La Presse Anarchiste

Le progrès moral

Nous ver­rons plus tard la suc­ces­sion des sys­tèmes de morale, inven­tés par les hommes. Mais, au fond, le véri­ta­ble pro­grès est dans l’adoucissement des mœurs, autrement dit dans des rap­ports soci­aux plus aimables. Cette ama­bil­ité ne se mon­tre qu’avec un cer­tain bien-être général, c’est-à-dire avec un cer­tain degré de civil­i­sa­tion, compte tenu des con­di­tions de milieu. Elle com­porte quelque lib­erté et pas trop d’inégalité sociale. Je mon­tr­erai plus loin que la vie patri­ar­cale ne cor­re­spond pas du tout au tableau idyllique et enchanteur, décrit par les poètes et tra­di­tion­al­istes. Aucun de nous ne voudrait revivre sous cette coutume.

J’ai tâché de mon­tr­er que la douceur des mœurs n’était nulle­ment syn­onyme de relâche­ment moral ou d’amollissement. La lâcheté n’est pas le pro­duit du bien-être ; la bru­tal­ité n’implique pas le courage ; et la ruine des empires tient à d’autres caus­es que la déliques­cence de la civilisation.

La for­ma­tion des empires veut dire l’extension de la dom­i­na­tion d’un État sur d’autres nations[[Tout essai de dic­tature amène une réac­tion de défense. L’ambition athéni­enne, après le tri­om­phe des guer­res médiques, fait que peu à peu la ligue de Délos aboutit à l’assujettissement des îles et des cités ion­i­ennes, dont le trib­ut, sous pré­texte de salut com­mun, est imposé d’autorité. L’impérialisme d’Athènes sus­cite l’opposition vio­lente de Sparte et de Corinthe. Les Athéniens sont aban­don­nés par les Ion­iens, trop mal­traités peur être fidèles, et suc­combent grâce aus­si à des fautes
mil­i­taires (expédi­tion de Syra­cuse) et à l’impéritie des généraux (défaite d’Aegos Potarnos).

L’hégémonie de Sparte, qui impose aux cités grec­ques le gou­verne­ment bru­tal des aris­to­crates, se ter­mine aus­si par l’effondrement (révolte des Thébains).]], et, de fait, l’empire guer­ri­er s’écroule sou­vent à la mort du con­quérant avec les com­péti­tions des héri­tiers ou des lieu­tenants du défunt et grâce au soulève­ment des peu­ples assu­jet­tis, jaloux de repren­dre leur indépendance.

Ce n’est cer­taine­ment pas l’adoucissement des mœurs qui a amené la dis­pari­tion de l’empire d’Attila. Celui de Gengis Khan, celui de Tamer­lan, se dis­lo­quent, sans qu’on puisse incrim­in­er la déca­dence ou la dégénéres­cence de la civilisation.

L’empire d’Alexandre est partagé entre ses lieu­tenants. L’empire de Charle­magne, déjà vac­il­lant entre les mains de Louis le Débon­naire est divisé entre ses petits-fils. Tant que le con­quérant est vivant, imposant sa volon­té, une volon­té de fer, l’empire tient. Encore n’est-ce pas tou­jours exact : L’empire de Napoléon s’écroule du vivant même du con­quérant. C’est que la con­quête amène la réac­tion plus ou moins vio­lente des peu­ples attaqués, et ces réac­tions sont d’autant plus fortes que les peu­ples sont plus ou moins égaux en civil­i­sa­tion au pays d’où le con­quérant tire sa force.

Louis xiv a pu l’emporter sur l’empire espag­nol, parce que la France for­mait un tout homogène et pos­sé­dait une masse de pop­u­la­tion supérieure à celle des peu­ples envi­ron­nants. Mais lui, qui espérait l’annexion des innom­brables domaines appar­tenant à la couronne d’Espagne, fut
vain­cu à son tour, parce que ses guer­res ruinèrent le pays et que son ambi­tion sus­ci­ta con­tre lui des coali­tions qui furent, en fin de compte, victorieuses.

Napoléon aus­si provo­qua des coali­tions qui arrivèrent à l’épuiser. Il avait, trou­vé un instru­ment de con­quête, la con­scrip­tion, inven­tée par la Con­ven­tion, sous le nom de lev­ée en masse, pour défendre le pays à l’instar des peu­ples antiques, con­tre l’invasion étrangère. Napoléon maintint la con­scrip­tion et s’en servit pour ses expédi­tions guerrières.

S’il y a eu un ray­on­nement de la civil­i­sa­tion française à l’époque de Louis xiv sur les milieux aris­to­cra­tiques européens, cette influ­ence ne fut pas due aux vic­toires des armées. Elle fut la con­séquence de l’épanouissement des let­tres et des arts, en pleine prospérité pen­dant la minorité
de Louis xiv. La force de ray­on­nement de la civil­i­sa­tion fut plus grande que la méfi­ance sus­citée par les guer­res du roi de France[[Au xiiie siè­cle, l’influene française est très grande, sans guerre de con­quête. Au xvi­iie, sous le règne de Louis xv, l’influence des philosophes ne con­corde pas avec la gloire des armes.]].

Au moment où Bona­parte devient empereur sous le nom de Napoléon ier, l’influence des idées de la Révo­lu­tion est encore énorme sur les milieux démoc­ra­tiques européens. Ce n’est pas la guerre napoléoni­enne qui porte les idées de la nou­velle civil­i­sa­tion à tra­vers l’Europe. L’ambition de l’empereur détru­it l’influence française. À la con­fi­ance des peu­ples, à l’enthousiasme des intel­lectuels (comme Goethe, Beethoven, etc.), suc­cè­dent la méfi­ance, l’éloignement puis, la haine. Il suf­fit aux rois auto­crates coal­isés con­tre Napoléon, de promet­tre à leurs sujets l’octroi des lib­ertés démoc­ra­tiques pour leur faire accepter la con­scrip­tion et la lev­ée en masse con­tre les envahisseurs [[Ils ne devaient pas tenir ces promess­es, et c’est ce man­que­ment qui fut l’origine des mou­ve­ments d’émancipation qui com­men­cent avant 1830 pour se con­tin­uer jusqu’après 48. Napoléon a donc eu un rôle indi­rect dans la dif­fu­sion des idées de liberté.

Et puis Napoléon avait hérité de l’administration répub­li­caine, et celle-ci s’opposait à l’administration auto­cra­tique des autres pays. Le régime napoléonien, recul pour la France, était en quelque sorte un pro­grès pour l’Europe.

La guerre est ain­si quelque­fois, et mal­gré elle, je veux dire sans s’en douter, un fac­teur de pro­grès, en brisant les cadres des vieilles civil­i­sa­tions fos­sil­isées, et fer­mées à la péné­tra­tion étrangère. Alexan­dre, qui fut néfaste aux lib­ertés grec­ques, et faus­sa ain­si l’évolution de la pen­sée grecque, ouvrit les portes de l’empire perse à la civil­i­sa­tion hel­lénique. Grâce à ses con­quêtes, l’Asie antérieure et l’Égypte et aus­si, mais à un moin­dre degré, la Bac­tri­ane et les roy­aumes de l’Indus, par­ticipèrent à la civil­i­sa­tion mondiale.

En s’étendant, l’empire romain ame­na à la civil­i­sa­tion les peu­ples prim­i­tifs envi­ron­nants. C’est ain­si que, par la con­quête de Jules César, la civil­i­sa­tion péné­tra en Gaule.

Charle­magne aida par ses guer­res la morale chré­ti­enne à se sub­stituer aux reli­gions prim­i­tives des bar­bares sax­ons et avars.

Enfin la guerre de 1914–1918, qui entraî­na tant de souf­frances et tant de deuils, eut pour résul­tat de provo­quer la révo­lu­tion russe, qui, en dépit de l’opinion pes­simiste d’Asie, est pour­tant une espérance de pro­grès futur. Grâce à la révo­lu­tion, que la guerre ren­dit pos­si­ble, le tzarisme, qui murait le peu­ple russe sous un despo­tisme de plomb, a été brisé, et la porte s’ouvre enfin sur l’avenir. Chose inouïe : la Turquie s’évade de la reli­gion islamique, et cet affran­chisse­ment de la pen­sée humaine gag­n­era tous les musul­mans. L’espoir de nou­veaux rap­ports entre les hommes s’infiltre partout et jusqu’en Chine.. Et, en Europe même, l’évolution des lib­ertés échappe à la sur­veil­lance du grand état-major prussien, qui a per­du son hégé­monie, mais dont les nation­al­istes français gar­dent encore la frousse rétrospective.

Faut-il pouss­er l’optimisme jusqu’à dire que la guerre de con­quête des bar­bares sur les civil­isés amène l’assimilation de ces bar­bares à la civil­i­sa­tion ? Pas tou­jours, car la masse des bar­bares ou leur fanatisme peut tout ruin­er et tout détru­ire. Dans les autres cas, la civil­i­sa­tion est une force qui finit par repren­dre le dessus. Encore la servi­tude amènet-elle une régres­sion morale, c’est-à-dire une décadence.

Faut-il pouss­er le para­doxe jusqu’à dire que les con­quêtes colo­niales ne jus­ti­fient pas l’extension néces­saire de la civil­i­sa­tion qui vient bris­er les vieux cadres soci­aux, les étroites tyran­nies locales, les cou­tumes tra­di­tion­nelles imbé­ciles, pour mêler les peu­ples attardés au grand courant de l’évolution générale ?

Ce serait pure hypocrisie. Car la plu­part des guer­res colo­niales sont des expédi­tions de brig­andage qui sub­stituent une nou­velle servi­tude à l’ancienne. Au Con­grès colo­nial belge de févri­er dernier, des per­son­nages offi­ciels déclar­ent que le tra­vail for­cé des nègres est néces­saire à la civil­i­sa­tion. Il n’en est pas moins vrai que plus tard l’affranchissement humain prof­it­era de la destruc­tion des bar­rières, du bras­sage des pop­u­la­tions et de la voie ouverte par le pro­grès tech­nique.]] – tan­dis que les peu­ples, soi-dis­ant alliés du Français, fatigués de la con­scrip­tion imposée et des con­tri­bu­tions de guerre, lâchaient pied l’un après l’autre. L’ambition de Napoléon fut en somme l’origine du nation­al­isme mod­erne qui opprime toute la civilisation.

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Il ne faut pas con­fon­dre empire et civilisation.

La civil­i­sa­tion naît du tra­vail de tout un peu­ple. Elle n’a rien à voir avec la guerre elle-même. Mais des richess­es, accu­mulées par l’effort des hommes, per­me­t­tent aux chefs de gou­verne­ment d’entreprendre des expédi­tions pour soumet­tre au trib­ut, les peu­ples envi­ron­nants. Ils sac­ri­fient par­fois les forces du pays à leur folle ambi­tion et le livrent ruiné aux ran­cunes et aux attaques d’un voisin plus puissant.

L’Égypte dut à sa sit­u­a­tion de se dévelop­per assez tran­quille­ment. Gardée par le désert de Libye, le désert de Nubie, la mer Rouge et le désert ara­bique, elle était dif­fi­cile­ment acces­si­ble, sinon aux marchands, du moins aux expédi­tions guer­rières. De même, elle ne pou­vait guère s’étendre, et elle n’avait aucun intérêt à le faire. Pour­tant, quelques-uns de ses rois asservirent la Nubie, d’autres la
Syrie, con­quêtes sans lende­main. Elle-même fut con­quise à plusieurs repris­es : la suite de ses dynas­ties en com­porte quelques-unes d’origine étrangère – sim­ple change­ment de gou­verne­ment pour le peu­ple, rien ne fut changé à sa vie et à la civil­i­sa­tion. Les dynas­ties étrangères épousèrent les tra­di­tions admin­is­tra­tives, les rites religieux, etc. Après un hia­tus sous la dom­i­na­tion des Achéménides, où l’Égypte tout de même pour­suit sa vie pro­pre, elle a une nou­velle dynas­tie d’origine grecque avec les Ptolémée, qui finit par s’égyptianiser. La civil­i­sa­tion elle-même s’amalgame en par­tie avec la civil­i­sa­tion grecque, plus tard avec la civil­i­sa­tion romaine, elle entre ain­si dans l’orbe de la civil­i­sa­tion mon­di­ale antique.

La Chaldée et la Baby­lonie passent de la dom­i­na­tion des rois autochtones à celle des rois assyriens. Leur civil­i­sa­tion absorbe ceux-ci, comme elle absorbe les nou­veaux con­quérants, les Mèdes, puis les Pers­es. Ceux-ci éten­dent leur empire de l’Indus au Nil, et c’est grâce au point d’appui de la civil­i­sa­tion chaldéenne qu’ils purent éten­dre ain­si leur domination.

L’ambition et l’ardeur guer­rière ne suff­isent pas à des con­quêtes per­ma­nentes. Quand l’armée devient nom­breuse, il faut une organ­i­sa­tion pour les sub­sis­tances, pour les trans­ports, pour les com­mu­ni­ca­tions. Quand l’empire s’étend, il faut une écri­t­ure, une compt­abil­ité, des cor­re­spon­dances, des relais, toute une organ­i­sa­tion admin­is­tra­tive, tonte une hiérar­chie de fonc­tion­naires pour sur­veiller et gér­er les peu­ples dif­férents, soumis à la juridiction.

Un empire per­ma­nent sup­pose donc un cer­tain degré de civil­i­sa­tion. Mais la civil­i­sa­tion n’est pas liée à l’existence du gou­verne­ment impér­i­al. Si les armées pers­es, for­mées par les con­tin­gents dis­parates et con­fus de peu­ples divers, furent vain­cue par l’armée mieux organ­isée d’Alexandre et mieux con­duite, la civil­i­sa­tion baby­loni­enne per­sista, pénétrée en par­tie par la civil­i­sa­tion grecque. C’est plus à l’Est, dans des pays neufs (plus nou­veaux à la civil­i­sa­tion), en Bac­tri­ane et au Nord-Est de l’Inde, que la civil­i­sa­tion hel­lénique put s’implanter d’une façon prédominante.

La Chine, envahie par les Mon­gols, subit un gou­verne­ment mon­gol. Plus tard, et jusqu’à la révo­lu­tion elle vécut sous une dynas­tie mand­choue. La civil­i­sa­tion chi­noise con­tin­ua comme sous les dynas­ties nationales.

L’Inde aus­si con­nut de pareilles vicis­si­tudes. Notam­ment elle fut soumise à une dynas­tie musul­mane, plus tard à une dynas­tie mon­gole. Ces sou­verains étrangers n’ont rien changé à la civil­i­sa­tion indigène. Même la dom­i­na­tion anglaise n’eût don­né aucun change­ment, sous l’influence de la civil­i­sa­tion européenne qui, d’ailleurs, ne com­mence à se faire sen­tir que dans ces dernières années. L’effort des vice-rois anglais (et c’est main­tenant la poli­tique colo­niale de toutes les puis­sances européennes) fut d’isoler le monde indi­en des idées occi­den­tales. Mais l’influence du pro­grès tech­nique, en boulever­sant les con­cep­tions tra­di­tion­nelles, facilite la péné­tra­tion des idées d’anticipation mal­gré les pro­hi­bi­tions policières.

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Ce qui est extra­or­di­naire, ce n’est pas la chute des empires, c’est leur durée. Qu’on y réfléchisse le moins du monde : l’extension d’un État sur d’autres nations, obtenue par la force, ne se main­tient que par la force. Pour garder les peu­ples vain­cus dans l’obéissance, il faut toute une organ­i­sa­tion mil­i­taire et poli­cière. Dans l’antiquité, les com­mu­ni­ca­tions étaient lentes et peu faciles, il fal­lait donc établir dans chaque pays soumis à la dépen­dance, un gou­verneur, un satrape, un vice-roi, lequel avait ten­dance soit à s’enrichir par des exac­tions, c’est-à-dire à provo­quer des mécon­tente­ments locaux et la révolte, soit à se ren­dre pop­u­laire, à prof­iter des désirs de lib­erté tou­jours vivaces et à se tailler un roy­aume indépendant.

Ajoutez à ces caus­es de dis­lo­ca­tion, les révo­lu­tions de palais inces­santes, les sédi­tions militaires.

De fait, les révoltes écla­tent. Les mon­tag­nards, semi-indépen­dants et qui sou­vent ont don­né asile aux réfugiés insoumis, don­nent le sig­nal du soulève­ment. À la mort de chaque roi, chaque peu­ple cherche à recon­quérir sa liberté.

L’empire d’Assyrie avec une organ­i­sa­tion rudi­men­taire ne se main­tient un peu plus d’un siè­cle qu’au moyen d’expéditions mil­i­taires con­tin­uelles. Les rois assyriens, de men­tal­ité prim­i­tive, ne règ­nent que par la ter­reur et pra­tiquent sys­té­ma­tique­ment les ruines et les exter­mi­na­tions. L’empire perse des Achéménides, qui dure 200 ans, a déjà une admin­is­tra­tion. Il laisse une cer­taine indépen­dance aux peu­ples vas­saux qui con­ser­vent leur reli­gion, leurs cou­tumes, sou­vent, se régis­sent eux-mêmes et aux­quels il assure la lib­erté du com­merce et des échanges.

Mal­gré ce pro­grès d’organisation étatiste, les révoltes par­tielles sont de règle à la mort de chaque roi. À la mort de Cyrus, Cam­byse doit faire qua­tre ans de guerre pour réduire les rébel­lions. À la mort de celui-ci, et grâce à l’interrègne, les soulève­ments sont encore plus impor­tants : Elam, c’est-à-dire la Perse elle-même, Baby­loniens, Mèdes, Arméniens, Sagartes, Parthes, Hycarniens. Grecs d’Asie. Dar­ius doit se débar­rass­er de neuf pré­ten­dants, c’est-à-dire de neuf chefs féo­daux ambitieux, qui s’étaient proclamés rois. À l’avènement de Xerxès, l’Égypte se révolte, et Baby­lone encore une fois. Artax­er­cès, son suc­cesseur, doit soumet­tre les Bac­triens, inter­venir en Égypte, mater la rébel­lion du satrape de Syrie. Dar­ius ii s’occupe de réduire les villes grec­ques d’Asie, Artax­er­cès ii a affaire à la révolte des satrapes d’Asie mineure ; sous son règne l’Égypte rede­vient indépen­dante, etc., etc.

On peut mieux com­pren­dre le suc­cès d’Alexandre avec une armée homogène con­tre une armée de mer­ce­naires et d’assujettis.

Mais quand on par­le de la chute des empires, on a presque tou­jours en vue celle de l’empire romain et, la sub­mer­sion de la civil­i­sa­tion antique – la pre­mière civil­i­sa­tion mon­di­ale – par l’invasion des barbares.

J’en par­lerai la prochaine fois.

(à suiv­re)

[/M. Pier­rot/]


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