La Presse Anarchiste

Perspective

Je sens que très long­temps mon cœur res­te­ra tendre ;
Les rides sur mon front pour­ront croître et s’étendre,
Je me sou­cie­rai peu de la marche des ans,
Vif et sen­sible encor mal­gré mes che­veux blancs.

Je sens que très long­temps auda­cieuse et vive,
Mon ima­gi­na­tion vers la loin­taine rive
Où les rêves sont rois, fera voile souvent.
Oublieuse, je crains, que l’âge décevant

Qui prend au bras sa force et rend la main moins sûre
Au pilote inter­dit la vogue à l’aventure.
Pour qui vieillit rêver n’est-il pas hors saison ?

L’on sou­ri­ra peut-être alors sur mon passage.
N’im­porte. Tu sais bien que je suis le plus sage
D’a­voir à la rai­son pré­fé­ré Ma raison.

[/​Maison cen­trale de Nîmes, mai 1919.

E. Armand./​]

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