La plupart des lecteurs qui nous ont écrit depuis la parution du premier numéro se sont montrés satisfaits de la tenue de la revue et ils nous l’ont affirmé dans les termes les plus élogieux.
Quelques-uns seulement se sont appesantis sur la question, nous ont soumis leurs suggestions et fait leurs critiques — sur un ton amical, à part un seul qui nous a mal lus, mal compris, mal jugés en tout cas.
Deux ou trois voudraient que nous modifiions le format.
Impossible. Ne serait-ce que pour ceux d’entre vous qui désirez conserver la collection et la relier.
De même, pas possibilité maintenant de donner une couverture de meilleure qualité. Question de prix. Lorsque nous serons plus riches, nous demanderons à notre imprimeur un carton plus résistant et même un papier plus fort à l’intérieur.
Trois ou quatre camarades aimeraient que nous abandonnions l’idée de multiples rédacteurs et que nous nous en tenions à cinq ou six tout au plus — chacun d’eux disposant de dix à douze pages.
Nous ne pouvons agréer leur point de vue. Notre revue n’a pas été créée pour instruire cinq cents ou six cents lecteurs que rien ne rebute. Elle apparaîtrait vite comme un pensum à tous les autres qui n’hésiteraient pas à l’abandonner.
Douze à quinze articles de trois à quatre pages, voilà ce que nous souhaitons vous apporter avec de très courts papiers les séparant. Toutefois, nous nous inclinerons toujours lorsqu’un collaborateur ayant écrit un article d’une seule coulée aura besoin de sept à huit pages et même davantage.
Nous sommes aussi contre les « à suivre » dans un périodique ne paraissant que mensuellement. Une étude est-elle trop longue ? En ce cas, il est facile d’imiter nos amis Sergent et Laumière, de la publier en plusieurs fois, mais en s’arrangeant pour que chaque papier forme un Tout.
Notre intention n’est pas surtout de prêcher des convaincus. Si ceux-ci en nous lisant y trouvent leur compte et en éprouvent quelques satisfactions, tant mieux. Mais notre désir est de pénétrer également dans d’autres milieux que ceux ordinairement prospectés, et c’est alors que devra intervenir le vieux militant, celui dont l’éducation est suffisamment avancée, qui fera lire un article, prêtera sa revue et nous adressera des noms d’abonnés possibles.
Retenir l’attention de nouveaux venus, les intéresser ensuite, les convaincre après est plus utile, plus profitable à la cause de l’Homme que se contenter d’entretenir la foi de quelques convertis endurcis.
Notre ambition est de parvenir à faire une revue qui soit lue par un nombre croissant de lecteurs.
Et, revenant au sujet, je suis au regret d’avertir que Défense de l’Homme ne pourra insérer ni manifestes, ni ordres du jour, ni les communications de réunions ou annonces de manifestations diverses — nous en serions inondés et la revue en deviendrait illisible.
Un mot, pour terminer, à mes camarades du Libertaire qui ont écrit sur nous avec une plume acérée et trempée dans une encre qui ne nous était pas sympathique. C’est bien leur droit et c’est sans doute aussi de leur âge.
Dire que leur charge ne m’a pas affecté qui le croirait, et que je n’aurais pas préféré une main tendue plus fraternellement personne n’en doutera. Car, avant d’étendre notre désir de paix à toute la planète, il me plairait de le voir se concrétiser au sein même de ma propre famille d’élection.
[/L. L./]