La Presse Anarchiste

Devant la Vie

L’Énergie est la seule vie. L’énergie est le seul délice.

William Blake.

La poé­sie âpre des luttes
est sau­vage et belle
comme la foudre et l’étincelle
jaillie du choc des éléments.

Foin des zéphyrs et des bocages,
foin des mignons petits sonnets
où minau­dèrent d’autres âges,
foin des vieux parcs et des bosquets,
foin des décors
en car­ton pâte.
La vie est là qui nous appelle :
ne tré­bu­chons plus sur les morts.

La vie à chaque jour est une vie nouvelle.
Humons le matin frais et non pas le relent
des enti­tés défuntes.
Oublions les mar­quis pou­drés et les Philinthe :
la vie est là dans le fra­cas bru­tal des nou­veaux temps
la vie, la vie sonore, la vie pleine,
dans le défer­le­ment des volon­tés humaines.

[|* * * *|]

Qui chan­te­ra l’ample beau­té de l’acte
et la pure beau­té du geste véhément ?
Qui chan­te­ra le rêve ardent
du Vou­loir riche et neuf bon­dis­sant hors des crânes ?

Qui chan­te­ra les soleils pourpres de demain,
et l’apaisement flou de la tempête
et la houle qui roule au dedans de nos têtes,
et la sain­te­té créa­trice de nos mains ?

Qui chan­te­ra notre révolte aux mille gueules,
aux mille bras ?
Qui chantera
notre dégoût ven­geur des choses veules ?

[|* * * *|]

Le fer rou­gi fuse en étoiles sous le marteau.
Et les concepts incan­des­cents fusent, si beaux
dans la bataille,
que les autres petits cerveaux
ne sont plus auprès d’eux que méchants feux de paille.

Par les soirs embra­sés d’idées tumultueuses
le ton­nerre des mots hurleurs
claque au sein des lourdes rancœurs,
et l’éclair prompt des pen­sées neuves illu­mine la nuit des cœurs……

Oh ! ces longs soirs fié­vreux ou bra­sille le verbe,
où le Futur s’affirme en lettres d’or……
Oh ! ces soirs de superbe
où flambe un idéal sur la ville qui dort !

[|* * * *|]

Chan­tez, chan­tez, petits poètes,
le prin­temps et ses pâquerettes.
Chan­tez, chan­tez, ô philistins,
raclez, raclez tout le gratin
que lais­sèrent au fond des âges
vos devan­ciers en badinage.

[|* * * *|]

Pour nous la vie est là qui nous appelle,
la vie, la vie sonore, la vie pleine,
dans le défer­le­ment des volon­tés humaines.

[/​Georges Vidal./​]

La Presse Anarchiste