La Presse Anarchiste

Les Anciennes Civilisations

A) La Civi­li­sa­tion Égyp­tienne (fin)

Ce qu’il nous reste de l’architecture égyp­tienne — puisque pen­dant l’oppression de l’Égypte par la chris­tia­nisme, presque tous les monu­ments furent détruits — nous montre qu’elle est la plus durable, la plus mer­veilleuse et la plus gran­diose du monde.

Pour les Égyp­tiens, les demeures des vivants sont faites pour y demeu­rer peu de temps, les tom­beaux, au contraire, pour y res­ter éter­nel­le­ment. C’est pour ce motif que furent construites les pyra­mides, tom­beaux des Pharaons.

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On ne connait qu’un temple construit sous l’Ancien Empire, c’est le temple du Sphinx, ain­si nom­mé à cause de sa proxi­mi­té de cette énorme allé­go­rie à qui il était destiné.

Pour construire ces énormes monu­ments, on dépeu­plait toute une pro­vince jusqu’à ce que les habi­tants fussent exté­nués, alors on les ren­voyait chez eux et on en dépeu­plait une autre jusqu’à ce que l’ouvrage fût achevé.

Les monu­ments qu’a construits le Moyen Empire ont été presque tous détruits par l’invasion des Hyksos.

On n’a retrou­vé que les tom­beaux sou­ter­rains de Béni-Hassan.

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L’apogée de l’architecture égyp­tienne fut pen­dant le Nou­vel Empire.

Beau­coup de villes furent artis­ti­que­ment res­tau­rées. De longs sou­ter­rains, aux abords des villes, ser­vaient de tombeaux.

Des temples funé­raires furent éle­vés sur la rive gauche du Nil.

« Le plus célèbre est celui du Dieu Ammon Kar­nak. Il ren­ferme la grande salle hypo­style, colos­sale mer­veille du génie archi­tec­tu­ral de l’Égypte » dit M. Gus­tave Le Bon.

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Les pre­miers essais de sculp­ture, sous l’Ancien Empire furent des effi­gies d’un réa­lisme puis­sant dans le roc, le gra­nit, le bois.

Puis vinrent les sta­tues eu bronze.

Du Moyen Empire il reste sur­tout des bas-reliefs de temples. Sous le Nou­vel Empire, dans les bas-reliefs, tou­jours les têtes et jambes sont de pro­fil tan­dis que yeux, épaules et poi­trines sont de face.

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La pein­ture égyp­tienne est for­te­ment colorée.

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Les arts indus­triels ont été très déve­lop­pés en Égypte. Les plus petits bijoux ont la majes­té de leurs colosses. Les Égyp­tiens connais­saient le bronze depuis l’Ancien Empire.

L’or, l’argent ont été tra­vaillés par eux avec une per­fec­tion remarquable.

Le verre colo­ré et l’émail ont ser­vi en Égypte à tous les usages : vases, sta­tuettes, meubles, orne­ments. Tout était émaillé.

Les pierres pré­cieuses, la corne, le cris­tal, ser­vaient pour façon­ner des bibelots.

Les bro­de­ries étaient superbes, les étoffes d’une légè­re­té et d’une sou­plesse incomparables

B) La Civi­li­sa­tion Chaldéo-Assyrienne

C’est en Asie que nous nous trans­por­tons. Ici aus­si ce sont les deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate ana­logues au Nil qui sont les causes pre­mières des brillantes civi­li­sa­tions asiatiques.

Comme le Nil et plus que lui, ces deux fleuves se déver­saient sur les contrées avoi­si­nantes, enri­chis­saient le sol mais dévas­taient tout sur leur passage.

Aus­si ce fut seule­ment quand, par un tra­vail de plu­sieurs géné­ra­tions, ils furent contraints de suivre un cours régu­lier que la civi­li­sa­tion apparut.

La Chal­dée et l’Assyrie, aujourd’hui désertes, furent, il y a des mil­liers d’années, rem­plies de cités flo­ris­santes dont on retrouve les ves­tiges sous le sable qui les a recouvertes.

La Chal­dée ou Baby­lo­nie, est une vaste plaine, dont les sources d’asphalte innom­brables servent comme combustibles.

L’Assyrie ou Méso­po­ta­mie ren­ferme au contraire des richesses miné­rales : cal­caire, grès, marbre, fer, plomb, argent, antimoine.

Les Assy­riens de Ninive étaient de la race sémite.

Quant aux Chal­déens, il est dif­fi­cile de savoir de quelle race ils descendent.

Dans les œuvres d’art, sta­tues, pein­tures, on retrouve par­tout le type sémi­tique. Mais ce n’est pas aux sémites que nous devons la civi­li­sa­tion chal­déo-assy­rienne, mais à des contem­po­rains des pre­miers Égyp­tiens, aux Schesou-Hor.

L’écriture des Assy­riens et des Chal­déens se com­po­sait de carac­tères cunéiformes.

C’est en 1842 que l’on trou­va le pre­mier palais assy­rien ; quelques années plus tard on décou­vrait Ninive la capi­tale de l’Assyrie, ses biblio­thèques où les briques ser­vaient de livres.

On arri­va à déchif­frer les carac­tères cunéi­formes, et au lieu des légendes lais­sées par la Bible ou la tra­di­tion, on peut aujourd’hui, par les écrits véri­tables des Chal­déens et des Assy­riens, connaître leur histoire.

La Méso­po­ta­mie se divi­sait en deux par­ties : la Chal­dée avec Baby­lone pour capi­tale et l’Assyrie dont la capi­tale était Ninive.

Baby­lone triom­pha pen­dant le pre­mier et le second Empire Chaldéen.

Ninive triom­pha à son tour pen­dant le pre­mier et deuxième Empire Assyrien.

Mais l’histoire et le génie des deux peuples se confondent :

Baby­lone eut tou­jours la pré­do­mi­nance comme culture intellectuelle.

Ninive triom­pha par la force des armes.

Les Assy­riens étaient d’une féro­ci­té inouïe, com­pa­rable à celle des Juifs. Les cruau­tés les plus atroces fai­saient les délices des rois de Ninive.

Le pre­mier Empire Chal­déen com­prend les vingt-six pre­miers siècles de l’histoire de la Chal­dée, c’est l’âge féo­dal de la Chal­dée. On n’a retrou­vé que quelques débris de monu­ments. Puis Ninive conquit Baby­lone. Ce fut le pre­mier Empire Assy­rien qui sub­sis­ta jusqu’à 1020 ans avant J.-C. Tout est obs­cur dans cette période du pre­mier Empire Assyrien.

Le second Empire Assy­rien (1020 à 625 avant J.-C.) lui suc­cé­da. Ce fut constam­ment la guerre jusqu’à ce qu’il suc­com­ba sous le coup de ses enne­mis qui s’étaient réunis tous contre l’empereur assy­rien. Ninive dis­pa­rut à cette époque et per­sonne n’en par­la plus avant que les pics des archéo­logues la remirent au jour.

Enfin ce fut le deuxième empire chal­déen (625 à 533 avant J.-C). Baby­lone pen­dant un siècle héri­ta de la puis­sance de Ninive.

Bal­tha­zar, le der­nier roi de Baby­lone, fut sur­pris dans une orgie par l’armée perse. C’est à ce moment-là que la légende rap­porte qu’une main mys­té­rieuse tra­ça sur la muraille les trois mots redou­tables : Mané, The­cel, Pha­rès. Avant la fin de la nuit l’Empire Chal­déen avait ces­sé d’exister.

Les deux langues de la Méso­po­ta­mie furent pour la Chal­dée le sumé­ro-acca­dien et pour l’Assyrie, l’assyrien de famille sémitique.

L’écriture se com­po­sait pour les deux pays de carac­tères cunéiformes.

La science consis­tait pour eux en quelques notions d’astronomie, de mathé­ma­tiques, d’astrologie et de magie.

Pour l’industrie on a retrou­vé de nom­breux ins­tru­ments en silex de l’âge de pierre, puis aus­si de l’âge du bronze, du fer et même de l’acier trem­pé. L’or, l’argent étaient travaillés.

Tous les écrits étaient cachetés.

On tra­vaillait l’argile, on en fai­sait des briques crues et cuites. On connais­sait les cou­leurs : le rouge était de l’oxyde de cuivre ; le jaune de l’oxyde de fer ; le blanc de l’oxyde d’étain et le bleu du cobalt. Le cuir, le bois étaient très employés.

Enfin les Chal­déens et Assy­riens navi­guaient beaucoup.

Baby­lone fut théo­cra­tique, Ninive sou­mise à un maître abso­lu. Le com­merce avait déjà une grande exten­sion. Les perles, l’or, l’ivoire, l’ébène, les par­fums, les mous­se­lines, les pierres pré­cieuses de l’Inde s’échangeaient contre des che­vaux, des esclaves, du fer, des bois de cèdre, du baume, du froment.

La poly­ga­mie se pra­ti­quait à Babylone.

À Ninive les mœurs étaient plus austères.

L’architecture chal­déenne et assy­rienne n’est pas com­pa­rable à l’architecture égyp­tienne qui a défié le temps. Les murs des temples, des monu­ment et des mai­sons étaient construits avec des briques et n’ont pu résis­ter aux intem­pé­ries des saisons.

On a retrou­vé des sta­tues, des bas-reliefs qui montrent que la sculp­ture étaient en hon­neur dans ces contrées.

La pein­ture a exis­té, mais un art mer­veilleux la rem­pla­ça ; ce fut celui des briques émaillées.

Comme il y avait de l’argile par­tout, on trouve des briques, de la faïence émaillée en grande quan­ti­té. Le verre était tra­vaillé. On n’a rien retrou­vé de l’industrie tex­tile ; mais les écri­vains grecs nous ont assez par­lé de la renom­mée des tapis et des étoffes de Méso­po­ta­mie pour que nous sachions que cette indus­trie était prospère.

La métal­lur­gie était fort avan­cée, la bijou­te­rie était florissante.

C) La civi­li­sa­tion juive

L’obscure petite tri­bu des Sémites qui n’eut jamais ni art, ni science, ni indus­trie, joue, par les reli­gions issues de ses croyances, un rôle capi­tal dans l’histoire du monde.

Reli­gions dont la valeur scien­ti­fique est si nulle et pour les­quelles des nations se sont mas­sa­crées sur tous les champs de bataille de l’Orient et de l’Occident.

C’est le moins Sémite des Sémites qui a été le fon­da­teur du Chris­tia­nisme. La grande concep­tion de cha­ri­té uni­ver­selle et de sombre pes­si­misme qu’était déjà celle de Boud­ha 500 ans aupa­ra­vant n’avait rien de sémitique.

Et mal­gré le ratio­na­lisme moderne, l’Europe est encore une grande chrétienne.

Ce sont pour­tant les mythes com­pli­qués des Chal­déens qui, en tra­ver­sant l’âme sim­pliste des Sémites, se trans­for­mèrent à tel point que l’Occident civi­li­sé les adopta.

Jamais le peuple juif n’a appor­té une aide à la civi­li­sa­tion, pen­dant sa longue his­toire il n’a appor­té qu’un livre « l’Ancien Tes­ta­ment » ne com­pre­nant que des visions de fous et des his­toires san­glantes ou obscènes.

L’Arabie cen­trale fut le ber­ceau des Sémites, ils appar­tiennent à la même race que les Assy­riens et les Arabes.

Les Israé­lites se fixèrent dans la val­lée du Jour­dain. Leur esprit mer­can­tile et leur génie du com­merce se for­mèrent à ce moment parce qu’ils voyaient leurs routes occu­pées sans cesse par des convois qui trans­por­taient des richesses des deux civi­li­sa­tions égyp­tienne et asiatique.

Le cli­mat de la Pales­tine était favo­ri­sé : vignes, oli­viers, figuiers et tous les arbres frui­tiers s’y déve­lop­paient à merveille.

Les Israe­lites ont tou­jours été des nomades : ils furent tou­jours réfrac­taires aux arts. Leur vraie patrie, c’était le désert. C’est grâce à lui que les Sémites ont créé le Dieu loin­tain, majes­tueux, éternel.

Le groupe sémi­tique des Beni-Israël recon­nais­sait un ancêtre unique : Jacob ou Israël, des­cen­dant lui-même d’Abraham qui, le pre­mier de sa race, avait quit­té la Chaldée.

Les des­cen­dants de Jacob qui étaient venus en Égypte et qui étaient trai­tés en esclaves, pro­fi­tèrent d’une période de troubles pour se sau­ver. Ils tra­ver­sèrent la Mer Rouge. Mais bien­tôt affa­més, ils se révol­tèrent contre leur chef : Moïse, qui, au Sinaï, pour les rame­ner à l’obéissance, pro­fi­tait d’un orage pour dis­pa­raître habi­le­ment et reve­nir en pré­ten­dant qu’il appor­tait les ordres du Dieu de leur tri­bu. Mais mal­gré le sub­ter­fuge, la presqu’île du Sinaï ne pou­vant les nour­rir, ils par­tirent vers le Nord dans la direc­tion du Jourdain.

Arri­vés en Pales­tine, de nomades ils devinrent séden­taires. C’est à ce moment que la légende parle des popu­la­tions pas­sées au fil de l’épée, des murs de Jéri­cho s’écroulant au son des trom­pettes, de Josué arrê­tant le soleil pour pro­lon­ger le carnage.

Avec le roi Saul, les Israé­lites qui jusque là n’avaient for­mé que des clans, devinrent une nation.

David lui suc­cé­da, Jéru­sa­lem devint la tête d’Israël. Puis vint Salomon.

Enfin en 586, Nabu­cho­do­no­sor, le puis­sant sou­ve­rain de Baby­lone s’empare de Jéru­sa­lem, la ren­verse de fond en comble et emmène les Juifs en captivité.

Ils avaient rebâ­ti Jéru­sa­lem quand ils étaient sous la domi­na­tion des Perses, mais en l’an 70, Titus prit Jéru­sa­lem, la fit brû­ler, et les Juifs se dis­per­sèrent. À ce moment nais­sait l’illuminé dont le nom depuis 2.000 ans règne sur l’Occident. Cet obs­cur ouvrier gali­léen allait deve­nir un dieu redouté.

Le peuple juif res­ta tou­jours agri­cul­teur et pas­teur. Il n’avait pas d’industrie. Il échan­gea les fruits de ses terres en Phé­ni­cie, contre des meubles, des bijoux, des armes, du bois, de l’ivoire.

Les Israé­lites culti­vèrent la musique ; l’esclavage était pra­ti­qué ; la soli­da­ri­té des membres de la race juive est chose remarquable.

La poly­ga­mie était très répan­due, le cri­mi­nel était juge au nom de la col­lec­ti­vi­té, l’attentat à la pro­prié­té était un fait grave puni très sévèrement.

La socié­té juive fut une orga­ni­sa­tion patriar­cale avec les goûts, les vices, les super­sti­tions des villes asia­tiques deve­nues trop vieilles.

Le dieu ces Juifs d’aujourd’hui, c’est le même que celui des chré­tiens, mais il ne res­semble en rien au dieu Jého­vah du Sinaï.

La créa­tion du monde en six jours pro­vient de l’ancienne cos­mo­go­nie baby­lo­nienne. Jamais l’esprit sim­pliste du peuple Sémite n’aurait pu trou­ver une pareille conception.

Ce dieu Jého­vah, d’après les pré­ceptes qu’il est cen­sé avoir dic­té ait peuple juif est un sanguinaire.

Les œuvres lit­té­raires du peuple juif sont L’Ancien Tes­ta­ment, les Juges, les Rois, les Chro­niques, les Mac­cha­bées, et les romans : Judith, Ruth, Tobie, Esther, et enfin : Le Can­tique des Can­tiques ; puis quelques œuvres morales : les Pro­verbes, l’Ecclésiaste, la Sagesse.

L’Ecclésiaste, c’est le livre des néga­tions, c’est le livre de désespérance.

Le Livre de Jacob est un livre de renon­ce­ment à cher­cher, à com­prendre, c’est le livre de soumission.

Les poètes furent nom­breux, ils chan­tèrent sur­tout l’humble tente et le temple altier. Ils ont gros­si ain­si le total des rêves dont l’humanité se berce toujours.

[/​Sébastien Faure./​]

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