Notre précédent article sur Cuba (NR n° 20) a donné lieu à de nombreuses réactions qui sont assez contradictoires : nous sommes par les uns accusés d’être trop anti-communistes, par les autres d’être trop procastristes, et même pro-communistes.
Nous répondrons ici à deux critiques : celle de G. Leval et celle de Hagnauer.
G. Leval a envoyé à la rédaction de NR un article dont voici les principaux extraits.
« … L’auteur a été incapable de voir qu’il existe, qu’il a existé dès les premières velléités dictatoriales de Castro, une opposition constituée par d’autres révolutionnaires que lui, par les anti-fascistes qui ont combattu aussi dans les Sierras Maestras et d’Escambray, dans les campagnes, dans les villes, etc. Cette opposition dont les hommes furent aussi persécutés par Batista, ne veut pas plus le retour au régime de ce dernier, que de la dictature communiste à laquelle Castro a ouvert le chemin dès avril 1959, parce que c’était la seule force organisée capable de l’aider dans son ambition dictatoriale… De tout cela l’auteur n’a rien vu. Son séjour à Cuba ne lui a permis que d’épouser et de répéter les thèses du castrisme des paras et des crypto-castristes.
Il a bien vu que la production de sucre n’a pas diminué, ni celle du pétrole ; mais il ne s’est pas aperçu de la diminution verticale de la production autochtone de vivres et d’articles de premières nécessités, fruit du régime économique et politique… Il n’a pas vu les prisons pleines d’opposants nullement partisans de Batista, il ne sait rien des quelque 150 ou 200 000 arrestations au moment de la tentative de débarquement de la Bahia de los Cohinos (débarquement qui fut saboté par les forces de droite de la politique nord-américaine selon le témoignage de la Libertarian League des USA elle-même) ; il ne sait rien non plus de tous les anciens compagnons de lutte de Castro, condamnés par les ” tribunaux populaires ” où la volonté du dictateur fait la loi, ni à propos de la mort de Camilo Cienfuegos, dont un des anciens compagnons de lutte vient de révéler dans Reconstriur ce que l’on soupçonnait déjà : qu’il a été assassiné parce qu’il s’opposait à l’orientation pro-communiste de Castro, et très probablement par Castro lui-même.
Les opinions qui nous sont apportées ne détruisent en rien le témoignage de nos camarades cubains qui sont sur place, ou en exil, avec lesquels je suis en contact permanent, et qui… dénonçaient dès les premiers mois de 1959, la mainmise communiste et la facilité que l’on donnait au parti moscoutaire pour s’emparer ” par en haut ” avec l’appui de Castro des syndicats et des fédérations syndicales…
Israël Renof attribue mon opinion en ce qui concerne Cuba à ” l’amour-passion ” que j’ai selon lui pour les USA. Ce jugement prouve avec quelle intelligence, quelle honnêteté, quelle objectivité l’auteur juge des événements et des hommes. Je le mets au défi de citer quoi que ce soit de moi qui exprime un tel » amour-passion ». C’est une ineptie écœurante. Je me suis refusé, et je me refus à attribuer aux USA la responsabilité primordiale et principale de la situation économico-sociale de l’ensemble de l’Amérique indo-latine, situation dont les causes sont autrement complexes que ce que voudraient nous faire croire les agitateurs qui exploitent le filon de l’antiyankisme-communistes-nationalistes, réactionnaires et fascistes.
Cela n’a rien à voir avec un « amour-passion » pour les USA. Et quiconque lira mon dernier essai « éléments d’éthique moderne » y trouvera des critiques de fond quant à ce que l’on pourrait appeler la civilisation nord-américaine et le danger que les conceptions fondamentales de la vie qui sont en honneur aux USA représente pour l’avenir humain.
Mais cela dépasse l’entendement de notre défenseur du totalitarisme castriste. Un proverbe espagnol dit qu’il ne faut pas demander à l’orme des poires « (G. Leval).
Nous sommes donc, entre autres choses, mis au défi de citer quoi que ce soit qui exprime un tel amour-passion… Nous relevons immédiatement ce défi en publiant des citations de G. Leval, extraites de :
- Adunata dei Refrattari (2 décembre 1961, New-York),
– Views and Comments (16/10/1961, New-York),
– Volontà (10/10/1961, Gênes).
I) Dans Adunata dei Refrattari de New-York, sous le titre » légèreté ou méchanceté « ? un article signé de la rédaction reproduit une lettre de Leval à F. Montseny de la CNT du 22/10/1961, où Leval dit des anarchistes résidant aux USA :
» Je sais, et tu sais aussi qu’aux USA vivent des milliers d’anarchistes italiens, espagnols, russes, qui s’y sont réfugiés et qui sont restés parce qu’ils y vivent commodément, et qu’ils publient… de la presse de propagande anarchiste… et attaquent même sans danger la politique nord-américaine intérieure et extérieure, sans être l’objet de mesure de répression, sans être expulsés ou déportés ou exposés à quelque chose qui ressemble aux épouvantables camps de concentration de la Russie. Il n’est donc pas nécessaire que j’aille aux USA, il y a là-bas des camarades dont la présence atteste qu’il n’y a pas de comparaison entre le régime existant dans ce pays, et celui qui existe en Russie « (Leval).
Et la réponse du journal CNT :
» Du point de vue légal aux États-Unis, les idées anarchistes continuent d’être un délit et les travailleurs étrangers considérés comme anarchistes sont sujets à la déportation, en hommage à la loi, qui n’a jamais été abrogée. Marinero et tant d’autres qui ont été expulsés des États-Unis pour leurs activités anarchistes pourraient t’en parler… ».
La rédaction d’Adunata ajoute :
« Leval ne vient pas aux États-Unis parce qu’il ne le peut pas légalement, à moins de renier son anarchisme… Les prétendus milliers d’anarchistes, émigrés ou indigènes, personne ne les a jamais vus… Le seul hebdomadaire qui reste est le nôtre qui a plus de lecteurs à l’étranger qu’à l’intérieur… Mais nous sommes aux États-Unis où il existe une constitution qui se vante d’être supérieure à toutes les autres et étant donné que les gouvernements la foulent aux pieds souvent et volontiers, c’est à nous, qui sommes ici, de signaler l’abîme qui sépare la réalité de la prétendue démocratie libérale des gouvernants plus souvent occupés à imiter le système russe qu’à respecter le leur ».
II) Poursuivant son idée, Leval écrit « Views and Comments » de New-York :
« Votre programme dit : le monde libre n’est pas libre, le monde communiste n’est pas communiste. Ils sont fondamentalement identiques : l’un devenant totalitaire, l’autre l’étant déjà (souligné par Leval).
Vous savez très bien que l’esclavage matériel, moral, et intellectuel qui existe en Russie, dans les pays satellites et en Chine ne peut être comparé à aucune des persécutions que nous pouvons endurer à l’Ouest.
Leval cite ensuite les forfaits commis à l’Est :
» Vous savez très bien qu’il y a encore en Russie une dictature qui est pire que les dictatures de Franco ou de Mussolini… Comment pouvez-vous dire que les deux régimes sont fondamentalement identiques ? Comment donc peut-on faire une telle affirmation sur la dictature bolchevique, qui est par de nombreux aspects pire que le fascisme, pire que la dictature nazie elle-même ?
Vous dites qu’à l’Ouest « la tendance qui se dégage tend vers une similitude avec le système bolchevique », mais n’importe quel citoyen qui raisonne pensera comme moi et d’autres, qu’il n’y a pas de preuve à une telle assertion. En Russie le régime est le résultat de l’application consciente des principes politiques et gouvernementaux. Aux USA et à l’Ouest en général, ces principes particuliers ne constituent pas la base philosophique et juridique des formes politiques qui sont appliquées ».
Quant aux mesures totalitaires prises dans les pays libres :
« La réponse de toute personne sensée sera que ce cours n’est pas pris et désiré délibérément par les partis politiques et les dirigeants, mais qu’il est plutôt un résultat des mesures de défense rendues nécessaires par l’impérialisme et les attaques russes… On doit critiquer les défauts du régime capitaliste, du système parlementaire, etc., mais c’est une erreur et une falsification de concentrer toute la critique contre le capitalisme, et de ne pas dénoncer avec au moins une égale énergie le système de l’autre côté du rideau de fer » (Leval).
La rédaction répond longuement. Elle fait d’abord remarquer que le programme a été modifié, au lieu de la phrase « ils (l’Est et l’Ouest) sont fondamentalement identiques, etc. » il y a : « nous les rejetons tous deux ». Et elle s’explique. Aux USA il y a deux tendances, l’une libérale, l’autre (« qui échappe à beaucoup d’observateurs étrangers ») « est la tradition de l’esclavage, de l’exploitation des serviteurs, des travailleurs étrangers et natifs, de l’impérialisme et du militarisme ».
« Pour treize colonies du côté de l’Est, l’impérialisme américain a conquis un continent et est devenu le pouvoir le plus fort du monde. Le monde ” libre ” supporte les dictatures de l’Espagne de Franco, du Portugal, de Formose, le semi-fascisme de De Gaulle en France, le gouvernement esclavagiste de l’Arabie Saoudite… La liste est sans fin. Quelles sont ces démocraties qui exploitent les autres et aident les tyrans à rendre esclave le genre humain ? Qu’en est-il devenu des fameux principes de liberté, de justice et d’égalité, qui sont sensés être la » base philosophique et juridique des USA et de l’Ouest en général ». La conduite des États n’est pas guidée par les considérations morales et éthiques. Quand leurs intérêts sont menacés (c’est-à-dire la plupart du temps) ils vont jusqu’à s’unir au diable en personne pour arriver à leurs fins… Le camarade Leval a tort. Les preuves que la démocratie américaine, sous la poussée de l’effort de guerre, se développe grandement vers une direction totalitaire sont multiples. Il nous accuse de « concentrer toutes nos critiques contre le capitalisme américain et de ne pas dénoncer avec au moins une égale énergie le système de l’autre côté du rideau de fer ». Si nous semblons souligner les défauts du capitalisme américain, c’est parce que beaucoup de nos lecteurs se plaignent de ce que nous n’affrontons pas assez les problèmes intérieurs. Mais notre désaccord avec Leval est plus fondamental et dépasse une simple question de critique.
Leval dit quant aux mesures totalitaires prises dans les pays libres « la réponse de toute personne sensée sera que ce cours n’est pas pris et désiré délibérément par les partis politiques et les dirigeants, mais qu’il est plutôt un résultat des mesures de défense rendues nécessaires par l’impérialisme et les attaques russes ». Nous ne savons pas si Leval se rend compte des conséquences de cette déclaration. Il nie en effet l’existence même de l’impérialisme occidental. Suggérer une telle hypothèse n’est pas seulement « une erreur et une falsification », c’est se méprendre complètement sur la nature et la direction des forces mauvaises qui modèlent l’histoire de notre tragique époque…
Voyons où mènent les raisonnements de Leval. Le capitalisme démocratique ne se développe pas selon une direction semblable au bolchevisme. Il y a plus de liberté sous le capitalisme que sous le bolchevisme. Les attaques de l’impérialisme russe forcent les démocraties capitalistes à se défendre elles-mêmes en se préparant à une guerre qu’elles ne veulent ni ne provoquent. Si une guerre éclate, nous devons être du côté du monde libre, parce qu’un peu de liberté est meilleur que pas du tout. Les capitalistes démocratiques ne peuvent gagner la guerre sans s’y préparer. Nous devons donc appuyer toute leur politique économique et militaire qu’exige la préparation de la guerre.
Il nous coûte de dire que Leval évoque la théorie de banqueroute du « moindre mal », mais nous ne pouvons tirer aucune autre conclusion de la logique de ses critiques.
Nous ne voulons pas faire partie de cette confusion. Nous rejetons les conséquences de la lettre de Leval « (Rédaction de Views and Comments).
III)
Leval répond à une controverse précédente (cf. Volontà n° 4, avril 1961) :
» Le principal de vos arguments est « que nous ne devons pas choisir entre les deux blocs, Est et Ouest, que le faire équivaut en quelque sorte à renier l’anarchie… »
Durant la guerre de 1870, Bakounine s’opposa courageusement à l’armée allemande, au nom de la liberté. Car, selon lui, elle aurait étendu à toute l’Europe le militarisme prussien, et l’autoritarisme, qui toujours selon lui, caractérisaient les institutions allemandes, la psychologie du peuple et des intellectuels allemands, tandis que la France représentait l’esprit de la Liberté et des promesses révolutionnaires pour l’avenir… Durant la guerre de 1914 – 18, Kropotkine, Jean Grave, Malato, Ricardo Mella, et d’autres anarchistes parmi les plus connus, se rangèrent du côté des alliés, parce que entre un régime capitaliste autoritaire plus ou moins libéral, et un régime capitaliste autoritaire qui, selon eux, menaçait d’ensevelir les libertés conquises, ils considérèrent urgent de maintenir le premier à cause de l’immédiate défense de la liberté de l’homme, et à cause de la possibilité de conquêtes de nouvelles libertés qu’ils pouvaient obtenir.
Peut-être se sont-ils trompés, et ma position fut contraire à la leur. Toutefois, ces penseurs, ces théoriciens anarchistes et non des moindres « choisirent » le moindre mal parce qu’il représentait les immenses avantages concrets dont l’histoire a montré l’importance.
Quand Mussolini arriva, vous avez passé la frontière, vous n’êtes pas retournés en Italie, et vous ne vous êtes encore moins réfugiés en Russie, parce que vous aviez choisi « (souligné par Leval).
Affirmer cela signifie-t-il que l’on adhère au régime dans lequel » il y a une plus grande liberté et que l’on trahit les principes anarchistes « ? Il est facile, trop facile de prétendre rester au-dessus des deux blocs, sous le prétexte de rester fidèles aux principes anarchistes… Il est aussi trop facile de déformer habilement les choses en présentant la lutte qui se déroule aujourd’hui à l’échelle mondiale comme un pugilat entre l’URSS et les USA pour la domination du monde. C’est absolument faux ; en outre l’URSS depuis 1917 a étendu son empire politique, reconquis l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, écrasé l’Ukraine, assimilé la Géorgie, et d’autres régions asiatiques…
Pendant ce temps, les USA ont abandonné les Philippines, le pétrole mexicain aux mexicains, la Bolivie, etc. Notre mouvement a pu resurgir en France, en Italie, en Allemagne, partout où l’armée alliée triomphait… Vous ne pouvez l’ignorer : le dilemme qui se pose aux anarchistes, aux libertaires comme à tant d’autres hommes, est le choix entre la liberté et l’esclavage.
Il y a de votre part une certaine lâcheté morale à profiter de ces garanties et de la barrière que, dans l’état actuel des choses les régimes libéraux opposent à l’envahisseur totalitaire russo-bolchevique, qui vous exterminerait sans pitié si l’invasion arrivait, et à combattre uniquement ces régimes.
Non, chers camarades, vos arguments ne peuvent convaincre que ceux qui sont des irresponsables devant l’histoire, de la vie du mouvement libertaire. Non seulement vous portez le mouvement hors de l’histoire, mais vous le déshonorez » (G. Leval).
La rédaction répond avec un calme que nous admirons. Aux arguments de Leval sur le moindre mal, elle cite Bakounine :
« Les Allemands ont rendu un immense service aux Français : ils ont détruit leur armée, l’armée française, cet instrument si terrible du despotisme impérial, cette unique raison de l’existence des Bonapartes…
Pauvres allemands, si leur armée retournait triomphante en Allemagne ! Ils perdraient tout espoir de progrès et de liberté pour au moins cinquante ans ».
Quant aux autres anarchistes cités par Leval, la rédaction de Volontà répond :
« Il s’agit d’un moment de faiblesse, d’une erreur d’évaluation… C’étaient des anarchistes de grande valeur, mais ils étaient hommes et en tant que tels, sujets à erreur. G. Leval eut alors une position tout à l’opposé de ces ” hommes ” car il se déroba au service militaire. Il a oublié de dire s’il est d’accord avec le Leval de 1914, ou Kropotkine. D’après ses discours sur la situation actuelle, il semblerait qu’il renonce à lui-même et qu’il s’aligne sur la position de ces “hommes” ».
Quant à ce qui est de choisir :
« Nous choisirons toujours de vivre dans un pays où le gouvernement laisse le plus d’air. Mais ce n’est pas une raison qui nous induit à défendre un gouvernement moins réactionnaire ou totalitaire contre un autre gouvernement… Nous nous refusons à croire que la liberté soit dans la bombe atomique des USA et l’esclavage dans celle de l’URSS, ou vice-versa. Pratiquement, le conflit est réglé presque exclusivement par les USA d’une part, et l’URSS d’autre part, et que ce soit pour dominer le monde de par sa volonté ou pour d’autres motifs économiques ou politiques, cela nous intéresse relativement peu. Ce qu’il est urgent de dénoncer, de faire sentir gravement de faire comprendre, est que, si on passe de la guerre froide à la guerre chaude, on ne sauvera pas la liberté et on n’aura plus d’esclavage : car nous aurons tous connu le même tragique destin. Cette simple réflexion de bon sens devrait suffire pour qu’on ne nous aligne ni sur la position des uns ni sur celle des autres ».
Quant au reste, sur l’armée alliée :
« Nous pensons que dans l’histoire de notre mouvement, c’est la première fois qu’un anarchiste confère un certificat de bonne conduite à une armée. Eh bien non, nous le disons bien fort, ce n’est pas grâce à l’armée alliée, même si nous reconnaissons qu’elle a vaincu le fascisme-nazisme, que nous avons pu resurgir. Si nous n’avions pas combattu durant vingt ans le fascisme, en Espagne et dans la Résistance, en perdant beaucoup des nôtres, la volonté de liberté et de justice ne se serait pas maintenue vive dans le peuple ».
De la lâcheté morale :
« Nous serions moralement des lâches si, exilés en France (G. Leval a presque l’air de nous reprocher l’asile que nous avons trouvé auprès du peuple français !) nous avions tu nos critiques contre le gouvernement et les classes dirigeantes de ce pays… Nous serions des lâches si pour mener une vie tranquille (celle que Leval pense que nous menons) nous pensions à nos propres affaires sans nous immixer continuellement dans la vie sociale de notre pays. Il est nécessaire au contraire d’avoir du courage pour combattre les régimes des pays dans lesquels nous vivons, tandis qu’il n’est pas nécessaire en fait d’en avoir pour combattre le bolchevisme ou l’État totalitaire russe. Ainsi c’est une propagande commode, bien acceptée par toutes les couches qui ont de l’influence dans les sociétés occidentales, grâce à laquelle il est facile de trouver de profitables subventions. Nous avons vu à l’inverse, ce qui est arrivé à ceux qui ont courageusement dénoncé la politique colonialiste, la torture faite par les militaires et les ” paras “, nous avons assisté au procès des 121, du groupe Jeanson » (Rédaction de Volontà).
Pour terminer citons une remarque d’Armando Borghi dans Umanita Nova du 29/10/1961 :
« Jamais un franc-maçon n’a osé publier dans son journal ce qu’aujourd’hui nous laissons débiter par quelqu’un qui abuse de notre revue pour nous appeler gens tombés dans le plus bas avilissement et en proie à une certaine lâcheté morale ».
Les lecteurs comprennent maintenant « pourquoi on ne peut parler de l’amour-passion de G. Leval pour les USA en restant dans les limites de la correction ».
Pour ce qui est de ces autres critiques, nous préciserons que :
– l’affirmation que le débarquement à Cuba a été saboté par la droite des USA et que Leval attribue à la Libertarian League nous semble inexacte, la L.L. elle-même a pris plusieurs positions successives sur ce point. Kennedy et Dean Rusk étant traités de communistes et de traîtres pour leur mollesse au Laos et à Berlin, nous ne voyons pas pourquoi l’action contre Cuba aurait été désapprouvée par la droite américaine,
– pour ce qui est de la mort de Cienfuegos, que ce soit un accident d’avion ou un assassinat prémédité, il est difficile de le dire. Il est vrai que Reconstruir soutient la thèse de l’assassinat, mais de toute façon il y a suffisamment d’autres faits sûrs et confirmés pour illustrer l’attitude de Castro vis-à-vis de l’opposition de la gauche révolutionnaire (voir notre article Cuba – suite).
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Hagnauer dans la Révolution Prolétarienne (n° 170 d’avril 1962) a exprimé des critiques somme toute intéressantes sur notre article, mais il nous est impossible de les reproduire ici dans leur totalité. Nous ne répondrons qu’à quelques points.
Il oppose le plan de rationnement actuel avec notre conclusion « nette amélioration matérielle » en oubliant que nous parlions de la population dans son ensemble et non de quelques secteurs.
L’analyse du plan parue dans « Le Monde » du 13/3/1962 indique que la viande et les œufs, par exemple, sont rationnés, mais non supprimés, alors qu’auparavant 4 % des paysans mangeaient de la viande et 2 % des œufs.
Quant aux rapports de Cuba avec l’Espagne, nous préciserons que, lorsqu’en janvier 1960 Castro expulsa l’ambassadeur d’Espagne, sans que celle-ci proteste, c’était parce qu’alors la moitié du clergé cubain était composé de curés franquistes.
Les citations de journaux espagnols, qui selon Hagnauer prouvent la mansuétude de l’Espagne envers Castro, sont tirées du n° 216, page 16 des chroniques étrangères, dont Hagnauer a omis une citation défavorable à sa thèse. « Hoja del Lunes » du 25/1/1960 disait :
« Ce qui inquiète le plus dans la Révolution cubaine, c’est sa perte progressive d’audience. On peut encore douter d’une orientation résolument communiste du régime, mais ce qui ne fait pas de doute c’est l’utilisation par le communisme de la situation ».
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