La Presse Anarchiste

À travers le Monde

Pologne

Nous aime­ri­ons ne pas pass­er sous silence la sit­u­a­tion de la Pologne, mais nous avouons que des ren­seigne­ments sérieux nous man­quent encore. C’est un évi­dent bour­rage de crânes que de par­ler des « cap­i­tal­istes polon­ais con­tre les pro­lé­taires russ­es » ; et, d’antre part, on ne saurait oubli­er que les Polon­ais allèrent à Kiyev eu con­quérants. Notre espoir d’une paix sérieuse de la Bal­tique aux Carpates est surtout appuyé sur la volon­té des tra­vailleurs occi­den­taux — cheminots et marins — de ne trans­porter aucune munition.

L’Ukraine aus­si attire notre sym­pa­thie ; nous voudri­ons qu’elle puisse émerg­er et suiv­re son évo­lu­tion pro­pre ; les Pilzud­s­ki, Wrangel et Trotz­ki qui pré­ten­dent la pro­téger, ou aspirent à le faire, ne sont autres que des enne­mis pour elle.

[/P.R./]

Italie

Pour être com­plets, notons encore ici quelques faits : 

La Fédéra­tion patronale ital­i­enne se pré­parait à faire un « lock-out » général pour con­tre­car­rer les reven­di­ca­tions de leurs ouvri­ers qu’ils trou­vaient trop exigeantes. Les syn­di­cats ouvri­ers avant que ne fût décidée la fer­me­ture des usines, décidèrent d’agir dans un mou­ve­ment unanime, et résolurent de rester à leurs postes respec­tifs. Chose remar­quable, ce mou­ve­ment d’ensemble s’effectua presque sans effu­sion de sang, et il fut suivi par un ordre et une dis­ci­pline remar­quable de la part des ouvri­ers qui sem­blaient n’avoir qu’un but, se met­tre au tra­vail et pro­duire ; c’est ce qu’ils firent d’ailleurs. Chose non moins remar­quable, les révoltés n’avaient point du tout l’intention d’exproprier com­plète­ment les maîtres de forge, puisqu’ils dirent à ceux-ci : « Nous allons don­ner à vos usines un max­i­mum de pro­duc­tion, mais il fau­dra nous rétribuer en con­séquence. » Les patrons lais­sèrent faire, mais ils déclarèrent qu’ils ne pay­eraient jamais aucun salaire à leurs ouvri­ers tant que ceux-ci tra­vailleraient sous le régime du dra­peau rouge. De leur côté, les ingénieurs et les ouvri­ers tech­ni­ciens, refusèrent de recon­naître l’autorité des Con­seils d’ouvriers. D’autre part, les autorités civiles et mil­i­taires ne firent aucune inter­ven­tion sérieuse pour enray­er le mou­ve­ment soviétiste ; elles n’intervinrent que, pour faire ren­dre à la lib­erté quelques ingénieurs et ouvri­ers tech­ni­ciens faits pris­on­niers par les rebelles syndicalistes.

Nom­breux sont les cas où les ouvri­ers métal­lur­gistes se sont lit­térale­ment bar­ri­cadés dans les usines : des sovi­ets ouvri­ers ont été con­sti­tués ; des « gardes rouges » font la ronde ; par-ci par-là on a dis­posé du fil bar­belé, hissé des mitrailleuses, voire instal­lé des canons sur les rem­parts ; dans cer­tains cas se sont pro­duites des col­li­sions avec les défenseurs de l’ordre capitaliste.

Ce mou­ve­ment par­ti de Turin, s’est éten­du à Milan, Alexan­drie, Plai­sance, Gênes, Sampier­dare­na, Savone, la Spezia, Livourne, Flo­rence, Rome, Naples. À Venise, les métal­lur­gistes ont pris pos­ses­sion de l’arsenal ; à Ancône, ils ont occupé un chantier naval.

Il est bon de remar­quer que ces métal­lur­gistes appar­ti­en­nent à la C.G.T., et que cette organ­i­sa­tion ouvrière est entière­ment sous le con­trôle du Par­ti Social­iste. Or, les chefs de ce par­ti, les mêmes qui se sont déclarés avec tant de véhé­mence en faveur des théories et des pra­tiques des bolchevistes russ­es, et ont prêché autant qu’ils ont pu la révolte à out­rance, con­damnent aujourd’hui un mou­ve­ment qui est en grande par­tie l’œuvre de leur pro­pa­gande. Il est vrai que tous ces politi­ciens se sont assagis depuis que 216 des leurs ont pu par­ticiper à cette grande assi­ette au beurre que con­stitue le Par­lement italien.

Labri­o­la, min­istre du Tra­vail social­iste, con­tre les déci­sions de son par­ti, se dis­tingue par son activ­ité à com­bat­tre les inten­tions ouvrières qu’il con­sid­ère comme étant trop pré­ten­tieuses. D’un com­mun accord, avec les chefs du Par­ti, il con­damne l’action des métal­lur­gistes qu’il veut ramen­er à des sen­ti­ments plus dis­ci­plinés et plus soumis.

Grande-Bretagne

La Fédéra­tion des Mineurs au nom­bre de 1.200.300 mem­bres, vient de décider la grève générale par un vote de plus de deux tiers, exprimé par voie de référen­dum. Mal­gré une telle déci­sion, la grève n’apparaît pas comme étant immi­nente. Les chefs union­istes tem­po­risent et dis­cu­tent avec les hommes du gou­verne­ment ; un accord sem­ble possible.

Les reven­di­ca­tions de ces pro­lé­taires sont certes très jus­ti­fiées ; ils affir­ment, en sub­stance, que l’industrie s’est suff­isam­ment enrichie pour pou­voir dimin­uer le coût de la vie et accorder des aug­men­ta­tions de salaire. Les mineurs, sont par­faite­ment doc­u­men­tés sur toutes les choses de leur indus­trie ; c’est qu’ils ont avec eux des com­pé­tences de pre­mier ordre. Par­mi celles-ci, il con­vient de citer Sir Léo Chioz­za Mon­ey, un social­iste qui se dis­tin­gua comme organ­isa­teur indus­triel dans le min­istère des Muni­tions et dont l’autorité est admise dans tout le Roy­aume-Uni. Ce cama­rade, par­lant des béné­fices réal­isés sur le char­bon, 1° par les pro­prié­taires fonciers ; 2° par les exploitants des mines, et 3° par le gou­verne­ment, con­clut que ces béné­fices approchent du chiffre de 100.000.000 de livres ster­ling par an, soit au pair 2.500.000.000 de francs. Cet émi­nent social­iste proteste con­tre la taxe de 66.000.000 de livres ster­ling que le gou­verne­ment vient d’imposer sur le char­bon. Il con­sid­ère cette impo­si­tion comme étant injuste, et cru­elle, car affirme-t-il, c’est surtout, les class­es pau­vres qui auront le plus à en souf­frir. Si le gou­verne­ment a besoin d’une telle somme, il devrait la prélever sur le peu­ple entier, mais d’une façon plus équitable.

Nous croyons pou­voir augur­er que la grève des mineurs sera évitée et qu’il sera fait droit à une grande par­tie de leurs revendications.

Dans un dernier rap­port, les représen­tants des mineurs affir­ment que le gou­verne­ment bri­tan­nique prélève un revenu annuel de 66.000.000 de livres ster­ling sur la vente du char­bon à l’étranger, et deman­dent à quoi est employée cette somme.

[/Laurent Casas./]


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