La Presse Anarchiste

Dans notre courrier

Du cama­rade M. de Paris :

« Il me semble que la conclu­sion à « pré­ju­gés racistes » est confuse et pas assez vaste. Car la vraie rai­son du racisme, à part la reli­gion, (catho­liques et juifs) à part l’économie (pauvres « blancs », et chi­nois ou nègres) c’est la sexua­li­té. Ces fari­boles de races, cou­leurs, sont la pas­sion qu’exerce un groupe, une socié­té contre les étran­gers et le prin­ci­pal fon­de­ment de cette socié­té est le mariage. Pour­quoi accuse-t-on les nègres de viols aux USA ? Parce qu’ils prennent les femmes, et c’est là qu’est le point sen­sible du racisme. On ne demande jamais : « que pen­se­rais-je si mon fils épou­sait une jaune », on dit « que pen­se­rais-je si ma fille épou­sait un jaune ».

Tout racisme se base sur l’inégalité de l’homme et de la femme dans un groupe ; si on per­met à la rigueur au mâle d’épouser une femelle étran­gère, (parce qu’une femme n’est pas dan­ge­reuse), en revanche le groupe se sent vio­lé si une femme prend un mâle d’un autre groupe (car les hommes du groupe de la femme sont offensés).

Ain­si le racisme est-il fonc­tion de la morale sociale, et il ne peut dis­pa­raître qu’avec cette morale, au pro­fit bien sûr, d’une nou­velle morale fon­dée sur une nou­velle société. »

D’un cama­rade de Leval­lois (Seine) :

« Sur la dif­fi­cul­té d’être anar­chiste » : « la flemme morale des lec­teurs, leurs habi­tudes d’exiger tout mâché, etc. ? Oui, mais du moment qu’on se décide à écrire il faut le faire en pro­fon­deur, il faut jus­te­ment le mâcher et le digé­rer. Sous pré­texte que chez les anars, il n’y a pas de « têtes pen­santes », on opte pour la faci­li­té, le super­fi­ciel. Il n’y a qu’à voir ce que le mou­ve­ment a don­né comme ouvrages depuis 1920.

« L’organisation » n’est pas à sa place dans cet article. Le pro­blème est mal posé : créer « l’homme anar­chiste » avant l’organisation, c’est un peu comme qui a été créé d’abord, la poule ou l’œuf ? C’est une prise de posi­tion indi­vi­dua­liste voir boud­dhiste, gand­histe, mais si l’on peut créer l’homme anar­chiste sans (ou avant) l’organisation spé­ci­fique de com­bat et d’éducation, on peut dire qu’on peut créer l’humanité de demain, bien­heu­reuse ou anar­chiste, sans pas­ser par la révo­lu­tion. L’homme anar ne peut se pas­ser de son orga­ni­sa­tion et vice-versa.

« La qua­li­té ou la quan­ti­té » ? une nou­velle recrue tous les 15 mois ou dix nou­veaux adhé­rents tous les mois ? C’est selon. Les deux sont valables. La qua­li­té n’est pas for­cé­ment liée au petit nombre.

Tout a fait d’accord pour la démys­ti­fi­ca­tion. Et pour le reste ».

Du cama­rade R.F. de Stras­bourg :

« … Ton pre­mier papier sur la « dif­fi­cul­té d’être anar », m’avait un peu inquié­té dans le mesure où l’accent mis sur la morale « éthique liber­taire », annonce en géné­ral une posi­tion de repli, genre indi­vi­dua­liste, ou édu­ca­tion­niste. Mais le deuxième papier remet bien les choses en place, rigueur morale dans l’action, le com­bat social et révo­lu­tion­naire de tous les jours. D’accord tout par­ti­cu­liè­re­ment avec ta réac­tion contre la démis­sion et l’abdication du gars face aux « pen­seurs ». Mais peut-être n’as-tu pas envi­sa­gé une dif­fi­cul­té pré­li­mi­naire à la dif­fi­cul­té d’être anar­chiste : la dif­fi­cul­té de gar­der la conscience d’être anar­chiste, la conscience de ce que ça implique sur tous les plans. Rien ne s’use si faci­le­ment que la conscience révo­lu­tion­naire, quand on n’est pas vrai­ment contraint à la bagarre, par une pres­sion exté­rieure, éco­no­mique et poli­tique, ou pris dans un grand mou­ve­ment col­lec­tif. Dans ce sens, d’autres papiers de votre der­nier numé­ro allaient bien avec le tien : le racisme, le contrôle des nais­sances. D’où l’importance aus­si comme tu le dis, de par­ve­nir à for­mer un nombre plus res­treint de gars plu­tôt que d’en teindre un paquet ». 

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