Les grands démocrates de la S.F.I.O. ont dissous la Fédération de la Seine, accusée d’indiscipline. Dissolution accomplie dans le même esprit que celui qui présida à celles de l’Entente des J.S. de la Seine, et de la F.N. des Étudiants socialistes. Nous ne nous attarderons pas aux questions de statut, examinons plutôt dans quelle mesure cette exclusion camouflée des éléments révolutionnaires de la social-démocratie peut entraîner la constitution d’un nouveau parti ouvrier.
Ne nous faisons pas d’illusions. Marceau Pivert, s’il n’est pas débordé par des éléments plus décidés, épuisera tous les moyens pour rester accroché au parti. Il est peu probable que quoi que ce soit de définitif se produise avant le congrès national de Royan qui se tiendra à la Pentecôte.
La G.R. est pour le moment un assemblage d’éléments disparates, depuis des trotskysants jusqu’aux pacifistes intégraux en passant par tous les genres de discoureurs révolutionnaires.
Ses positions sur des problèmes essentiels comme la participation gouvernementale en régime capitaliste, comme la question de l’Espagne « républicaine » ou la défense de l’U.R.S.S. n’ont jamais été nettes, ni fixes. La lecture de « Juin 36 » est édifiante à ce point de vue.
Au cas où le noyau exclu ne trouve pas de solution lui permettant de loger dans la S.F.I.O., un certain nombre de petites fractions oppositionnelles viendra le grossir. Beaucoup de thèses en perspective, beaucoup de fractions, beaucoup d’intellectuels ou de demi-intellectuels, peu d’ouvriers et peu d’action révolutionnaire.
Un long séjour dans la social-démocratie, une formation social-démocrate des années de luttes manœuvrières marquent les militants.
L’influence anarchiste qui se manifesta il y a deux ans eut pu être salutaire. L’évolution du mouvement libertaire vers une sorte de radical-socialisme turbulent a mis fin à cet espoir.
La constitution d’une organisation révolutionnaire nouvelle nécessite une foi révolutionnaire, un départ sur des bases simples et claires, une intransigeance ouvrière imposant des solutions pratiques au travers des luttes sociales.
Le pivertisme nous apporte jusqu’à présent des chefs usés et sceptiques, une confusion réelle intitulée souplesse tactique.
Il serait miraculeux d’en voir surgir un renouveau du mouvement ouvrier.
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