La Presse Anarchiste

Bibliographie

La Val­lée de la Lune

Une vieille barbe du libéral­isme économique con­sid­érait que la guerre, l’inondation et l’incendie étaient les trois ter­ri­bles fléaux des sociétés humaines. Afin de se préserv­er de leurs rav­ages, on élève des digues con­tre l’inondation, on con­stru­it des appareils pour com­bat­tre les incendies, on entre­tient des arme­ments pour se préserv­er de la guerre. Telles calino­tades con­flu­ent à peine au para­doxe. Mais il est des théories qui attes­tent des men­tal­ités de can­ni­bales ; ce sont celles des apol­o­gistes de la Force, et de la libre-con­cur­rence du strug­gle for life qui tien­nent la guerre pour une néces­sité sociale, un remède sou­verain qui décon­ges­tionne par des saignées salu­taires et péri­odiques, les par­ties surpe­u­plées du globe. La guerre, pensent-ils, stim­ule l’activité des hommes et fait éclore dans leurs âmes les fleurs rares du sac­ri­fice et de l’héroïsme. Pen­dant une paix trop longue l’énergie humaine s’amollit dans le con­fort égoïste et l’intelligence s’endort au ron­ron des petites ver­tus ! La com­plex­ion crim­inelle de ces « bons gorilles » n’a pas été sérieuse­ment entail­lée par le sou­venir d’événements trag­iques ou douloureux, par la chris­ti­cul­ture, par l’éducation morale…

Voltaire a écrit un petit chef‑d’œuvre, imité des voy­ages de Gul­liv­er. Micromé­gas est l’habitant d’une planète qui gravite autour de Sir­ius. Il aurait, dit l’auteur, fait plusieurs voy­ages « sur notre petite four­mil­ière », qui a dû lui appa­raître comme le séjour de sélec­tion de la bêtise orgueilleuse et cruelle.

Le héros du roman de Hen­ry-Jacques est un doux philosophe, un habi­tant de la Lune. Il a atter­ri, par hasard, dans un secteur du front en pleine activ­ité. Le sol labouré pro­fondé­ment par l’artillerie lui sug­gère d’étranges con­sid­éra­tions géologiques. L’enchevêtrement furieux du bar­belé lui donne une idée de l’étrangeté de la flo­re terrestre. 

Et ces êtres vêtus de bleu, casqués et masqués, cou­verts de boue, quelle espèce zoologique imprévue ! Le bon Sélénite est con­sterné quand il décou­vre que les Ter­riens s’entretuent ! Il y a de bien belles pages dans ce beau livre d’Henry-Jacques. Le lyrisme s’y voile déli­cate­ment de mélan­col­ie et l’ironie dis­crète s’alimente de saine philosophie.

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Nous avons reçu :

Les Ver­ri­ers, par notre cama­rade Charles Delzant. Une brochure ; col­lec­tion de la Revue Médi­co-Sociale, 132, bd Exelmans.

Idées à l’envers, par André Ray­mond, chez Figu­ière, place de l’Odéon.

Ràzvràtirea Femeilor, de Th. Car­lyle, traduit en roumain par P. Musoiu. Une brochure de la Bib­liote­ca « Revis­tei Ideei », à Bucarest.

Una obra nec­es­saria, par Ant.-Bern. Cartel­las. Une brochure des Con­fer­en­cias Sys­tem­at­i­cas em pro­pa­gan­da da « Colmeia », à Per­nam­bouc (Brésil).


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