La Presse Anarchiste

La Vérité sur le mouvement anarcho-makhnoviste

Au cours de l’année 1921, le Gou­ver­ne­ment de la Répu­blique sovié­tiste deman­da l’extradition du fameux révo­lu­tion­naire Nes­tor Makh­no aux auto­ri­tés de Rou­ma­nie, moti­vant cette demande par le « ban­di­tisme » et par les « délits » accom­plis par Makh­no en Rus­sie. Il en résul­ta un âpre échange de notes diplo­ma­tiques. L’affront diplo­ma­tique infli­gé en cette occa­sion par le ministre des Affaires Étran­gères de la Rou­ma­nie des boïars aux ministres Rakows­ki et Tchit­ché­rine n’a pas ôté aux auto­ri­tés bol­che­vistes le désir de juger et de fusiller le vaillant lut­teur de la liber­té, qui est un des insur­gés et des par­ti­sans les plus chauds de la Révo­lu­tion russe. Une iden­tique demande d’extradition de Makh­no et de ses com­pa­gnons fut plu­sieurs fois pré­sen­tée en 1922 par les auto­ri­tés com­mu­nistes au gou­ver­ne­ment polonais.

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Révo­lu­tion­naire-anar­chiste polo­nais, je par­ti­ci­pai au mou­ve­ment anar­chiste d’Italie de 1916, puis je me ren­dis en 1920 dans la Rus­sie des Soviets, pour y étu­dier la Révo­lu­tion. Durant l’accord des Anar­cho-Makh­no­vistes avec les bol­che­vistes en octobre de 1920, j’allai à Gulaï-Pole pour faire sur place la connais­sance du mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste. J’arrivai en plein centre des insur­gés dans les pre­miers jours du mois de novembre de l’année 1920 ; mais à la suite de la tra­hi­son et de l’agression du pou­voir sovié­tiste contre les anar­cho-makh­no­vistes, le 26 novembre, je me reti­rai en même temps que l’armée des insur­gés et par­ta­geai leur vie jusqu’au 14 du mois de jan­vier de l’année 1921, tra­vaillant dans leur laza­ret de camp. Je fus arrê­té par les bol­che­vistes au mois de jan­vier et res­tai en pri­son dix neuf mois, à Mos­cou et dans d’autres cités. Plu­sieurs fois les com­mu­nistes auto­ri­taires mena­cèrent de me fusiller tan­dis que dans le même temps, avec ce cynisme qui les dis­tingue, ils me pro­po­saient d’entrer dans le par­ti com­mu­niste ou au ser­vice de la Tché­ka. Enfin je fus expul­sé de Rus­sie et seule­ment grâce à l’intervention des anar­chistes ita­liens je recon­quis la liberté.

Je consi­dère que le pre­mier de mes devoirs est de pro­tes­ter contre les per­sé­cu­tions qu’accomplissent les auto­ri­tés bol­che­vistes au détri­ment des anar­chistes et des révo­lu­tion­naires en géné­ral, relé­gués dans les pri­sons du par­ti com­mu­niste-auto­ri­taire, dans les domi­ciles for­cés et en exil. Les Anar­chistes de la Répu­blique sovié­tiste sont per­sé­cu­tés ni plus ni moins que des bêtes féroces.

Je sens aus­si l’obligation de défendre la per­sonne de Makh­no si lâche­ment calom­niée par les com­mu­nistes-auto­ri­taires et le devoir de mani­fes­ter mort avis sur le mou­ve­ment des insur­gés anarcho-makhnovistes.

Je connais per­son­nel­le­ment Nes­tor Makh­no et j’ai pris une part active dans ce mou­ve­ment insur­rec­tion­nel. Jus­te­ment dans la période qui est indi­quée par le gou­ver­ne­ment des Soviets dans sa note au gou­ver­ne­ment polo­nais, j’accompagnais l’armée des insur­gés anar­cho-makh­no­vistes. Cela se pas­sait après la des­truc­tion de l’armée blanche de Wran­ghel et après l’offensive des divi­sions rouges contre Gulaï-Pole, le centre de l’insurrection.

Il n’est pas facile d’exprimer en peu de lignes son avis sur le mou­ve­ment des anarcho-makhnovistes.

Le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste est tel­le­ment gran­diose qu’il réclame, pour en par­ler, une très sérieuse étude. Sur le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste les anar­chistes, les vrais révo­lu­tion­naires et les his­to­rio­graphes doivent appor­ter la plus pro­fonde atten­tion. De toute façon, pour ser­vir la véri­té à ce sujet, je veux trans­crire ici ce que j’ai eu la for­tune de connaître durant que j’étais dans leurs files.

Les Origines du Mouvement anarcho-makhnoviste

Le peuple russe, s’étant libé­ré du joug du tsa­risme, de l’exploitation des pro­prié­taires et des capi­ta­listes n’avait pas réus­si encore à faire un seul mou­ve­ment de liber­té, car de tous les côtés contre lui s’étaient lan­cées des bandes d’aventuriers ; les fana­tiques du par­ti de toutes les ten­dances et de toutes les cou­leurs dans la sau­vage chasse au pou­voir, à l’hégémonie du par­ti sur le peuple russe nou­vel­le­ment insur­gé. Tous ces mes­sieurs, à l’abri de divers dra­peaux, lan­çant des phrases ultra-révo­lu­tion­naires, fei­gnaient de prendre part à la guerre civile au nom de la liber­té et du bien-être du peuple russe, au nom de l’égalité, de la fra­ter­ni­té, etc… Dans le même temps ceux-ci jetèrent au visage de tous les adver­saires l’insulte de « ban­dit ». Chaque par­ti contre tous les par­tis, pour la dic­ta­ture et pour l’hégémonie de son propre par­ti, pour le mono­pole du pou­voir sur les ouvriers et sur les pay­sans de la Rus­sie et de l’Ukranie. Chaque par­ti avec les armes à la main, avec tontes les forces et avec tous les moyens ten­daient à enchaî­ner de nou­veau la classe des tra­vailleurs et ten­taient d’obliger cha­cun à accep­ter ses « pro­grammes » — pro­grammes dif­fé­rents les uns des autres et tous en contraste avec la liber­té et avec la révo­lu­tion… Tous les par­tis ten­taient l’étranglement des masses révo­lu­tion­naires et de leur action directe, cher­chant à ren­fer­mer le mou­ve­ment des masses dans le cercle res­treint de la dis­ci­pline de par­ti et du contrôle du pou­voir cen­tral. L’un prend la parole au nom de la démo­cra­tie, le second au nom du socia­lisme, le troi­sième au nom du com­mu­nisme et de la dic­ta­ture, le qua­trième au nom de l’autonomie et de l’indépendance natio­nale, le cin­quième au nom de la res­tau­ra­tion, le sixième au nom de l’union de tous les par­tis autour d’une même auge, etc… et tous haus­saient la voix en faveur de la libé­ra­tion des exploi­tés par les exploi­teurs. Mais en fait, tous ceux-là se lan­çaient avec fureur sur le peuple et sans misé­ri­corde l’opprimaient, le déva­li­saient, l’attaquaient, le mobi­li­saient, le fusillaient et incen­diaient les mai­sons des pay­sans et des ouvriers. Tous, autant les uns que les autres, avaient sur les lèvres ce mot d’effroi : « la contre-révo­lu­tion ». Les par­tis, les déma­gogues se lan­çaient à la tête mutuel­le­ment les épi­thètes de : « ven­du, ban­dit, traître à la révo­lu­tion ! » Ces mes­sieurs s’organisaient en bandes, en « fas­ci », trom­paient une par­tie des ouvriers et des pay­sans, les entraî­naient par la vio­lence ou par la ruse, dans l’aventure.

Ain­si, le mal­heu­reux pay­san devint la vic­time des cri­mi­nels, des oli­gar­chiques et des bureau­crates. Celui de ces cri­mi­nels qui se mani­fes­ta le plus féroce s’installa sur le trône, au Krem­lin et com­men­ça la liqui­da­tion de tous ses oppo­sants et de toutes les conquêtes de la Révo­lu­tion au nom du pou­voir, du Cen­tra­lisme, de la « dic­ta­ture du pro­lé­ta­riat » et du communisme-autoritaire.

Tan­dis que tous les par­tis s’entredéchiraient pour régner sur le peuple russe et sur les autres peuples, les masses furent contraintes d’organiser leur auto­dé­fense contre tous leurs enne­mis. Cette auto­dé­fense des pay­sans et des ouvriers prit la forme d’une insur­rec­tion révo­lu­tion­naire dans la Rus­sie Cen­trale, en Sibé­rie, en Ukraine.

Le peuple ukra­nien, amant de la liber­té, n’oublia pas ses tra­di­tions et se révol­ta, se sou­le­vant contre tous les auto­ri­taires éta­tistes qui vou­laient de nou­veau le lier avec les chaînes qu’il avait bri­sées. Le peuple ukra­nien cher­chait la liber­té. L’instinct de la conser­va­tion, le désir de main­te­nir toutes les conquêtes de la Révo­lu­tion, la haine et le dédain à l’égard de n’importe quel pou­voir pous­sèrent les pay­sans et les tra­vailleurs à la lutte contre le pou­voir, pour l’Anarchie.

Telle fut l’origine du mou­ve­ment des anarcho-makhnovistes.

Le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire des anar­cho-makh­no­viste sur­gis­sait presque en même temps dans toutes les régions de l’Ukhraine. Quand Makh­no avec ses com­pa­gnons se lan­ça au pre­mier assaut contre les Autri­chiens et les Alle­mands, déjà dans les forêts de Dibrisk, le cama­rade Scius condui­sait la guerre de par­ti­sans et dans d’autres régions les pay­sans, les ouvriers et les mineurs résis­taient à main-armée aux troupes de Sko­ro­pad­ski et de Petlioura.

Le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire insur­rec­tion­nel des anar­cho-makh­no­vistes est l’auto­défense et la défense mutuelle des pay­sans et des ouvriers contre l’agression et contre les vio­lences et les rapines du pou­voir au détri­ment du peuple ; c’est la résis­tance des masses contre l’injustice et l’oppression, de quelque part qu’elles viennent.

Ce n’est pas Makh­no qui a don­né nais­sance au mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste, mais le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire insur­rec­tion­nel des anar­cho-makh­no­vistes qui a pous­sé Makh­no en le fai­sant éle­ver et dis­tin­guer par­mi les masses insur­gées. Le mou­ve­ment des anar­cho-makh­no­vistes est la lutte contre le pou­voir, pour la révo­lu­tion sociale. Il est un des plus impor­tants mou­ve­ments popu­laires durant la Grande Révo­lu­tion russe.

Nestor Makhno et le mouvement Anarcho-Makhnoviste

Makh­no est un révo­lu­tion­naire russe, un héros, un agi­ta­teur, un ora­teur du peuple. Il est un des plus dis­tin­gués stra­tèges de la guerre par­ti­sane. Et d’idées, il est anarchiste.

Nes­tor Makh­no acquit de très grandes sym­pa­thies par­mi les masses pay­sannes et ouvrières ; il est deve­nu un per­son­nage presque légen­daire. L’influence de cet homme qui com­prend pro­fon­dé­ment la psy­cho­lo­gie du tra­vailleur est vrai­ment grande. Cette influence est la vraie cause du féroce désir des com­mu­nistes-auto­ri­taires de faire tuer Makh­no. Les calom­nies même des bol­che­vistes contre les anar­cho-makh­no­vistes n’ont pas d’autre cause.

Ici je relè­ve­rai un fait que je consi­dère de grande impor­tance : c’est l’absence d’antisémitisme dans le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste. Ceux qui racontent les fables des pogromes anar­cho-makh­no­vistes mentent effron­té­ment. À ce mou­ve­ment prirent part de nom­breux juifs révo­lu­tion­naires. Et ce seul fait suf­fit à détruire la légende de l’antisémitisme des anarcho-makhnovistes.

Si les condi­tions de la vie me le per­met­taient, je ferais mon pos­sible pour don­ner une entière rela­tion de ce gran­diose mou­ve­ment et une pré­cise vision de Nes­tor Makh­no lui-même. Car nous devons bien connaître toutes les phases de ce mou­ve­ment et nous devons, grâce à lui, apprendre tout ce qui pour­rait nous être utile. Les expé­riences qu’acquirent tes anar­cho-makh­no­vistes dans la lutte contre la contre-révo­lu­tion doivent être pour nous des phares bienfaisants.

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Le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste est un des plus impor­tants et splen­dides mou­ve­ments insur­rec­tion­nels des tra­vailleurs, entiè­re­ment péné­tré de l’esprit anar­chiste, avec de très pré­cises ten­dances anar­chiques. C’est un mou­ve­ment popu­laire, de masses, anti-éta­tique, social et liber­taire. Le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste est insé­pa­rable de la Grande Révo­lu­tion russe, et, comme la Grande Révo­lu­tion russe, ne petit dis­pa­raitre. Ain­si l’épopée anar­cho-makh­no­viste, libre enfant de la Grande Révo­lu­tion russe, ne peut être mise en juge­ment devant aucun Tri­bu­nal. L’unique, vrai, grand, uni­ver­sel, Tri­bu­nal révo­lu­tion­naire, c’est, l’histoire : elle seule­ment juge­ra la Grande Révo­lu­tion russe et, avec elle, le mou­ve­ment des pay­sans et des ouvriers russes et ukrainiens.

La lutte pour la propre conser­va­tion, la soif de la liber­té et les condi­tions dans les­quelles les pay­sans et les ouvriers sup­por­taient la guerre civile, les obli­gèrent à recou­rir aux canons et à lut­ter, pour la défense de leur liber­té, avec la dyna­mite. Peut-être Mes­sieurs les gardes blanches et les com­mis­saires rouges auraient-ils vou­lu être reçus par les pay­sans et les ouvriers de la Rus­sie et de l’Ukraine avec des fleurs dans les mains, alors qu’ils les atta­quaient, les déva­li­saient, les fusillaient et vio­len­taient leurs femmes ? Les pay­sans et les ouvriers rece­vaient les nou­veaux oppres­seurs avec les gre­nades et les bombes à main — et ils étaient dans leur plein droit.

Qui pré­tend donc que les anar­cho-makh­no­vistes pillaient et brû­laient les vil­lages ? Les bol­che­vistes ?… Tous savent par­fai­te­ment que ce sont jus­te­ment les bol­che­vistes qui déva­li­saient les pay­sans et que, se confor­mant aux ordres du feld-maré­chal Trots­ki, les sol­dats des bol­che­vistes incen­diaient des mai­sons et des vil­lages entiers.

Les anar­cho-makh­no­vistes n’attaquaient pas les pay­sans : eux-mêmes étaient des pay­sans et des ouvriers et obte­naient tout ce dont ils avaient besoin au moyen du libre accord. Les anar­cho-makh­no­viste expro­priaient seule­ment les pro­prié­taires fon­ciers et les escrocs du vil­lage, les riches pay­sans. Ils lut­taient avec hon­neur et hon­nê­te­té, ils se défen­daient contre les fusilla­tions et contre la ruine défi­ni­tive des réqui­si­tions for­cées et de tous les autres insup­por­tables impôts dra­co­niens. Les anar­cho-makh­no­vistes ne se sou­met­taient pas à la force bru­tale, mais mani­fes­taient par­tout et tou­jours le désir d’atteindre le libre accord entre les villes et les vil­lages. Les anar­cho-makh­no­vistes vou­laient des « conseils » libres, des conseils du tra­vail pri­vés de tout pou­voir poli­tique — et ils ne vou­laient pas se plier devant l’abstrait, le centre, l’État. Les com­mu­nistes auto­ri­taires vou­laient de toutes leurs forces entraî­ner les pay­sans et les ouvriers sur la fausse route ; ils bri­saient toute mani­fes­ta­tion d’initiative per­son­nelle ; ils vou­laient divi­ser le vil­lage d’avec la cité, comme — hélas ! — ils réus­sirent à les divi­ser. Les anar­cho-makh­no­vistes ten­daient, par l’action directe, vers la libre union des pay­sans et des ouvriers. Les com­mu­nistes auto­ri­taires pro­vo­quant des anta­go­nismes divi­saient dans le but de cen­tra­li­ser. Les anar­cho-makh­no­vistes vou­laient l’union et ten­daient vers la Confé­dé­ra­tion des vil­lages auto­nomes et libres et des villes libres. Les com­mu­nistes auto­ri­taires fai­saient de san­glantes expé­riences et exer­çaient des vio­lences sur le peuple, tan­dis que les pay­sans vou­laient vivre et tra­vailler libre­ment dans l’intérêt de tous et coopé­rer direc­te­ment avec les tra­vailleurs des usines, des mines et des fabriques.

La dic­ta­ture, le for­ma­lisme, le bureau­cra­tisme des bol­che­vistes, comme aus­si les vio­lences et les oppres­sions des com­mis­saires obli­gèrent à recou­rir à la défense. La vic­toire des com­mu­nistes auto­ri­taires sur les tra­vailleurs est la mort du com­mu­nisme auto­ri­taire, du mar­xisme. La dis­per­sion et le momen­ta­né écra­se­ment du mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste accom­pli en par­tie par les com­mu­nistes auto­ri­taires est le pré­sage de la vic­toire et du splen­dide ave­nir du mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste. Le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste a vain­cu mora­le­ment. Les com­mu­nistes auto­ri­taires peuvent calom­nier tant qu’ils le vou­dront ; mais les calom­nies res­te­ront sans écho. Les tra­vailleurs haïssent autant les com­mu­nistes auto­ri­taires que le bol­che­visme et la dic­ta­ture du par­ti com­mu­niste bol­che­vik qui, le cou­teau à la main, pré­tend faire la pro­pa­gande de la liber­té, de l’égalité et de la fra­ter­ni­té… Les tra­vailleurs ont foi dans le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste, en lui ils espèrent ; ils voient et sentent la liber­té dans la vic­toire des oppri­més contre l’État.

L’armée anar­cho-makh­no­viste, la force armée des insur­gés révo­lu­tion­naires de l’Ukraine a accom­pli des miracles ; elle a ren­du d’inestimables ser­vices non seule­ment aux tra­vailleurs de la Rus­sie et de l’Ukraine, mais aus­si à l’humanité et au progrès.

Les com­mu­nistes auto­ri­taires avec toutes leurs forces ten­daient à la com­plète des­truc­tion du mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste, mais ils ne réus­sirent pas dans cette œuvre infâme. Fidèles à leurs prin­cipes, ils cher­chèrent à frap­per à mort ce gran­diose mou­ve­ment par la pro­vo­ca­tion et par la calom­nie. Mais en vain ! Au pre­mier Congrès de l’Internationale syn­di­cale rouge, le com­mu­niste auto­ri­taire Bou­kha­rine a men­ti comme un lâche, mais la véri­té est en train de le démasquer.

Les com­mu­nistes auto­ri­taires ont accu­sé ce mer­veilleux mou­ve­ment de ban­di­tisme. Mais mal­gré toutes les calom­nies du pou­voir sovié­tiste, l’épopée anar­cho-makh­no­viste a lais­sé la meilleure impres­sion dans les cœurs des tra­vailleurs de la Rus­sie et de l’Ukraine. Elle a écrit son his­toire avec le sang d’un mil­lion et demi de pay­sans et de tra­vailleurs. La féroce et san­gui­naire ven­geance exer­cée sur le peuple et sur les anar­cho-makh­no­vistes, n’a fait qu’approfondir dans les masses l’idée de l’anarchisme et la foi dans le triomphe de la liber­té sur la réac­tion et sur l’absolutisme.

Le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste a fait ce qu’il pou­vait faire. Il n’a pas réus­si à accom­plir autant qu’il le vou­lait, parce que les com­mu­nistes auto­ri­taires au moyen de leur sol­da­tesque mer­ce­naire ne lui ont pas per­mis de s’étendre et de se déve­lop­per libre­ment et l’ont empê­ché de mar­cher sur la route de l’organisation en grand style et la créa­tion de la nou­velle forme de vie sociale et indi­vi­duelle. Une des plus consi­dé­rables créa­tions et orga­ni­sa­tions du mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste est l’armée des insur­gés, qui, de l’année 1918 jusqu’à l’année 1922 condui­sit l’héroïque guerre par­ti­sane sous le dra­peau noir, contre tous les enne­mis de la révolution.

Les anar­cho-makh­no­vistes se comp­taient et se comptent par dizaines de mille et avec eux sym­pa­thisent des mil­lions de travailleurs.

Plu­sieurs fois les anar­cho-makh­no­vistes sau­vèrent la Grande Révo­lu­tion et le peuple russe du joug des géné­raux tsa­ristes, ren­dant ain­si un grand ser­vice à l’humanité entière. Et c’est pour de tels lut­teurs contre la res­tau­ra­tion, contre le tsa­risme, contre l’État impé­ria­liste des com­mis­saires et contre l’absolutisme féroce des com­mu­nistes auto­ri­taires que le tyran­nique gou­ver­ne­ment soi-disant « des ouvriers et pay­sans » deman­da l’extradition, au nom de la liber­té et de la révo­lu­tion sociale, au bour­geois, capi­ta­liste, impé­ria­liste et réac­tion­naire gou­ver­ne­ment de la Pologne !

Honte !

Mais Mes­sieurs les bol­che­vistes n’ont honte de rien. Ils n’ont jamais pos­sé­dé le sens de la Jus­tice et du res­pect à l’égard de l’individu. Aux com­mu­nistes auto­ri­taires les portes de l’avenir sont fer­mées pour tou­jours. Ils sont sur une voie sans issue, mais ils tiennent encore en main le fouet et le revol­ver — en ver­tu des­quels exclu­si­ve­ment ils se main­tiennent au pouvoir.

Éle­ver contre eux seule­ment des pro­tes­ta­tions ne suf­fit pas et c’est là un enfan­tillage, mais se taire est encore pire. Se taire est un crime, pro­tes­ter est peu de chose — on doit agir ! Le peuple russe fré­mit d’indignation contre les oppres­seurs et contre les trom­peurs. Mais se trou­vant sous les griffes des « nep­men » [[L’exploiteur, spé­cu­la­teur bour­geois, fils de la soi-disant « Nou­velle-Éco­no­mie Poli­tique ».]], des gen­darmes rouges, des tché­khistes, des espions, des com­mis­saires et des bour­geois sovié­tistes (sor­bu­ri), pour le moment ils n’ont pas des forces suf­fi­santes pour se défendre contre le fas­cisme de l’État com­mu­niste-auto­ri­taire, contre la réac­tion des bour­reaux et assas­sins rouges.

L’inquisition des sacri­fi­ca­teur rouges a soif du sang des révo­lu­tion­naires. Pour cal­mer la soif du sang et pour tran­quilli­ser la peur des ado­ra­teurs du Dieu Rouge, le Saint-Office du Krem­lin veut la tête de Nes­tor Makhno…

Mais le mou­ve­ment anar­cho-makh­no­viste n’a pas dit son der­nier mot.

Que les masses russes se reposent des luttes sur­hu­maines et des souf­frances subies, durant la guerre mon­diale, la révo­lu­tion et la guerre civile, alors elles secoue­ront le joug de la dic­ta­ture des com­mu­nistes-auto­ri­taires, et éli­mi­ne­ront la peste étatique.

[/​Casimir Tes­lar./​]

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