La Presse Anarchiste

L’Imposture Religieuse (Fragments)

[[Belle Édi­tion 400 pages. En vente à La Librai­rie Sociale, 9, rue Louis-Blanc. Paris (10e). Fran­co recom­man­dé : 8 fr. 50]]
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Le livre si impa­tiem­ment atten­du de notre ami et col­la­bo­ra­teur Sébas­tien Faure, vient de paraître.

Nous pen­sons qu’il pro­vo­que­ra une pro­fonde impres­sion dans tous les milieux qu’intéresse la ques­tion reli­gieuse et sa lec­ture sera extrê­me­ment pro­fi­table à tous nos camarades.

La Revue Anar­chiste qui a déjà publié plu­sieurs frag­ments de cet impor­tant ouvrage, en publie ci-des­sous quelques passages.

Au cours des 400 pages qui com­posent son œuvre, Sébas­tien Faure, éta­blit que l’Église, assoif­fée de domi­na­tion, a constam­ment mis tout en œuvre pour s’emparer de la direc­tion spi­ri­tuelle et tem­po­relle des peuples : Assis­tance et Ensei­gne­ment, d’abord ; Magis­tra­ture et Armée, ensuite ; Richesse, enfin. Elle a mis a contri­bu­tion tous les moyens.

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L’Église , la Magistrature et l’Armée

L’Assistance et l’Enseignement d’abord et au-des­sus de tout : « empa­rons-nous-en à tout prix ! » C’est à cette double conquête que l’Église a voué ses forces prin­ci­pales. Mais de quoi lui eût-il ser­vi de régner sut l’Enseignement et l’Assistance, si elle avait lais­sé hors du cycle de ses entre­prises les ins­ti­tu­tions de vio­lence qui sont néces­saires au salut des États et à la sau­ve­garde des pri­vi­lèges dont ils sont les repré­sen­tants et dont ils doivent être les gar­diens vigilants ?

L’Enseignement pré­pare et forme les indi­vi­dus au res­pect des auto­ri­tés et des croyances éta­blies ; il les incline à la sou­mis­sion et les entraîne à l’obéissance. L’Assistance émousse et, à la longue, tue l’instinct de révolte des affa­més ; elle pousse à la rési­gna­tion ceux qui souffrent des maux qu’engendre la misère ; à tra­vers le prisme men­teur de la cha­ri­té, le riche, bour­reau du pauvre, se trans­forme en bienfaiteur.

Néan­moins, la révolte gronde sour­de­ment et par­fois éclate dans les tem­pé­ra­ments fou­gueux et les cœurs inapai­sés. Il faut que l’Autorité se pré­mu­nisse contre ces actes de révolte. S’agit-il d’un geste indi­vi­duel ? La Police et la Magis­tra­ture sont là. S’agit-il d’une révolte col­lec­tive ? C’est le rôle de l’Armée de la répri­mer et de mater les insurgés.

Dans cet ordre d’idées et de faits, on peut dire que l’Assistance et l’Enseignement sont des pré­ven­tifs, la Magis­tra­ture et l’Armée des répres­sifs. Les uns et les autres tendent à l’asservissement des foules oppri­mées et exploitées.

Trop avi­sée pour ne pas dis­cer­ner l’importance de ces ins­ti­tu­tions de vio­lence, l’Église n’a pas com­mis la faute de s’en dés­in­té­res­ser. Magis­tra­ture, police, armée, sont, par essence des ins­ti­tu­tions d’État et l’Église ne pou­vait décem­ment ten­ter de les absor­ber ouver­te­ment. Mais l’action judi­ciaire, poli­cière et mili­taire se conforme au souffle qui l’anime et se modèle sur l’esprit des magis­trats, des poli­ciers et des sol­dats qui la dirigent. En consé­quence, il s’agit, pour l’Église, de peu­pler les pré­toires et les casernes de créa­tures qui lui soient dévouées. Il s’agit sur­tout d’installer ses hommes de confiance aux postes les plus élevés.

C’est ce que fit l’Église, c’est ce qu’elle fait encore.

Avant la Révo­lu­tion, les hauts Magis­trats et Poli­ciers se recru­taient dans la noblesse, ain­si du reste que les Chefs des Armées : Noblesse de robe et noblesse d’épée.

Or, nous savons que la noblesse était tout acquise à l’Église et celle-ci ne man­qua jamais de pous­ser aux charges les plus impor­tantes les hommes qui lui appar­te­naient corps et âme. Lorsque, d’aventure, un grand per­son­nage ayant rang par­mi les chefs de l’Armée ou de la Magis­tra­ture, ne lui offrait pas de suf­fi­santes garan­ties, elle met­tait en mou­ve­ment son cré­dit, usait de son influence sur le roi, fai­sait agir contre le sus­pect ses rela­tions et, peu scru­pu­leuse sur le choix des moyens, arri­vait à le délo­ger du poste qu’il occu­pait et à l’y rem­pla­cer par un homme à sa discrétion.

Depuis que les titres de rente ont suc­cé­dé aux titres de noblesse dans la ges­tion des affaires publiques, depuis que l’aristocratie bour­geoise a pris la place de l’aristocratie nobi­liaire, l’Église s’est ser­vie des barons de la finance, du com­merce, de l’industrie et de la grande pro­prié­té ter­rienne, comme elle avait domes­ti­qué leurs prédécesseurs.

De nos jours encore, la Magis­tra­ture et l’Armée sont infes­tées d’étoiles et d’hermines dont les por­teurs ne croient guère aux âne­ries catho­liques, mais qui, par le monde qu’ils fré­quentent, par leurs femmes et leurs filles, par l’avancement qui les lie, par les pro­tec­tions qu’ils uti­lisent, par la crainte que leur ins­pirent le par­ti-prêtre et la presse catho­lique, se croient tenus de ser­vir les inté­rêts de l’Église, d’accepter ses vues et de subir son impulsion.

Au demeu­rant, l’Église, la Magis­tra­ture et l’Armée sont comme trois rivières dis­tinctes dont les eaux se rejoignent au confluent, s’y fusionnent et se confondent. L’État est leur point de jonction.

J’ai fait une obser­va­tion qui a sa place ici et qu’il ne me paraît pas inutile de consi­gner : j’ai remar­qué, que, de nos jours, l’État manque de sol­li­ci­tude envers ceux à la for­ma­tion des­quels il a pré­si­dé et qui sont aptes à le servir.

Voi­ci un jeune homme qui sort d’une famille où l’esprit libé­ral et démo­cra­tique est de tra­di­tion. Il a fait toutes ses études au lycée. Il étu­die la méde­cine, le droit, les lettres, les sciences ou les arts. Il devient avo­cat, méde­cin, magis­trat, pro­fes­seur, offi­cier, artiste ou bien com­mer­çant, indus­triel, ingé­nieur. Il pos­sède les plus pré­cieuses qua­li­tés d’intelligence, de tra­vail, d’initiative, de per­sé­vé­rance. Le voi­là livré à lui-même ; qu’il se débrouille comme il pour­ra ! C’est à lui de se tailler une situa­tion enviable et de par­ve­nir, par son seul effort et son propre mérite, aux posi­tions brillantes qu’il convoite. S’il réus­sit, tant mieux ; s’il végète, tant pis.

En voi­ci un autre : sa famille est pieuse, il est éle­vé reli­gieu­se­ment ; il fait ses études chez les Jésuites ; comme le pré­cé­dent, il acquiert des connais­sances spé­ciales et devient avo­cat, méde­cin, magis­trat, pro­fes­seur, offi­cier, artiste ou bien com­mer­çant, indus­triel, ingé­nieur. Quelle que soit la pro­fes­sion qu’il exerce ou la car­rière qu’il embrasse, ses édu­ca­teurs l’escortent dans la vie, le sou­tiennent, le poussent, le recom­mandent, le font appré­cier, vantent ses mérites, célèbrent ses qua­li­tés, s’intéressent à son avan­ce­ment, favo­risent ses suc­cès, excusent ses fautes, exaltent ses ver­tus, l’aident à tra­ver­ser les crises pas­sa­gères ; ils ne lui mar­chandent pas les appuis qui lui sont néces­saires ; démarches, recom­man­da­tions, concours et encou­ra­ge­ments de toute nature, ils ne lui refusent rien.

Faut-il s’étonner ensuite si les meilleures places, les situa­tions les plus brillantes, les postes les plus éle­vés, les trai­te­ments les plus avan­ta­geux et les com­bi­nai­sons les plus lucra­tives sont acca­pa­rés par ceux que le popu­laire appelle « les échap­pés de Jésui­tières » ? Et n’est-il pas natu­rel que l’Église récolte en consi­dé­ra­tion, en influence et en dévoue­ment ce qu’elle sème en atten­tions, en sol­li­ci­tudes, en concours, en ser­vices rendus ?

J’estime que de la pro­tec­tion dont elle accom­pagne, leur vie durant, ceux qui lui sont fidèles, l’Église tire une de ses forces principales.

l’Église et la Richesse

Le trait qui, selon moi, doit por­ter au plus haut point l’étonnement chez qui­conque étu­die sérieu­se­ment l’histoire de l’Église, c’est l’énormité de sa richesse Les tré­sors accu­mu­lés par l’Église, mal­gré les dépenses consi­dé­rables qu’elle a constam­ment faites, sont véri­ta­ble­ment immenses et je ne crois pas qu’il y ait au monde une per­sonne ou une asso­cia­tion qui pos­sède une aus­si colos­sale fortune.

Si l’Église était une entre­prise com­mer­ciale, indus­trielle, agri­cole ou finan­cière, si ces opé­ra­tions étaient de négoce ou de banque, cet entas­se­ment de mil­liards pour­rait s’expliquer. Héri­tage constam­ment accru et fidè­le­ment trans­mis, res­sources gros­sis­sant sans cesse, dou­blant, tri­plant, de siècle en siècle, avoir fai­sant boule de neige par l’extension régu­lière du champ d’opérations, capi­tal s’enflant dans la mesure où les moyens de pro­duc­tion, de trans­port et d’échange se mul­ti­plient et se per­fec­tionnent, chiffre d’affaires en rap­port avec l’importance et le nombre tou­jours crois­sant des mar­chés ouverts ; tout cela consti­tue­rait un concours de cir­cons­tances sur­pre­nant mais non impossible.

Ce qui bou­le­verse toutes les notions acquises sur l’origine et le déve­lop­pe­ment de la richesse, ce qui cham­barde toutes les lois de l’économie poli­tique, c’est que l’Église, n’étant ni un comp­toir com­mer­cial, ni un éta­blis­se­ment finan­cier, la for­tune colos­sale qu’elle pos­sède n’est due à aucune des opé­ra­tions aux­quelles s’alimentent ces entreprises.

J’entrevois bien une autre expli­ca­tion : l’Église aurait for­mé, depuis des siècles, une vaste, une gigan­tesque asso­cia­tion de tra­vailleurs. Met­tant en com­mun le pro­duit de leur tra­vail et rédui­sant à l’extrême leurs besoins, ces pro­duc­teurs auraient ain­si réa­li­sé, par l’écart entre leurs salaires et leurs dépenses, des éco­no­mies qui, régu­liè­re­ment addi­tion­nées, auraient, auto­ma­ti­que­ment, par le simple cumul de ces épargnes quo­ti­diennes, atteint cette incal­cu­lable richesse.

Mais tout le monde sait que cette expli­ca­tion est de pure ima­gi­na­tion et qu’elle repose sur une hypo­thèse que contre­dit la véri­té. Nul n’ignore que, du pape au plus modeste clerc, en pas­sant par la kyrielle des car­di­naux, évêques, cha­noines, curés, vicaires, moines et nonnes qui portent robes et sou­tanes, tous vivent de l’autel. Ils consomment mais ne pro­duisent rien ; leur unique tra­vail est de moudre des ore­mus, et ce tra­vail ne fait pas pous­ser une lentille.

Et pour­tant la fabu­leuse richesse de l’Église n’est pas de pure ima­gi­na­tion ; ce n’est ni une hypo­thèse, ni une légende. C’est tout ce qu’il y a de plus posi­tif et certain.

Pour avoir une éva­lua­tion approxi­ma­tive de ce que peut être cette for­tune, il suf­fit de consul­ter les docu­ments qui furent ren­dus publics lors de la confis­ca­tion des biens du cler­gé, sous la Révo­lu­tion Française.

Voi­ci quelques chiffres :

Les bâti­ments des cou­vents de Paris valaient 150 mil­lions ; l’argenterie des églises était esti­mée à 200 mil­lions. Ces tré­sors n’étaient rien à côté des pro­prié­tés fon­cières : terres, bois, prai­ries, mai­sons, etc., qui, sui­vant le rap­port de Dupont de Nemours, au Comi­té ecclé­sias­tique de la Consti­tuante, rap­por­taient annuel­le­ment 190 millions.

Dans son dis­cours à la Consti­tuante (24 sep­tembre 1789), Treil­hard éva­lue ces biens fon­ciers à quatre mil­liards. Condor­cet affir­mait que le cler­gé jouis­sait d’un cin­quième de la for­tune nationale.

Il y avait des for­tunes ecclé­sias­tiques consi­dé­rables : Lomé­nie de Brienne, car­di­nal et ministre des finances sous Louis XVI pos­sé­dait 678.000 livres de reve­nus per­son­nels. Le car­di­nal de Rohan, arche­vêque de Stras­bourg, avait plus d’un mil­lion de livres de rentes annuelles. Les 399 Pré­mon­trés tou­chaient annuel­le­ment plus d’un mil­lion ; les 298 Béné­dic­tinq de Clu­ny : 1.800.000 livres ; ceux de Saint-Maur, au nombre de 1.672 : 8 mil­lions de livres, sans comp­ter une « somme à peu près équi­va­lente qui reve­nait aux Abbés et aux Prieurs. Les Arche­vêques et les Évêques, au nombre de 140, tou­chaient, en moyenne, cha­cun 1000.000 livres par an.

Si l’on tient compte que ces chiffres ne s’appliquent qu’à l’Église de France et à ses pro­prié­tés fon­cières et que ces sommes doivent être à peu près mul­ti­pliées par cinq pour les appli­quer à notre époque, n’ai-je pas rai­son de qua­li­fier de fabu­leuses les richesses de l’Église dans le monde entier ?

Pour celles-là, aucune éva­lua­tion, tant soit peu pré­cise, n’est pos­sible. Impos­sible de dres­ser l’inventaire des mil­liers, et des mil­liers d’églises où se célèbre le culte, des mil­liers et des mil­liers de cou­vents où vit un nombre consi­dé­rable de reli­gieux et de reli­gieuses, des mil­liers et des mil­liers d’hospices, d’hôpitaux, d’orphelinats, d’asiles, de refuges et de mai­sons de retraite, affec­tés, aux enfants, aux vieillards et aux malades qui y sont reçus, soi­gnés, hos­pi­ta­li­sés ; des mil­liers et des mil­liers d’écoles, col­lèges, pen­sion­nats, sémi­naires des­ti­nés à l’enseignement.

Impos­sible — et plus encore — de tra­duire en chiffres la valeur des tré­sors, œuvres d’art, joyaux, bijoux, orne­ments, métaux pré­cieux, vitraux, qui foi­sonnent dans les églises monu­men­tales, les cathé­drales magni­fiques et les opu­lentes basiliques.

On reproche amè­re­ment à l’Église de trop aimer l’argent ; on accuse les prêtres de cupi­di­té. À les voir dis­pu­ter âpre­ment le prix de cer­taines céré­mo­nies, à les entendre qué­man­der sans cesse pour les besoins de la paroisse et les œuvres de cha­ri­té, à consta­ter le com­merce scan­da­leux qu’ils pra­tiquent sur les âmes du pur­ga­toire et la pro­pa­ga­tion de la foi, on est por­té à trou­ver cette accu­sa­tion justifiée.

Il y a, en effet des prêtres qui, pour la rapa­ci­té, s’égalent aux doigts les plus cro­chus. Ce sont des hommes ; sur eux, comme sur les laïcs souffle le vent violent des puis­sions humaines ; prêtres, ils n’en res­tent pas moins expo­sés à toutes les fai­blesses. Ce n’est pas le pro­cès de ces prêtres que je fais. Je ne juge pas l’Église sur les membres de son cler­gé dont la conduite est un démen­ti per­ma­nent aux pieuses exhor­ta­tions qu’ils pro­diguent. Ce sont là petites et banales impos­tures, impu­tables à la fra­gi­li­té humaine et qui ne sont que pec­ca­dilles auprès de l’odieuse et grande impos­ture dont j’accuse l’Église tout entière.

Nom­breux sont les ecclé­sias­tiques pour qui le sacer­doce est un métier.

Le recru­te­ment du cler­gé ne s’opère pas sans dif­fi­cul­té, ni mécompte. Ils sont rares, à notre époque, les jeunes hommes qui ne sont pous­sés vers la prê­trise que par une voca­tion vierge de toute consi­dé­ra­tion qui lui serait étran­gère. Le mariage de ces jeunes gens avec l’Église est sou­vent de rai­son plus que d’inclination. Il faut pré­voir que de tels ecclé­sias­tiques recher­che­ront avant tout les pro­fits et avan­tages maté­riels que peut leur rap­por­ter la pro­fes­sion qu’ils ont choi­sie et, s’il est per­mis d’estimer scan­da­leuse l’avidité avec laquelle ils pour­suivent ces béné­fices maté­riels et l’usage qu’ils en font, il n’y a pas lieu d’en être autre­ment surpris.

Par contre, j’ai connu des reli­gieux et des prêtres, humbles, pauvres, dés­in­té­res­sés, vivant de peu, jeû­nant, se mor­ti­fiant. Ceux-là prennent leur apos­to­lat au sérieux ; pleins d’indulgence pour les fautes d’autrui, ils sont d’une farouche sévé­ri­té pour eux-mêmes. Ils vivent de peu et, se refu­sant tout confor­table, ils limitent leurs besoins au strict néces­saire. Eh bien ! Fait invrai­sem­blable et pour­tant scru­pu­leu­se­ment exact : je n’ai pas connu d’ecclésiastiques fai­sant à l’argent une chasse plus féro­ce­ment achar­née que ces saints-là.

L’excès même de leur dévo­tion les porte à accom­plir des pro­diges d’adresse et de zèle pour faire ren­trer dans le tré­sor de l’Église le plus d’or pos­sible. Rien ne leur paraît trop riche pour la parure des saints autels ; rien ne leur semble trop luxueux pour le taber­nacle et le ciboire où repose l’hostie consacrée.

Ils ne feraient pas une démarche, en vue d’un gain per­son­nel et ils en feront cent pour la répa­ra­tion ou l’édification d’une église ; ils ne sol­li­ci­te­raient pas cent sous pour eux-mêmes et ils s’épuiseront à réunir des mil­liers de francs pour une œuvre pie ; ils se feraient scru­pule de por­ter leurs propres dépenses au-delà de l’indispensable et ils n’hésiteront pas à recou­rir à l’intimidation et même au chan­tage pour enri­chir l’Église ; ils rou­gi­raient de se faire payer un ser­vice par un fidèle recon­nais­sant et ils se feront un devoir d’extorquer au même fidèle la forte somme au pro­fit de la paroisse ou d’une œuvre de cha­ri­té religieuse.

Les prêtres qui ne se refusent rien : bonne table, bon gîte et le reste, exploitent l’Église et ne lui rap­portent rien, alors que ceux qui se refusent tout et mènent une vie de pau­vre­té n’exploitent pas l’Église et lui rap­portent tout. On peut dire que, seuls, ces der­niers l’enrichissent. En sorte que — cette conclu­sion est para­doxale mais juste — ce n’est pas par la cupi­di­té de ses prêtres, mais bien par leur dés­in­té­res­se­ment que l’Église est deve­nue riche.

Et pour­tant ceux qui reprochent à l’Église ses immenses richesses ne se trompent pas en l’accusant de cupidité.

Oui, l’Église est cupide, elle l’est col­lec­ti­ve­ment ; elle l’est, en tant qu’institution qui se pro­clame de fon­da­tion divine, ayant reçu la mis­sion de faire régner Dieu sur la terre, de conqué­rir à Dieu l’humanité. Elle l’est, parce que dans les moyens quelle emploie pour accroître sans cesse son tré­sor, elle témoigne d’une absence de scru­pules et d’une avi­di­té inqua­li­fiables. J’ai déjà énu­mé­ré la plu­part de ces moyens ; ils sont d’ailleurs connus. Je n’y revien­drai donc pas, car elle n’aime pas l’argent pour lui-même ; si elle désire en avoir et tou­jours davan­tage, ce n’est pas qu’elle se com­plaise, tel l’avare, à entas­ser et à contem­pler ses tré­sors et ce n’est pas sans des motifs impé­rieux qu’elle a dési­ré être riche, très riche, colos­sa­le­ment riche.

Mais vou­lant conqué­rir et domi­ner le monde, elle a recon­nu que c’est la richesse qui assure la conquête et la domi­na­tion ; elle a com­pris que la faci­li­té de cette conquête et la force durable de cette domi­na­tion sont à la mesure de la for­tune des conqué­rants et des domi­na­teurs ; elle a obser­vé que tout s’incline devant la puis­sance de l’argent et que pour ouvrir toutes les portes, il suf­fit que la clef soit en or. Elle a consta­té que les pri­vi­lé­giés de la for­tune ont tou­jours for­mé et, plus qu’en aucun temps, forment aujourd’hui, une classe dont tous les membres sont unis et soli­da­ri­sés par les inté­rêts qui leur sont com­muns et for­te­ment ligués contre l’autre classe.

Elle n’a pas eu, dès l’origine, la vision nette de cet état de choses ; elle l’a acquise len­te­ment. C’est pour­quoi, pauvre, très pauvre au début, elle se mêla insen­si­ble­ment à la classe riche ; elle entre­prit de la gagner à sa cause ou, pour le moins, de l’y inté­res­ser. L’incessant spec­tacle des sei­gneurs et des rois gou­ver­nant les hommes par l’argent, pui­sant à pleines mains dans les coffres ali­men­tés par les rede­vances et les impôts, se créant, à la faveur de leur situa­tion et de leur richesses, des res­sources sans cesse plus énormes, inci­ta le cler­gé à en faire autant. Il était fatal que, enga­gée dans cette voie, l’Église cher­chât à recru­ter dans la classe riche ses évêques et ses prieurs, ses car­di­naux et ses papes. Il était fatal qu’elle s’éloignât gra­duel­le­ment de cet esprit de pau­vre­té qui, aux pre­miers siècles de la chré­tien­té, avait ani­mé la foi et engen­dré les martyrs.

Pro­gres­si­ve­ment, l’Église se déta­cha des biens du Ciel et s’attachant de plus en plus aux biens d’ici bas, par­ti­ci­pant tou­jours davan­tage à la direc­tion morale des États, elle se ren­dit compte que l’État n’est, somme toute, que l’expression poli­tique de la puis­sance économique.

Cette véri­té péné­tra le cler­gé : que le Gou­ver­ne­ment n’est que l’installation au pou­voir des forces d’argent et que, si le pou­voir domine le peuple, la richesse domine le pouvoir.

Alors, l’Église for­ma et réa­li­sa le pro­jet de se consti­tuer un patri­moine qui lui per­mit de riva­li­ser avec celui des plus opu­lents, de trai­ter d’égale à égale avec la classe au pou­voir et de par­ta­ger avec elle l’administration de la chose publique.

De plus, pour prendre et conser­ver l’Assistance et l’Enseignement, pour enva­hir la Magis­tra­ture et l’Armée, pour élar­gir son champ de domi­na­tion et sa zone d’influence, il fal­lait à l’Église de l’argent, encore de l’argent, et tou­jours de l’argent. Le pro­blème des res­sources finan­cières à se pro­cu­rer, d’un bud­get constam­ment plus lourd à équi­li­brer, impo­sait à l’Église deve­nant une puis­sance de plus en plus tem­po­relle et de moins en moins spi­ri­tuelle, l’obligation de se créer des res­sources tou­jours plus considérables.

Ayant des inté­rêts moraux et maté­riels à faire pré­do­mi­ner ou à défendre dans tous les pays, le Saint-Siège fut pla­cé dans la néces­si­té d’avoir des ambas­sa­deurs par­tout, d’organiser des ser­vices d’informations diplo­ma­tiques, de pos­sé­der des repré­sen­tants dans tous les Par­le­ments, de s’appuyer sur un par­ti catho­lique dans chaque nation et de fon­der une presse ayant la force de peser sur l’opinion.

Dans une Socié­té, où la richesse est le nerf de toutes les guerres, où l’état de guerre est per­ma­nent et sur tous les ter­rains, où tout s’achète parce que tout est à vendre, où sa Majes­té l’Argent gou­verne sou­ve­rai­ne­ment, la richesse est un atout indis­pen­sable à qui­conque prend part à la par­tie enga­gée. Qui n’a pas cet atout a per­du d’avance, quels que soient le sang-froid ou l’adresse qu’il apporte au jeu.

L’Église a enga­gé une par­tie dont l’enjeu n’est ni plus ni moins que la conquête du monde. Son adresse et son sang-froid sont incon­tes­tables. Cela n’est pas suf­fi­sant. Pour gagner la par­tie, il faut qu’elle dis­pose d’énormes capi­taux ; sinon elle sera bat­tue. L’Église sait cela et c’est parce qu’elle le sait que, tout en prê­chant, pour sau­ver les appa­rences, le mépris des richesses, elle pra­tique la plus vio­lente cupidité.

À cette impos­ture : « l’Église est la plus haute puis­sance morale du Monde », j’oppose cette véri­té : « l’Église est la plus for­mi­dable entre­prise d’escroquerie du Monde ! »

J’entends répé­ter à l’envi que « l’Église est la plus haute puis­sance morale du monde ». Cette affir­ma­tion, qu’ânonnent jusqu’à des adver­saires de l’Église, est tout sim­ple­ment absurde.

Aux siècles de fana­tisme reli­gieux, l’Église fut, en effet, la plus haute puis­sance morale du monde et j’ajoute qu’il était logique qu’elle le fût.

Mais, à notre époque ? — Quelle plai­san­te­rie ! Si l’Église était pauvre, si elle ne pos­sé­dait pas un peu par­tout des inté­rêts consi­dé­rables, si le monde ecclé­sias­tique n’avait pas ses grandes et ses petites entrées dans les châ­teaux et les palais, dans les salons hup­pés et les bou­doirs élé­gants, s’il n’y avait pas une banque, un négoce, une indus­trie, une pro­prié­té catho­liques, s’il n’y avait pas dans les grandes admi­nis­tra­tions publiques et pri­vées : minis­tères et pré­fec­tures, éta­blis­se­ments de cré­dit, com­pa­gnies d’assurances et de che­mins de fer, socié­tés houillères et métal­lur­giques, grands maga­sins et vastes usines, une nuée de direc­teurs, chefs de bureaux et de ser­vices, ingé­nieurs et tech­ni­ciens, qui doivent leur situa­tion à des pro­tec­tions, influences et recom­man­da­tions catho­liques, si les conseils d’administration des grandes entre­prises finan­cières et indus­trielles n’étaient pas, en majeure par­tie, com­po­sés de capi­ta­listes catho­liques ou dévoués à l’Église, même quand ils sont juifs, pro­tes­tants ou libre-pen­seurs, si le capi­ta­lisme catho­lique n’était pas une puis­sante orga­ni­sa­tion ayant ses char­gés d’affaires : chefs d’État, ministres, diplo­mates, géné­raux, aca­dé­mi­ciens, par­le­men­taires, jour­na­listes, magis­trats, poli­ciers, fonc­tion­naires de toutes caté­go­ries, etc. etc… Si en un mot, l’Église, au lieu d’être immen­sé­ment riche était pauvre et ne pou­vait recon­naître les bons offices de per­sonne ; si sa seule force se trou­vait dans ses dogmes, ses pré­ceptes et ses ensei­gne­ments ; bref, si elle n’était qu’une puis­sance morale, on aurait tôt fait d’apercevoir sa pro­fonde débi­li­té ; on ver­rait ce châ­teau de cartes s’effondrer au moindre vent.

À cette impos­ture : « L’Église est la plus haute puis­sance morale du monde », j’oppose cette véri­té : « L’Église est la plus for­mi­dable entre­prise d’escroquerie du monde ».

Autant la pre­mière affir­ma­tion est fausse, autant la seconde est exacte. Autant il est dif­fi­cile de jus­ti­fier la pre­mière, autant il est aisé de jus­ti­fier la seconde.

Qu’entend-on par escro­que­rie ? Le Petit Larousse illus­tré donne de l’escroquerie cette défi­ni­tion qui a le mérite d’être pré­cise et lim­pide : « L’action d’obtenir le bien d’autrui par des manœuvres frauduleuses ».

Or, il est prou­vé que l’Église ne doit pas ses biens « à son propre tra­vail », qu’elle ne les doit pas davan­tage à des opé­ra­tions de com­merce, d’industrie, d’agriculture ou de banque. Il convient donc de cher­cher ailleurs la source des biens fabu­leux qu’elle possède.

Il est notoire qu’ils lui viennent d’autrui, qu’elle les a obte­nus et conti­nu à les obte­nir d’autrui, que les biens qu’elle pos­sède ont pas­sé des mains d’autrui en ses mains. Com­ment cette opé­ra­tion a‑t-elle eu lieu ? Pour obte­nir le bien d’autrui, quels moyens l’Église a‑t-elle employés ou emploie-t-elle ? Ces moyens consti­tuent-ils des manœuvres frau­du­leuses ? À ces diverses ques­tions qui s’imposent, la réponse est facile ; elle est claire et caté­go­rique : pour obte­nir les biens d’autrui, l’Église a eu et a recours au men­songe, à la ruse, à la four­be­rie, au chan­tage, à un cré­dit ima­gi­naire, à de fausse pro­messes ; tous moyens, dont le carac­tère frau­du­leux ne peut être mis en doute.

Elle s’est dite et se dit char­gée par Jésus-Christ lui-même du man­dat de pour­suivre sur la terre son œuvre de véri­té, de jus­tice et d’amour. Et tous les chré­tiens qui sont épris de véri­té, de jus­tice et d’amour ont sou­te­nu et sou­tiennent de leurs deniers l’accomplissement de cette œuvre.

Or, aujourd’hui, autant et plus qu’il y a dix-neuf cents ans, le men­songe et l’hypocrisie règnent sur la terre d’où la véri­té devait les chas­ser. Et non seule­ment l’Église n’a rien fait et ne fait rien pour com­battre le men­songe, mais encore elle étouffe la véri­té et, quand elle ne peut pas l’étouffer, la traque avec fureur ; elle dis­cré­dite les por­teurs de flam­beaux et, si elle se borne, aujourd’hui, à pour­suivre de ses calom­nies et de sa haine ceux qui clament la véri­té, c’est qu’il ne lui est plus pos­sible de les empri­son­ner et de les torturer.

De nos jours, autant et plus encore qu’au temps du Christ, la Jus­tice est ban­nie et l’iniquité triomphe : la loi consacre et la force sanc­tionne l’iniquité fon­da­men­tale, celle sur laquelle repose toute la socié­té : la spo­lia­tion de la classe pro­duc­trice pair la classe para­si­taire. Mises au ser­vice de cette classe et de cette légis­la­tion de vol et de meurtre, la Magis­tra­ture, la Police et l’Armée aggravent cette ini­qui­té fon­da­men­tale en se mon­trant actuel­le­ment ce qu’elles furent tou­jours : douces et bien­veillantes aux riches, dures et impla­cables aux pauvres. Et non seule­ment l’Église n’a rien fait, ne fait rien pour l’abolition de cette légis­la­tion qui est un monu­ment de scé­lé­ra­tesse, mais encore elle approuve, en toutes cir­cons­tances, l’application sau­va­ge­ment inique qui en est faite par l’Armée, la Police et la Magistrature.

Jamais, peut-être, on ne s’est détes­té autant qu’à notre époque, jamais les polé­miques n’ont été plus per­fides, jamais les luttes n’ont été aus­si vio­lentes, jamais les déchi­re­ments n’ont été plus pro­fonds, jamais les riva­li­tés n’ont été plus ardentes, jamais les guerres n’ont été aus­si san­glantes, jamais les haines n’ont été aus­si acharnées.

L’Église qu’a‑t-elle fait de ce mes­sage de fra­ter­ni­té et d’amour que son Dieu, sur la croix, avait appor­té aux hommes ? Qu’est deve­nue, entre ses mains cette pro­messe de récon­ci­lia­tion et de paix que son Dieu avait signée de son sang et qui se renou­velle, chaque jour, sur l’autel, par le miracle de l’Eucharistie ? Non seule­ment l’Église n’a pas fait ces­ser une seule cause de conflit, mais encore elle a ajou­té à celles qui exis­taient déjà et, lorsqu’éclate une mons­trueuse guerre qui dresse des mil­lions d’hommes les uns contre les autres, l’Église ne se jette pas entre les com­bat­tants pour les sépa­rer, mais au contraire elle excite leur fureur de tue­rie et y participe.

N’est-il pas équi­table de dire que l’Église a filou­té, escro­qué, fli­buste, volé, les mil­lions qu’elle a obte­nus pour l’accomplissement de l’œuvre de véri­té, de jus­tice et d’amour qu’elle s’était enga­gée à poursuivre ?

L’escroquerie est, ici, patente.

Et les mil­lions qu’elle a ramas­sés et ramasse encore, pour le sou­la­ge­ment des âmes du pur­ga­toire et grâce au scan­da­leux tra­fic sur les céré­mo­nies reli­gieuses, les indul­gences, les reliques, les miracles, les dis­penses, les mis­sions apos­to­liques, les pèle­ri­nages, les annu­la­tions de mariage, ne les a‑t-elle pas extor­qués, en abu­sant de l’ignorance, de la cré­du­li­té ou de la démence de ceux dont elle convoi­tait les biens ?

Et les mil­lions qu’elle a obte­nus, et qu’elle conti­nue à obte­nir, au tri­bu­nal de la péni­tence, grâce au pou­voir, qu’elle s’attribue et qu’elle pré­tend tenir de Dieu, de lier et de délier au Ciel et sur la terre, ne les doit-elle pas à ce cré­dit ima­gi­naire et obte­nir le bien d’autrui à l’aide d’un cré­dit ima­gi­naire n’est-ce pas une escro­que­rie au pre­mier chef ?

Et les mil­lions qu’elle a arra­chés et arrache encore aux ago­ni­sants que ter­ro­rise la peur de l’inconnu, qu’horrifie la crainte de l’enfer, ne les vole-t-elle pas, à l’aide d’un chan­tage éhon­té, sur la fai­blesse d’esprit des moribonds ?

Et les mil­lions qu’elle a sou­ti­rés et sou­tire tou­jours aux naïfs à qui elle vend un fau­teuil d’orchestre aux concerts éter­nels, en leur per­sua­dant qu’alimenter le tré­sor de l’Église et les œuvres qu’il sou­tient, c’est être agréable à Dieu, c’est atti­rer sur soi et les siens les béné­dic­tions du Ciel, c’est inté­res­ser la Pro­vi­dence à la réus­site des pro­jets qu’on forme, c’est méri­ter et gagner le Para­dis et faire ain­si un excellent placement ?

C’en est assez. Ces moyens constam­ment employés par l’Église sont frau­du­leux ; ils le sont mani­fes­te­ment, indubitablement.

Donc il est vrai que « l’Église est la plus for­mi­dable entre­prise d’escroquerie que l’Histoire ait enregistrée ! »

Ce sera, pour nos petits neveux, un éton­ne­ment dont ils ne revien­dront pas, quand ils sau­ront que les chefs et les béné­fi­ciaires de cette gigan­tesque fli­bus­te­rie furent, pen­dant des siècles, véné­rés comme de pieux per­son­nages, consi­dé­rés comme des êtres d’une pro­bi­té scru­pu­leuse et d’une mora­li­té à toute épreuve ! Ils ne revien­dront pas de leur éba­his­se­ment, quand ils sau­ront que ces impos­teurs occu­paient dans le corps social les places les plus en vue et les situa­tions les plus brillantes, quand ils sau­ront que l’Église, cette asso­cia­tion inter­na­tio­nale d’escrocs, avait des nonces offi­ciel­le­ment accré­di­tés auprès de presque tous les Gou­ver­ne­ments et que presque tous les Gou­ver­ne­ments avaient, en retour, des ambas­sa­deurs offi­ciel­le­ment accré­di­tés auprès du chef suprême de cette redou­table asso­cia­tion de fli­bus­tiers et de maîtres chanteurs.

Il est vrai que lorsque nos petits-enfants sau­ront ces choses incroyables, ils sau­ront éga­le­ment que les États n’ont tou­jours été, eux aus­si, et ne peuvent être que de puis­santes entre­prises de vol et de bri­gan­dage. Ils sau­ront que l’Église et l’État ont tou­jours été les deux entre­prises de fli­buste et d’assassinat les plus astu­cieu­se­ment orga­ni­sées et qu’elles furent conju­guées dans le but de mas­quer leurs méfaits et de se prê­ter, en toutes cir­cons­tances, un mutuel appui.

Il est cepen­dant une stu­pé­fac­tion qui l’emportera sur celle que ne man­que­ra pas de pro­duire cette révé­la­tion : c’est celle qu’ils éprou­ve­ront à savoir que l’humanité du ving­tième siècle, qui s’enorgueillit avec rai­son de ses mer­veilleuses décou­vertes, ait eu l’inconcevable stu­pi­di­té de ne pas aper­ce­voir l’imposture cri­mi­nelle de ces deux asso­cia­tions de mal­fai­teurs ou bien, si elle la connais­sait, la lâche­té de la tolérer.

La Presse Anarchiste