La saison théâtrale vient à peine de commencer. En ouvrant leurs portes les établissements du boulevard assurent, comme de coutume, leurs combinaisons financières sur les ruines de tout art dramatique.
Cependant les rares scènes d’où la pensée n’est pas exclue font connaître, aux critiques qui les encouragèrent d’une volontaire et gratuite publicité, leur programme pour 1922 – 1923, en témoignage de la ténacité de leurs directeurs à persévérer sur la route difficile et merveilleuse… « Directeurs », est-ce bien le mot qui convient pour parler de poètes-artistes tels que Copeau et Dullin ? « Animateurs » serait mieux.
Cédons-leur la place. Jacques Copeau nous définit ainsi son œuvre et les intentions nouvelles du Vieux-Colombier :
Voici bientôt dix ans que les Comédiens du Vieux-Colombier se sont réunis, qu’ils travaillent et luttent ensemble. Par la camaraderie et la discipline, par leurs traditions de travail et leur fidélité à un idéal, ils ont mérité d’être estimés dans le monde sous ce beau nom de Compagnie, qui s’applique à eux avec vérité. Les uns appartiennent à la maison depuis sa fondation, les autres depuis plus de trois ans. Tous ont fait leurs preuves de bon compagnonnage.
Pour résumer l’activité du Vieux-Colombier au cours de sa première année d’existence (1913 – 1914), de ses deux années d’Amérique (1917 – 1918), et depuis sa reconstitution d’après-guerre (1920 – 1922), on peut dire qu’il a relevé la dignité du métier dramatique, réconcilié avec le théâtre une élite qui s’en détournait, réveillé les exigences du public et ramené son goût vers les grandes œuvres du passé, révélé des auteurs nouveaux et stimulé la production, ouvert la route à de jeunes entreprises qui vont désormais se multipliant pour la rénovation de notre scène, étendu enfin son influence d’inspiration française jusqu’en de lointains pays.
Le Vieux-Colombier, dans sa réussite, n’a jamais rien emprunté à la mode. C’est pourquoi il dure, et durera. Le succès l’a consacré, mais point emprisonné, ni dévié. S’il fait figure de rigorisme, dans une époque incohérente et relâchée, c’est qu’il n’est point un complaisant. Après dix ans de labeur et trois ans de « vogue », le Vieux-Colombier n’a rien cédé de ses exigences et rien renoncé de ses espoirs. Il garde, pour sa force, toutes les vertus de sa jeunesse et, pour l’exercice de sa force, toutes les difficultés de ses débuts. Il reste absolument libre.
Il a repoussé toutes les « combinaisons » qui risquaient de limiter cette liberté. Il aime mieux vivre péniblement et vivre selon sa loi, qui est d’accroître lentement et sincèrement sa valeur foncière pour préparer et réaliser, à l’heure propice, un développement qui n’ait rien de factice ni de prématuré.
Cette année encore, avec l’aide de nos amis, nous allons essayer de vivre dans notre petit théâtre, de perfectionner notre organisation intérieure et de multiplier nos facultés de production.
Une seconde compagnie va se mettre au travail, composée d’éléments empruntés à la compagnie existante, de comédiens sortant de notre École, et de quelques personnalités nouvelles. Les deux compagnies, chacune ayant son répertoire, alterneront sur notre scène. Elles fusionneront pour de plus amples réalisations. C’est ainsi qu’une quarantaine d’acteurs bien entraînés à jouer ensemble, et que renforceront plus tard nos élèves, viendront un jour remplir avec aisance le cadre d’une entreprise plus vaste, dont tous les plans sont à l’étude.
Dès cette année, l’activité d’un contingent supplémentaire va nous permettre de donner satisfaction à nos amis de la Province et de l’Étranger. Depuis deux ans nous avons reçu, de tous les points de l’Europe, des invitations auxquelles nous nous trouvions, à notre grand regret, dans l’impossibilité de répondre. L’accueil qui nous a été fait à Lyon l’hiver dernier et tout récemment à Carcassonne, Perpignan, à Wiesbaden, Mayence, Spire, Landau, Kreuznach, Trèves, Coblence, Bonn, Cologne, Aix-la-Chapelle, Metz, Zurich, Bâle, Genève et Lausanne, accroît notre satisfaction d’être désormais capables d’organiser, en cours de saison, des séjours réguliers du Vieux-Colombier dans les grandes villes de France et de l’Étranger.
Il suffit de jeter les yeux sur le programme que nous publions ici pour se convaincre que notre effort de décentralisation n’est pour diminuer en aucune manière le nombre, l’importance, la variété des manifestations qu’attend de nous le public parisien. Au contraire : les deux troupes vont multiplier les ressources de l’exploitation et construire un répertoire nouveau où nous espérons que d’année en année les noms de jeunes écrivains viendront s’inscrire de plus en plus nombreux. Jamais notre tableau de travail n’a été aussi chargé. Aux représentations quotidiennes, aux matinées du dimanche, à la série de matinées musicales et de matinées classiques du jeudi que nous avons inaugurées la saison dernière, s’ajouteront un cycle de matinées du samedi à prix réduit et de matinées de poésie, qui, sous la direction de M. Jules Romains, renoueront une tradition créée au Vieux-Colombier en 1913.
L’École du Vieux-Colombier élargira son activité publique par des cours, conférences et lectures dramatiques destinées à la fois à nos collaborateurs, à nos élèves, et à ce grand nombre de nos amis et de notre public qui se plaisent à rechercher toute occasion de connaître mieux nos idées, d’apprécier notre effort, de se mêler à notre travail.
Enfin nos jeunes élèves, dans le laborieux secret de leur petit collège, continueront de ne préparer pour l’avenir à des réalisations dont on peut dire déjà qu’elles offriront le résultat d’une initiation dramatique et d’une éducation technique étroitement associées, et dont on espère qu’elles élucideront, dans une dizaine d’années à tous les points de vue, le sens et la valeur de cette rénovation dramatique que j’ai entreprise, il y a dix ans, et qui n’en est encore qu’à ses premiers pas.
[/J. C./]
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Nous avons maintes fois signalé aux lecteurs de notre Revue les libres efforts de cet anarchiste d’art qui se nomme Charles Dullin. Nous avons été de ceux qui ont suivi avec un intérêt qui ne se lassa jamais les hardies tentatives du Théâtre de L’Atelier vagabondant, faute de scène fixe, de la rue des Ursulines à la rue du Vieux-Colombier et à la rue de la Grange-aux-Belles.
Enfin Dullin a trouvé un gîte. En plein Montmartre. Sa compagnie peut jouer chaque soir. Ce sont des travailleurs en possession de leurs outils et d’un local. L’Atelier est monté. Nous irons les voir à l’œuvre.
Écoutons Dullin nous conter lui-même les étapes de cette courageuse marche à l’étoile :
Au moment où L’Atelier constitué en troupe régulière va sortir de sa période d’essai pour assurer l’exploitation d’un théâtre, il me semble nécessaire d’expliquer au public qui ne nous a pas suivis des le début dans quel esprit nous avons fondé cette œuvre.
Je m’étais rendu compte depuis très longtemps qu’il était impossible de créer un mouvement théâtral au sein même du Théâtre. Décidé à ne pas me croiser les bras devant l’inertie des uns, la mauvaise volonté ou l’incapacité des autres, je pris une décision radicale : je rompis avec toutes les attaches anciennes, je me retirai dans un petit village de Seine-et-Marne, entrainant avec moi une dizaine d’élèves qui m’avaient donné des preuves d’attachement et de bonne volonté. Là, nous commençâmes à travailler comme de véritables artisans du théâtre. En dehors des répétitions, les hommes travaillaient à la construction de notre tréteau, les femmes préparaient les costumes : nous donnions ainsi nos premières représentations tantôt en plein air, tantôt dans des granges ; nous n’avions pas d’argent (et c’est bien la dernière chose dont je rougirai), mais nous avions une foi sincère et une volonté ferme.
En rentrant d Paris, j’installai rue Honoré-Chevalier une « École nouvelle du Comédien ». Ma petite troupe déjà aguerrie s’augmenta de quelques éléments nouveaux et la lutte recommença, parfois très dure. Nous restâmes longtemps sans pouvoir jouer faute de salle de spectacle. Enfin. Jacques Copeau, aux côtés de qui j’avais eu l’honneur de soutenir semblable offensive au début du Vieux Colombier, nous offrit l’hospitalité la plus cordiale et la plus désintéressée : le 18 février 1922, L’Atelier donnait, pour son premier spectacle d’essai, l’Avare, de Molière, précédé d’une improvisation sur un canevas d’Alexandre Arnoux. Je réussis à trouver ensuite une petite salle de cinéma, rue des Ursulines, où nous pûmes jouer trois fois par semaine. Un groupe d’amis se forma pour nous soutenir ; on jeta les bases d’une société à personnel et capital variables, répondant aux nécessités d’une entreprise comme la nôtre et, au milieu de difficultés sans nombre, nous préparâmes notre deuxième, puis notre troisième spectacle. À ce moment, je me rendis compte que notre situation, sans être brillante, commençait à s’améliorer. Je sentais un réel mouvement se créer autour de notre petite affaire ; nous avions un noyau de public fidèle qui augmentait à chacune de nos manifestations ; des souscriptions parvenaient à la banque : notre société put se constituer. L’Atelier existait commercialement, sur des bases précaires encore, mais qui nous assuraient du moins la possibilité de travailler utilement et avec suite. Enfin le succès artistique et matériel de La Vie est un songe dépassa même notre espérance et affermit noire œuvre naissante.
Voilà donc l’origine de L’Atelier. J’ai cru devoir rappeler ces débuts pour que le public nouveau à qui nous allons faire appel entre dès à présent dans notre intimité et qu’il se rende compte qu’il a en face de lui d’honnêtes ouvriers décidés à accomplir leur lâche jusqu’au bout, au prix de n’importe quels sacrifices.
En six mois, sans ressources, dans des conditions impossibles à décrire, nous avons joué : l’Avare, de Molière ; le Divorce, de Regnard ; l’Occasion, de Prosper Mérimée ; Moriana et Galvan, d’Alexandre Arnoux ; l’Hôtellerie, de Francisco de Castro ; Chantage, de Max Jacob ; Visites de Condoléances, de Calderon ; Monsieur Sardony, de Marie- Magdeleine Bérubet ; la Vie est un songe, de Calderon, et plusieurs improvisations. Nous sommes allés donner des représentations à Lyon et au théâtre du Marais, de Bruxelles. On verra, d’autre part, comment ces pièces ont été accueillies par ceux des membres de la Presse qui ont bien voulu s’intéresser à nous.
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L’Atelier, à partir du 14 octobre, s’installe au théâtre Montmartre. Ce théâtre, situé dans un des coins les plus pittoresques du Vieux Paris, à quelques minutes de la place Pigalle, est desservi par de nombreux et rapides moyens de communication. C’est une jolie salle de 800 places, qui convient admirablement à une œuvre jeune et vivante comme la nôtre.
Nous avons l’ambition d’intéresser le public en lui jouant de belles œuvres. Ces œuvres, nous irons les chercher partout où elles se trouvent, sans nous créer des obligations de « Théâtre d’avant-garde ». Nous voulons être Théâtre tout court, mais bon et vrai Théâtre. Nos amis nous comprendront.
Ce qui répond pour nous c’est notre programme ; il nous dispense de profession de foi retentissante.
Ces œuvres seront jouées par une troupe solide, animée d’un même esprit. Le public ne doit pas venir chercher chez nous une vedette, mais un beau spectacle d’ensemble. Ce public, nous voudrions, dès le début, en faire un collaborateur direct, un ami de notre maison. Pour établir un lien entre lui et nous, je mettrai dans le programme qui sera distribué gratuitement à chaque spectateur, une page blanche à sa disposition. Lorsqu’un spectateur aura une réclamation à adresser ou simplement une suggestion touchant l’intérêt général, il n’aura qu’à remplir cette feuille, la détacher du programme et la glisser, en s’en allant, dans une boîte placée à cet effet près du contrôle. Ce courrier sera dépouillé chaque jour et nous veillerons à ce que satisfaction soit donnée chaque fois qu’il nous sera possible de le faire.
Les ouvreuses seront rétribuées par le théâtre ; interdiction leur sera faite de recevoir aucun pourboire, sous peine de radiation immédiate. Nous aurions voulu, dès cette année, que le vestiaire fût gratuit, mais cela nécessiterait une installation et une organisation dont il nous est impossible d’assumer encore les charges ; nous espérons bien pouvoir le faire l’année prochaine.
Voici donc un théâtre honnête où les chefs‑d’œuvre de la littérature ancienne et moderne seront représentés quotidiennement par une troupe intelligente et fervente, où l’on va essayer de collaborer réellement avec le public Ce théâtre, édifié à la force du poignet, demande à vivre et à prospérer. Que ceux qui aiment encore les belles choses nous aident à préserver celle-ci et à persévérer jusqu’au bout dans notre tâche.
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L’Atelier donnera une représentation tous les soirs et une matinée le dimanche. Les pièces de son répertoire alterneront sur l’affiche à raison de trois spectacles au moins par semaine.
Voici le programme de l’Atelier pour la saison 1922 – 1923 :
i. théâtre français
adapté par Roger Semichon.
_ — La Nuit Vénitienne.
ii. théâtre étranger
traduction d’Alexandre Arnoux.
traduction de Francis de Miomandre.
traduction de Camille Mallarmé.
de Francis de G. Soulié de Morant.
iii. théâtre grec
de Mario Meunier.
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Atelier, Vieux-Colombier, les lecteurs de la Revue Anarchiste ne manqueront pas de réserver leurs soirées de loisir à vos spectacles. Ce leur sera la meilleure façon de protester contre le mercantilisme des grandes scènes en vogue où se vautre toute la bêtise contemporaine avec Dédé, Fils de Phiphi, Ta Bouche, Chéri de sa Concierge, Elle est faite pour l’Amour, T’as donc perdu ton manillon, Atout… cœur, Chouchou poids Plume et autres quinsonneries…
Cependant le Théâtre et la Comédie des Champs-Élysées, grâce aux soins intelligents de M. Jacques Hébertot échappent à l’épidémie. Pitoëff, nous dit-on, vient d’y être engagé pour deux ans et l’on nous assure que l’ami Louis Jouvet prendrait la direction artistique d’une de ces deux scènes. Voilà qui nous promet de fréquents et beaux voyages du côté des Champs-Élysées.
Au programme actuel : les Ratés, de H.-R. Lenormand dont nous avons longuement parlé dans notre premier numéro de la Revue Anarchiste, lors de leur première représentation au Théâtre des Arts. Nous y retrouvons cette année les mêmes excellents artistes, Pitoëff en tête, sauf hélas Mme Ludmila Pitoëff, éloignée du théâtre en ce moment par un grave accident de voiture. Espérons que d’ici peu cette excellente artiste nous sera rendue. Nous avons assisté aussi à une reprise émouvante des Revenants d’lbsen.
Voici Gémier à l’Odéon. Il y a succédé à M. Gaveau qui n’y avait pas fait du mauvais travail — M. Gaveau qui continue son loyal effort d’art populaire au Théâtre du Nouvel Ambigu. Pour ses débuts sur la seconde scène nationale de drame, Gémier nous accorde la bonne surprise de monter une pièce de H.-R. Lenormand. Bravo ! Gémier, voila qui est crânement agir…
J’ai vu La Dent Rouge. C’est l’histoire des montagnards, tout au début de l’alpinisme., quand leur cour et leur esprit se partageaient la crainte des sommets et la hantise de leur conquête. De père en fils, on se transmet ce double héritage d’action et de réaction, d’héroïsme révolutionnaire et de superstition conservatrice. La Dent Rouge c’est une montagne — mais n’est-ci pas aussi le symbole du progrès humain réalisé avec acharnement, malgré toutes les difficultés matérielles, malgré l’hiver et la neige qui paralyse le village, malgré la peur des revenants, malgré les bas intérêts et les traditions mesquines — malgré tout et malgré même l’amour de Claire.
Claire est l’indépendante, l’individuelle, la femme passionnée et capricieuse, l’adorée et la « fatale » — celle qui, tout en ayant l’air d’empêcher les réalisations actives, les intensifie cependant jusqu’au sublime. Pierre, le jeune montagnard, aime la belle demoiselle Claire, venue d’Amérique avec sa connaissance des étendues. Auprès d’elle, il renoncera à conquérir la Dent Rouge : il pensera à vagabonder au lieu de monter. Mais retenus par la vie matérielle dans le village d’hiver sur lequel tombe la neige, Claire sentira s’aviver son besoin des plaines où l’on peut courir librement ; Pierre sentira renaître en lui sa volonté des sommets à atteindre. Ils s’exaspéreront mutuellement jusqu’aux apparences de la haine. Elle se révoltera. Il la battra. Elle passera aux yeux de tous pour une sorcière. Elle souffrira atrocement et souhaitera la mort de Pierre.
Et les beaux jours venus, aux premiers resplendissements du soleil, Pierre fuira la femme et puisera dans ces événements l’héroïsme d’atteindre — lui le premier de tous — la cime de la Dent Rouge. Mais, glissant de ce sommet, il s’écrasera au fond d’un précipice.
Tel est ce drame où certains critiques ont voulu voir un mélodrame. Est-ce parce que les êtres y vivent de tous leurs sens avec une passion qui nous prend aux entrailles ? Si c’est cela… eh bien : « Vive le mélodrame où Margot a pleuré » — surtout quand cette émotion et cette action se traduisent en images et en mots si personnellement choisis. Du mélo stylisé par un Lenormand. Du mélo imprégné de l’inquiétude noble d’un Lenormand. Du mélo qui fait penser : Voilà une formule qui ne nous déplait pas. Elle porte sans doute l’avenir de notre théâtre sur les décombres de la « comédie en trois actes » — l’insupportable comédie où l’on analyse à petites doses les petites affaires des petits hommes et petites femmes de salon.
La Dent Rouge remarquablement mise en scène était jouée avec intensité par des artistes qui vivaient là-dedans de toute leur chair, de tout leur cœur, de tous leurs gestes — un peu trop de tous leurs gestes étais-je tenté de dire aux premières scènes. Mais, après avoir vu et compris toute la pièce, je ne puis leur reprocher cette ardeur qui convient au style de l’œuvre nouvelle de Lenormand.
À remarquer surtout : Mmes Rouer, Moret, d’Ajal, Duval et Geoffroy ; MM. Blanchar, Chambreuil, Marco, Jean Fleur et Gasthon’s.
Le théâtre que les travailleurs de la C.G.T.U. se sont donné au Congrès de Saint-Étienne avec le concours de la Fédération Unitaire du Spectacle, vient de commencer ses représentations avec des moyens de fortune. Il est à souhaiter que l’effort des syndiqués soit tel qu’il puisse permettre bientôt au Théâtre Confédéral de posséder une salle fixe pour des représentations régulières.
Le Feu qui reprend mal, de Jean-Jacques Bernard, jouée parfaitement par nos camarades Balza et Miette Dancourt, Jean Clarens et Bénédict, est la tragédie sobrement réalisée de la jalousie imaginaire finissant par créer la cause même de ses soupçons. C’est une œuvre de forte et nuancée psychologie toute à l’honneur du jeune syndicat des auteurs dramatiques auquel Jean-Jacques Bernard appartient.
Faisons confiance aux organisateurs du Théâtre Confédéral. Encourageons les de notre assiduité aux représentations. Le Théâtre Confédéral sera ce que les travailleurs voudront bien qu’il soit. Si nous savons l’exiger puissant et hardi, il ne peut que devenir tel.
[/André