs par­ti­sans, s’im­posent à tous les coins de rue. Plus exac­te­ment : il n’y a de liber­té que pour eux. Mais cela est la tyran­nie pour les autres. La dic­ta­ture, c’est d’a­bord la liber­té pour le dic­ta­teur de faire ce qu’il veut.

C’est une pra­tique uni­ver­selle, depuis que les hommes se sont grou­pés en col­lec­ti­vi­tés, que d’é­ta­blir des normes, répé­tées d’a­bord par la tra­di­tion orale, fixées ensuite dans des chartes, des sta­tuts, des règle­ments sur les­quels les asso­ciés, que ce soit dans les clans pri­mi­tifs ou dans une socié­té de secours mutuels moderne, un syn­di­cat, une asso­cia­tion spor­tive, règlent leur conduite ou leurs rap­ports. Je ne dis pas qu’une chose est fata­le­ment juste parce qu’elle a pour elle l’ac­quies­ce­ment de tous, mais du moment qu’il en est ain­si, c’est que, géné­ra­le­ment elle a été néces­saire, ou qu’on n’a pas su faire mieux. On peut, au cours des âges, modi­fier les rap­ports, et par consé­quent les régle­men­ta­tions orales ou écrites. Mais on croit tou­jours néces­saire de les éta­blir et de les fixer. Et lorsque Kro­pot­kine oppo­sait le droit tri­bal à celui de l’É­tat, il oubliait trop que ce droit n’é­tait pas tou­jours plus humain, ni n’as­su­rait une plus grande garan­tie de liber­té indi­vi­duelle. Au contraire, il appa­raît sou­vent plus rigide, et laisse moins de lati­tude à l’i­ni­tia­tive per­son­nelle ; moins de liber­té aus­si. C’est pour­quoi, aujourd’­hui même, en Afrique où la pré­sence euro­péenne per­met un choix qui fut impos­sible pen­dant des mil­lé­naires, les jeunes gens désertent les clans encore exis­tants où leur liber­té (ne serait-ce que celle de prendre femme et de fon­der un foyer) est tou­jours refu­sée, et partent dans les villes où, même exploi­tés par le sys­tème capi­ta­liste, ils sont plus libres.

Nos col­lec­ti­vi­tés d’Es­pagne avaient, toutes, leur régle­men­ta­tion, et leur dis­ci­pline d’en­semble qui étaient éla­bo­rées et contrô­lées par les assem­blées géné­rales. Nos syn­di­cats, aus­si. J’ai déjà dit que les cor­po­ra­tions du Moyen Âge pra­ti­quaient des régle­men­ta­tions qui furent sou­vent une atteinte per­ma­nente à la liber­té, et c’est en somme contre elles que s’or­ga­ni­sa le com­pa­gnon­nage. Mais les asso­cia­tions de com­pa­gnons avaient aus­si leurs règlements.

Or, ces règle­ments, ces sta­tuts, ces chartes, ces règles écrites qui naissent d’eux-mêmes dès qu’une col­lec­ti­vi­té se consti­tue, et qui sont visi­ble­ment une néces­si­té pour main­te­nir la cohé­sion et la coor­di­na­tion des hommes et de leurs acti­vi­tés ne sont-ils pas, à leur façon, des lois ? Indis­cu­ta­ble­ment ils le sont. Et les anar­chistes que nous qua­li­fie­rons d’ex­tré­mistes ont rai­son quand ils repoussent ces petits sys­tèmes légis­la­tifs parce que rap­pe­lant la légis­la­tion d’É­tat, et des méthodes atten­ta­toires à la liber­té de l’in­di­vi­du. Le pro­blème est de savoir si une orga­ni­sa­tion sérieuse est pos­sible sans eux, et si la vie, humaine et sociale, est pos­sible sans orga­ni­sa­tion ! Aus­si, les anar­chistes intran­si­geants ne s’or­ga­nisent-ils pas. Cela résout le pro­blème. Mais l’a­nar­chie devient le nihi­lisme et la déliquescence.

La consé­quence inévi­table est ce que j’ai décrit plus haut : il est faux que l’au­to­ri­té soit absente. Elle est pré­sente à tout moment, et avec elle la volon­té de s’im­po­ser, de faire triom­pher son point de vue par tous les moyens, d’é­car­ter, par tous les moyens aus­si, les récal­ci­trants qui n’ac­ceptent pas de se sou­mettre. Si la socié­té devait fonc­tion­ner d’a­près les pra­tiques en vigueur dans le mou­ve­ment anar­chiste, elle ne serait plus rapi­de­ment qu’un champ de foire et de bataille. Tous les vieux mili­tants anar­chistes le savent

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Certes, nous repous­sons la loi de l’É­tat, parce que l’É­tat est, pour nous, une créa­tion arti­fi­cielle, dif­fé­rente de la socié­té natu­relle des hommes, du déve­lop­pe­ment nor­mal des popu­la­tions. Mais la socié­té natu­relle a ses lois, ses lois « inhé­rentes » comme disait magis­tra­le­ment Bakou­nine, c’est-à-dire des faits, et des acti­vi­tés, de toutes sortes, régu­liers, coor­don­nés et néces­saires, qui ont fini par consti­tuer la socié­té et l’on ren­due pos­sible. Or, l’homme ne peut pas, sans renon­cer à sa condi­tion et à sa digni­té, igno­rer l’en­semble de ces faits, leurs carac­té­ris­tiques propres, leurs rap­ports. Il ne peut pas, non plus, les dédai­gner, sans ris­quer d’en­gen­drer un effon­dre­ment géné­ral, ce à quoi du reste les hommes ne se rési­gne­ront jamais.

S’en­suit-il que nous devons par­ler de légis­la­tion anar­chiste, ou liber­taire ? Sans aucun doute, non, au sens où l’É­tat l’a enten­du et l’en­tend, sur­tout parce que la loi géné­rale écrite ris­que­rait fort de res­sus­ci­ter les struc­tures de domi­na­tion poli­tique. Mais il est indis­cu­table que les col­lec­ti­vi­tés exis­tantes doivent avoir des normes éta­blies, qui peuvent consti­tuer un règle­ment, une charte, une légis­la­tion sub­jec­tive. Et que ces règle­ments doivent être res­pec­tés. Ils ne sont, ni ne seront pas tou­jours par­faits, mais au moins garan­ti­ront-ils davan­tage la liber­té et le res­pect de cha­cun — que l’ar­bi­traire à tous moments mul­ti­plié de tous les petits et grands auto­ri­taires qui refusent toute régle­men­ta­tion afin de mieux impo­ser leur volon­té. De ce point de vue, nous pou­vons dire que très sou­vent la pra­tique est plus liber­taire dans des col­lec­ti­vi­tés où le vote démo­cra­tique domine et où tout le monde se plie à la même loi qui devient inhé­rente, par­tie de la sub­stance du tout que dans la plu­part des grou­pe­ments ou des asso­cia­tions dénom­més anarchistes.

L’é­qui­voque qui a été entre­te­nue sur ce qu’on appelle l’ab­sence d’au­to­ri­té, et qui n’est sou­vent que l’ab­sence de droit écrit, et la pré­sence réelle du fait auto­ri­taire, et du choc écœu­rant des vani­tés en lutte, doit être dis­si­pée. Ou régle­men­ta­tion interne déli­mi­tant et garan­tis­sant les droits de cha­cun, muse­lant les bavards enclins à abu­ser de la patience, de la tolé­rance, de la las­si­tude ou de la fai­blesse des autres ; ou absence de régle­men­ta­tion, et arbi­traire conti­nu, obsé­dant, lais­sant le champ libre à la constante offen­sive de ceux qui veulent plier les autres à leur volon­té : je ne vois pas d’autre alter­na­tive. Quand le caprice des sans-scru­pules est roi, rien ne peut tenir debout.

Nous ne vou­lons pas plus de l’ar­bi­traire de l’É­tat que de l’ar­bi­traire indi­vi­duel. Nous admet­tons que dans toute col­lec­ti­vi­té consti­tuée, même si les sta­tuts ou règle­ments garan­tissent au mieux le res­pect de la liber­té et de la digni­té des hommes, de nou­velles formes d’ar­bi­traire peuvent appa­raître. Mais il y a là moins de dan­ger. Quand une col­lec­ti­vi­té éla­bore une régle­men­ta­tion, elle ne laisse pas, volon­tai­re­ment du moins, de place à l’ar­bi­traire. Quand elle n’en a pas elle la laisse par­tout, et à tous les moments.

Pour Kro­pot­kine les socié­tés d’en­traide, ou pra­ti­quant la libre entente qu’il énu­mère dans La Conquête du pain sont des exemples de pra­tique liber­taire. Et nous ferons bien de nous en ins­pi­rer, à l’é­chelle qu’im­plique la vie sociale de nos jours, à celle qu’elle impli­que­ra dans l’a­ve­nir. Car Kro­pot­kine a oublié de nous dire que la Croix Rouge inter­na­tio­nale, les socié­tés de savants, et de sau­ve­teurs, les orga­ni­sa­tions de marins, etc., qu’il citait, n’au­raient pas été pos­sibles sans sta­tuts et sans régle­men­ta­tion des droits et des devoirs des adhérents.

Régle­men­tons le moins pos­sible, mais régle­men­tons quand cela est néces­saire, si nous ne vou­lons pas tom­ber dans l’ar­bi­traire dic­ta­to­rial et insup­por­table qui empoi­sonne les milieux non dis­ci­pli­nés. Et méfiez-vous de ceux qui rejettent ce mini­mum de régle­men­ta­tion. Dans la plu­part des cas, ils veulent avoir le champ libre pour faire régner leur des­po­tisme, ou leur immoralité.

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