La Presse Anarchiste

une réponse à l’article de Durupt

L’article de Durupt mérite quelques réflexions. Sans doute il a besoin d’être déve­lop­pé. Mais sans attendre les déve­lop­pe­ments que nous don­ne­ront les articles ulté­rieurs, il me semble utile de dire ce que je pense de ce pre­mier article.

D’abord per­son­nel­le­ment je n’attache pas une impor­tance pri­mor­diale à l’étiquette d’anarchiste. Celle-ci a cou­vert les aspi­ra­tions de quelques pion­niers à un moment de l’évolution humaine.

Pour­tant nous nous rat­ta­chons à ces pion­niers par des aspi­ra­tions sem­blables. Je crois que ce qui carac­té­rise leur effort fut de vou­loir ensei­gner aux indi­vi­dus à faire leurs propres affaires sans s’occuper de l’État. (Ex. : le syn­di­ca­lisme de Pelloutier).

Nous ne sommes pas du tout oppo­sés à l’organisation sociale, au contraire. Mais nous pen­sons que la pire orga­ni­sa­tion est celle de l’État for­te­ment cen­tra­li­sé et auto­ri­taire – qu’on obtient de meilleurs résul­tats des hommes, (même des ani­maux, ose­rai-je dire) avec la bonne entente et la dou­ceur plu­tôt qu’avec l’autorité bru­tale, ce qui ne mécon­naît ni la supé­rio­ri­té tech­nique ni l’influence morale – que l’organisation sociale qui nous plai­rait le plus serait de carac­tère fédé­ral, etc.

Quant à l’entr’aide, que Kro­pot­kine a eu le mérite de mettre en valeur pour l’opposer aux théo­ries réac­tion­naires et pseu­do-dar­wi­niennes de la lutte pour la vie, j’estime que cette ver­tu, si néces­saire aux ani­maux (y com­pris les hommes) vivant en socié­té, est sur­tout néces­saire aux primitifs.

J’ose dire que le pro­grès tech­nique libère en par­tie l’humanité de cette néces­si­té, ou du moins l’entr’aide se trans­forme en divi­sion du tra­vail. Ce n’est plus qu’exceptionnellement une entr’aide directe.

Lorsque le pro­grès social aura libé­ré l’humanité des misères de l’inégalité sociale (due au para­si­tisme, et dont l’inégalité de l’éducation des enfants est 1a forme la moins défen­dable) et que l’amabilité des rap­ports sociaux sera l’apanage, non d’une classe, mais de tous les hommes, alors la ver­tu par excel­lence, la ver­tu de l’avenir, sera la confiance.

[/​M. Pier­rot/​]

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