La Presse Anarchiste

Une expérience passionnante

I

Nous repro­dui­sons, à par­tir de ce numé­ro, une très inté­res­sante étude sur l’expérience pas­sion­nante1Publiée dans le Bul­le­tin de la Com­mis­sion Inter­na­tio­nale de liai­son ouvrière.  que sont en train de réa­li­ser des hommes, pro­ba­ble­ment venus de dif­fé­rents hori­zons et de dif­fé­rentes ten­dances sociales, qui depuis quatre ans ont pris en main la ges­tion d’un des plus grands éta­blis­se­ments spé­cia­li­sés dans la congé­la­tion de la viande, en Uruguay.

Le rap­port écrit par un mili­tant qui a vécu et vit cette expé­rience fait état, avec une impar­tia­li­té remar­quable, de tous les aspects et toutes les dif­fi­cul­tés des pro­blèmes à résoudre. Il tranche avec les habi­tuelles accu­sa­tions « antiyan­quees » qui pré­tendent tout expli­quer et tout résoudre par une déma­go­gie inepte. Il montre la com­plexi­té des ques­tions posées avant, au début et pen­dant la ges­tion de la coopé­ra­tive, les luttes avec les cen­trales syn­di­cales hos­tiles, tout ce qui concerne les rap­ports avec les four­nis­seurs de matières pre­mières, les clients, l’État lui-même — favo­rable, recon­nais­sons-le, et ce qui ne nous étonne pas, en Uru­guay — à cette ini­tia­tive courageuse.

Il y a là une leçon à tirer, et qui pour­ra nous ins­pi­rer, pour l’avenir. Sachons en rete­nir tous les enseignements.

La Rédac­tion

Depuis 1942, année où elle fut consti­tuée, et jusqu’en 1960, la Fédé­ra­tion auto­nome de la Viande fut l’organisation syn­di­cale la plus puis­sante d’Uruguay. Ses conquêtes éco­no­miques et sociales — par­mi les­quelles une « assu­rance-chô­mage » — n’ont pas d’équivalents en Uru­guay ; la Bourse du tra­vail et une loi spé­ciale contre les ren­vois arbi­traires lièrent pra­ti­que­ment les mains aux patrons capi­ta­listes. Les entre­prises pos­sé­daient nomi­na­le­ment les « fri­go­ri­fiques », mais en fait la loi était dic­tée, d’une part, par le syn­di­cat et, d’autre part, par le pou­voir d’État, lequel fixe les taux de change pour les tran­sac­tions inter­na­tio­nales et, par l’intermédiaire du Fri­go­ri­fique Natio­nal, fixe éga­le­ment les prix de la matière pre­mière (le Fri­go­ri­fique Natio­nal, admi­nis­tré par les éle­veurs et par l’État, fixe les prix du bétail et détient le mono­pole de la four­ni­ture de viande au sec­teur de Mon­te­vi­deo). Paral­lè­le­ment à cette situa­tion, insup­por­table pour des entre­prises capi­ta­listes, les prix de la viande du Rio de la Pla­ta sur les mar­chés inter­na­tio­naux accu­sèrent une baisse impor­tante, pen­dant qu’augmentait le prix des matières pre­mières et des pro­duits, manu­fac­tu­rés de pro­ve­nance étran­gère (machines, outillage, com­bus­tibles, etc.). D’autre part, le com­merce illi­cite de la viande, l’abattage clan­des­tin — favo­ri­sé par la cor­rup­tion poli­tique et bureau­cra­tique de l’État — sous­trayait aux entre­prises un volume de tra­vail sur lequel elles comp­taient pour cou­vrir leurs frais habi­tuels, les­quels sont éle­vés, étant don­né les avan­tages conquis par les tra­vailleurs et le méca­nisme indus­triel et admi­nis­tra­tif com­plexe d’usines pré­vues pour trai­ter le double ou le triple du bétail disponible.

Il se pro­dui­sit ain­si une crise sans pré­cé­dent dans le pays. En 1957, les puis­santes com­pa­gnies à capi­tal nord-amé­ri­cain (Fri­go­ri­fi­co Arti­gas S.A., filiale d’Armour, de Chi­ca­go, Com­pa­gnie Swift, de Mon­te­vi­deo S.A., filiale de l’International Packers Co) annon­cèrent la ces­sa­tion de leurs acti­vi­tés, et mirent en vente les deux grands éta­blis­se­ments à des condi­tions véri­ta­ble­ment ten­ta­trices. Cepen­dant, ni l’État, idéo­lo­gi­que­ment par­ti­san des « natio­na­li­sa­tions » anti-impé­ria­listes, ni aucun grou­pe­ment éco­no­mique, natio­nal ou étran­ger, ne firent des offres. Il était évident que l’industrie fri­go­ri­fique uru­guayenne avait ces­sé d’être une « affaire ». Le 20 décembre 1957, date fixée pour la fer­me­ture des deux éta­blis­se­ments, arri­va, et quelque 5.000 ouvriers se trou­vèrent sans tra­vail ; c’était la moi­tié envi­ron de l’effectif total des tra­vailleurs de l’industrie fri­go­ri­fique uru­guayenne. Les trois autres fri­go­ri­fiques — Anglo, Nacio­nal et Cas­tro — ne fer­mèrent pas, mais tra­vaillaient à moins de 50 pour cent de leur capa­ci­té, de sorte que, pen­dant l’année 1958, 75 pour cent des tra­vailleurs de la viande se trou­vèrent sans emploi ; pour comble de mal­chance, la caisse d’assurance-grève était vide, puisqu’elle se nour­rit en grande par­tie d’apports ouvriers et patro­naux qu’on ne verse que lorsqu’on travaille.

Nous nous vîmes donc affron­tés à un pro­blème vital. Quelle valeur pra­tique repré­sen­taient toutes nos conquêtes ouvrières et sociales, léga­li­sées, codi­fiées et appuyées par le pou­voir syn­di­cal, face à la perte de notre source de tra­vail ? Tout notre patri­moine social s’effondra comme châ­teau de cartes.

C’est alors que quelques esprits auda­cieux, ver­sés en socio­lo­gie vivante, et des mili­tants syn­di­caux pos­sé­dant une longue expé­rience nous dirent : « Notre orga­ni­sa­tion syn­di­cale est dans une impasse ; nous n’avons plus de patron à qui récla­mer des amé­lio­ra­tions ; mais comme nous ne pou­vons pas être absor­bés par d’autres indus­tries et, de plus, comme l’Uruguay doit fata­le­ment conti­nuer à être un pays pro­duc­teur et expor­ta­teur de viande, il nous faut cher­cher un autre che­min : récla­mer la pos­ses­sion des éta­blis­se­ments fer­més et les faire fonc­tion­ner pour notre compte au moyen d’un sys­tème col­lec­tif ou coopératif. »

Un monde d’ennemis

Cette idée ou, pour mieux dire, ce nou­veau che­min fut ouvert lors d’une table ronde réa­li­sée au Cer­ro2Quar­tier ouvrier de Mon­te­vi­deo, où sont situés la plu­part des éta­blis­se­ments fri­go­ri­fiques. au début de 1958. À cette table ronde, la Fédé­ra­tion auto­nome de la Viande invi­ta les gou­ver­nants et les légis­la­teurs de tous les par­tis, les repré­sen­tants des sec­teurs ruraux, les orga­ni­sa­tions syn­di­cales du pays et la presse orale et écrite. En géné­ral, cette ini­tia­tive fut consi­dé­rée comme une idée roman­tique, absurde, qui­chot­tesque et insen­sée. Les seuls qui la prirent au sérieux furent les mar­xistes, les socia­listes et les com­mu­nistes pour la com­battre éner­gi­que­ment et la calom­nier de mille façons diverses, mais tout aus­si mal­hon­nêtes. Ils disaient que la fer­me­ture des fri­go­ri­fiques était une comé­die, un simu­lacre, un chan­tage de l’impérialisme récla­mant des sub­sides, mais que pour le cas où ces fer­me­tures seraient véri­diques, l’État devait s’approprier des éta­blis­se­ments sans indem­ni­sa­tion, et les natio­na­li­ser. Ils ne vou­laient pas que les tra­vailleurs deviennent les maîtres de leur usine, ils ne vou­laient pas entendre par­ler de coopé­ra­tive, mais sou­te­naient et sou­tiennent encore que dans un sys­tème capi­ta­liste le pro­lé­ta­riat ne peut réa­li­ser avec suc­cès un essai de ges­tion éco­no­mique qui lui soit propre. D’abord, disent-ils, il faut chas­ser la bour­geoi­sie du pou­voir politique.

Bien que, par­mi les cadres diri­geants de la Fédé­ra­tion auto­nome de la Viande, les com­mu­nistes ne fussent, à ce moment-là, qu’une petite mino­ri­té, leur oppo­si­tion à l’initiative coopé­ra­tiste eut une grande réso­nance. La majo­ri­té des délé­gués ouvriers du Fri­go­ri­fique Natio­nal, des Fri­go­ri­fiques Anglo, Cas­tro et Swift, de la Socié­té de char­ge­ment et de déchar­ge­ment, des conduc­teurs de bétail, s’opposaient à l’initiative coopé­ra­ti­viste. Les causes de cette oppo­si­tion presque mas­sive par­mi les cadres diri­geants sont de natures diverses :

a) Carence totale de culture socio­lo­gique et d’information ou de for­ma­tion coopérativiste ;

b) Défaut du sens de la res­pon­sa­bi­li­té, suite logique de l’attitude pas­sée, des abus com­mis au temps de notre lutte contre les vieilles entre­prises, un peu par esprit de ven­geance ou de repré­sailles, un peu à cause de cette ten­dance, très natio­nale, que l’on appelle « rela­jo » et qui est une sorte de délin­quance sociale où l’orgueil natio­nal ne voit que « malice créole » et qui se tra­duit par le « vol en douce », la « fauche », et une série de fraudes en ce qui concerne le tra­vail, telles que la négli­gence, le « poin­tage » des absents, le « bou­zillage » le sabo­tage, etc.;

c) La sou­mis­sion à la pater­nelle omni­po­tence de l’État ;

d) La crainte d’entreprendre une tâche nou­velle sans expé­rience, sans capi­tal et sans assu­rance de succès ;

e) La nos­tal­gie des luttes anti­pa­tro­nales (contre qui ferons-nous grève, et à qui impo­se­rons-nous notre puis­sance syn­di­cale lorsque nous n’aurons plus de patron ? Com­ment domi­ner les masses par nos dia­tribes s’il n’y a plus per­sonne contre qui les pro­non­cer ? De quelles injus­tices sociales pour­rons-nous nous plaindre lorsque nous serons les maîtres de notre propre destin?);

f) La crainte que les nou­veaux inté­rêts — défense de l’entreprise, rela­tions com­mer­ciales, enga­ge­ments de livrai­sons, etc. — n’embourgeoisent les tra­vailleurs et ne les éloignent de la « gauche» ;

g) Traîtres et aven­tu­riers, agents patro­naux des fri­go­ri­fiques concur­rents, nom­breux étaient ceux qui avaient inté­rêt à ce que les fri­go­ri­fiques fer­més ne se rouvrent pas (fabriques de savon, fabriques de char­cu­te­rie, de pro­duits végé­taux, déjà ins­tal­lées ou sur le point de l’être, par­fois par les même action­naires de l’ex-Swift ou de l’ex-Artigas, avaient mal­heu­reu­se­ment des porte-parole sti­pen­diés dans les rangs de l’opposition ; au sein du Congrès natio­nal des délé­gués, com­po­sé de 120 per­sonnes, sans comp­ter les gang­sters du mar­ché noir et les agents du Fri­go­ri­fique Armour do San­ta Ana do Livre­men­to, au Bré­sil, qui traite du bétail uru­guayen pas­sé à la fron­tière en contre­bande et exporte par le port de Mon­te­vi­deo, etc.);

h) Et fina­le­ment, sans pour autant épui­ser l’inventaire des enne­mis de l’initiative coopé­ra­ti­viste, les com­mu­nistes, doc­tri­naires et mili­tants du par­ti, qui pré­voyaient avec cer­ti­tude que la créa­tion de la coopé­ra­tive détrui­rait l’unité orga­nique de la Fédé­ra­tion auto­nome de la Viande et rédui­rait à néant leur inten­tion de l’intégrer à leur future Cen­trale unique des tra­vailleurs de l’Uruguay, en pro­jet mais non réalisée.

Sans capitaux, ni crédit

Nous n’insisterons pas sur l’opposition du grand capi­ta­lisme natio­nal et étran­ger, et des lati­fun­distes3N. de la R. — Grands pro­prié­taires ter­riens. uru­guayens, les­quels, en réa­li­té, se limi­tèrent à voter contre la loi de créa­tion d’E.F.C.S.A. au Par­le­ment, per­sua­dés qu’ils étaient que nous irions à un échec inévi­table, étant don­né que nous ne dis­po­sions ni de capi­taux de rou­le­ment, ni de cré­dit ban­caire, ni d’un appui finan­cier de l’État ; ils dési­raient fina­le­ment que la coopé­ra­tive se consti­tue afin de pou­voir démon­trer, après son échec, que les tra­vailleurs n’étaient pas mûrs pour une telle expé­rience, par laquelle on pré­ten­dait refor­mer rien de moins que l’industrie de base de l’économie natio­nale. (L’industrie de la viande en Uru­guay est, en effet, l’équivalent de la sidé­rur­gie anglaise, du pétrole au Vene­zue­la, du sucre à Cuba ou de l’automobile aux États-Unis, toutes pro­por­tions gar­dées)4N’oublions pas que, selon les chiffres don­nés aupa­ra­vant, les tra­vailleurs des « fri­go » sont dix mille en tout et que leur indus­trie est la plus impor­tante. Or, l’Uruguay compte 2.800.000 habi­tants, et ces « fri­go » furent une créa­tion du capi­tal étran­ger… (N. de la R.)

Aux fac­teurs pré­cé­dem­ment énu­mé­rés, il fau­drait ajou­ter que ni le gou­ver­ne­ment en place à l’époque, ni la masse ouvrière des fri­go­ri­fiques n’avaient des idées très claires sur ce qui devait se faire.

Le gou­ver­ne­ment (avec l’approche de la sai­son où le bétail atteint son poids maxi­mum et, de plus, la proxi­mi­té des élec­tions natio­nales, les deux évé­ne­ments étant pour novembre) vou­lait se débar­ras­ser, de n’importe quelle façon, du pro­blème des fri­go­ri­fiques, et les tra­vailleurs, qui chô­maient depuis un an, vou­laient tra­vailler, de n’importe quelle façon, c’est-à-dire sous n’importe quel régime, qu’il fût patro­nal, d’État ou coopé­ra­ti­viste. Telle est la véri­té pure et simple.

Mais aucun groupe finan­cier ne s’offrit à ache­ter les fri­go­ri­fiques fer­més. L’État, pour sa part, n’en vou­lait pas, même en cadeau. Les éle­veurs — qui forment la classe la plus rétro­grade du pays — demeu­rèrent com­plè­te­ment pas­sifs ; ils pen­saient pou­voir écou­ler leur mar­chan­dise par l’intermédiaire de l’abattage clan­des­tin, des fri­go­ri­fiques encore en fonc­tion, faire pas­ser la fron­tière du Bré­sil à ce qui leur res­te­rait de bétail sur pied, et se consa­crer ensuite à la pro­duc­tion de céréales ou à l’élevage des moutons.

L’avenir était réel­le­ment sombre. Mais les diri­geants syn­di­caux et les ouvriers du fri­go­ri­fique Arti­gas ne fai­blirent pas dans leur inten­tion de rou­vrir les usines fer­mées, et comme nos propres diri­geants étaient simul­ta­né­ment diri­geants de la Fédé­ra­tion auto­nome de la Viande, et pou­vaient comp­ter sur l’appui de quelques diri­geants du Swift, du Fri­go­ri­fique Natio­nal, du Syn­di­cat des trans­por­teurs de bétail et de l’Association des employés de l’industrie fri­go­ri­fique, ils firent pres­sion sur le gou­ver­ne­ment en lui don­nant l’impression que la Fédé­ra­tion ouvrière de l’industrie de la viande et déri­vés (auto­nome) favo­ri­sait la solu­tion coopé­ra­ti­viste. Nos cama­rades comp­taient éga­le­ment sur un autre appui ines­ti­mable : le gérant du fri­go­ri­fique Arti­gas, le super-inten­dant, les chefs de ser­vices, la majo­ri­té des tech­ni­ciens et des spé­cia­listes for­maient une équipe sans fis­sure ; Uru­guayens, ils consi­dé­raient comme une héré­sie éco­no­mique le taris­se­ment pro­vo­qué d’une source de tra­vail et de richesse comme ce fri­go­ri­fique où ils avaient pas­sé une grande par­tie de leur vie, et ils se mirent à la dis­po­si­tion du Syn­di­cat des ouvriers et ouvrières d’Artigas pour assu­rer la res­pon­sa­bi­li­té de l’administration et de la direc­tion tech­nique de l’établissement. C’était là, pour ain­si dire, l’état-major dont avait besoin l’armée du tra­vail pour sor­tir vic­to­rieu­se­ment de cette ter­rible aven­ture qui consis­tait à vou­loir, pour la pre­mière fois en terre amé­ri­caine, tra­vailler sans patrons.

Le gou­ver­ne­ment, aver­ti de cette situa­tion, et croyant que toute la Fédé­ra­tion de l’industrie de la viande était d’accord, se déci­da fina­le­ment à pré­sen­ter à l’Assemblée Géné­rale (pou­voir légis­la­tif) un mes­sage et un pro­jet de loi exo­né­rant d’impôts la tran­sac­tion pro­je­tée, et fixant les normes juri­diques de la nou­velle socié­té que nous, les ouvriers, nous nous pro­po­sions de consti­tuer dans le but de pou­voir « ache­ter » les éta­blis­se­ments fer­més. Le pro­jet devint loi fin octobre 1958.

C’est ain­si que, pour pou­voir ache­ter les fri­go­ri­fiques, les tra­vailleurs de l’Artigas et du Swift se consti­tuèrent en socié­té dénom­mée : « Esta­ble­ci­mien­tos Fri­go­ri­fi­cos del Cer­ro, Socie­dad Anó­ni­ma » (E.F.C.S.A.).

  • 1
    Publiée dans le Bul­le­tin de la Com­mis­sion Inter­na­tio­nale de liai­son ouvrière.
  • 2
    Quar­tier ouvrier de Mon­te­vi­deo, où sont situés la plu­part des éta­blis­se­ments frigorifiques.
  • 3
    N. de la R. — Grands pro­prié­taires terriens.
  • 4
    N’oublions pas que, selon les chiffres don­nés aupa­ra­vant, les tra­vailleurs des « fri­go » sont dix mille en tout et que leur indus­trie est la plus impor­tante. Or, l’Uruguay compte 2.800.000 habi­tants, et ces « fri­go » furent une créa­tion du capi­tal étran­ger… (N. de la R.)

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