La Presse Anarchiste

L’en-dehors

L’en dehors veut être un jour­nal vivant et vibrant, un jour­nal de com­bat en même temps que de culture indi­vi­duelle. Il se situe­ra réso­lu­ment à l’ex­trême gauche des divers mou­ve­ments anti­au­to­ri­taires. Dans tous les domaines, il pren­dra par­ti pour l’o­ri­gi­nal contre le rou­ti­nier, pour l’a­ven­tu­reux contre le timo­ré ; pour l’in­sou­mis contre l’es­clave ; pour le révol­té contre le men­diant. Il s’af­fir­me­ra pour qui­conque prend posi­tion en marge du bien et du mal juri­dique et conven­tion­nel, par delà les caté­go­ries sociales ou les cha­pelles idéo­lo­giques, contre les for­ma­listes, les endor­meurs, les pha­ri­siens, les tar­tuffes, les pros­ti­tués et les jugeurs. Il se pla­ce­ra du côté des vic­times de l’au­to­ri­té civile, mili­taire ou reli­gieuse ; des reje­tés et des mis au ban des socié­tés étayées sur la maî­trise des manieurs d’argent, la roue­rie des poli­ti­ciens de métier, le ser­vi­lisme des jour­na­listes d’industrie.

l’en dehors se dres­se­ra contre les indi­vi­dua­listes de coffre-fort ; les indi­vi­dua­listes bour­geois avoués ou hon­teux ; les arri­vistes à l’af­fût de tous les débou­chés pos­sibles, pour­vu qu’il leur four­nisse une chance de « par­ve­nir » ; les affai­ristes prêts même à renon­cer à l’ins­tru­ment-domi­na­tion et à l’ou­til-exploi­ta­tion pour ren­ché­rir sur les cla­meurs du popu­laire — dès lors qu’ils y entre­voient un moyen, de sur­prendre le succès.

l’en dehors n’é­par­gne­ra pas l’in­di­vi­dua­lisme ren­fro­gné, l’in­di­vi­dua­lisme poseur, l’in­di­vi­dua­lisme « à la Thé­nar­dier » ; le « j’m’en fichisme » des pseu­do-copains indi­vi­dua­listes qui pré­tendent avoir accom­pli leur « révo­lu­tion per­son­nelle » et ache­vé le cycle de leurs expé­riences, parce qu’ils se sont ter­rés — au prix de quels renie­ments ou de quels effa­ce­ments ! — dans quelque situa­tion médiocre, ou parce qu’ils ont amas­sé péni­ble­ment un piètre avoir. Nous ne nous lais­se­rons pas duper par le ver­nis ver­beux dont ils usent pour excu­ser leur non­cha­lance, leur paresse, leur oppor­tu­nisme, leur adap­ta­tion à l’in­di­vi­dua­lisme bour­geois. Nous ne conce­vons pas de foyer sans rayon­ne­ment, de vie inté­rieure sans acti­vi­té exté­rieure, de sculp­ture de la per­son­na­li­té intime sans réac­tion contre l’emprise oppres­sive et dépri­mante de l’am­biance. Pas de conces­sions sur ce point.

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