Or, pour parvenir à une pensée et à une action allant de pair, à une praxis révolutionnaire, nous devons commencer par être authentiques. C’est-à-dire par nous libérer de tout dogme, des idées préconçues et, plus particulièrement, de la peur. Libérés de ce poids, il nous suffit d’observer avec une logique prospective les besoins qui nous poussent, de chercher le dialogue avec les autres et, tous unis, d’étudier les possibilités qui nous sont offertes pour avancer ensemble vers le but que nous nous fixerons, rationnellement et humainement.
Rares sont ceux qui ne comprennent pas la nécessité de cette unification active.
Mais l’image fausse que l’on se fait du syndicalisme – car il y a actuellement des syndicats de toute sorte, depuis les syndicats qui sont de simples groupes de pression au service de partis politiques jusqu’aux syndicats qui sont subordonnés au pouvoir étatique – est l’obstacle majeur auquel se heurtent les travailleurs pour parvenir à la conscience que le syndicalisme n’est qu’un : le syndicalisme libertaire, celui de l’action directe (action directe que des gens malintentionnés identifient à la violence systématique), qui fait l’unité de tous les travailleurs par une structure vivante et démocratique, pour accomplir la révolution de notre temps et en terminer ainsi avec l’exploitation, le despotisme, l’inégalité, les conflits et la guerre.
Le Syndicat, tel que nous le comprenons, n’est ni une doctrine ni un parti, sinon une organisation ouverte, de libre participation et de critique, de solidarité et d’entraide, qui trouve dans l’autogestion à tous les niveaux les stimulants qui doivent pousser l’homme sur la voie de son propre développement, vers la liberté et la justice d’une économie constituée rationnellement.
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Mais, comme il se doit, nous devons commencer par nous regrouper autour de cette projection syndicaliste libertaire pour renforcer, en premier lieu, la solidarité entre les travailleurs.
Et c’est ce que vient de réaliser la Confédération du Travail de Catalogne, à la suite d’un long travail mené à bien avec le désir de mettre fin aux dissensions pouvant exister dans les milieux confédéraux en ce qui concerne les attitudes à prendre face à la problématique politicosociale de notre pays.
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Le 24 septembre 1971 sera une date historique.
Dans Barcelone, les camarades de la Région catalane, avec la représentativité idoine et une haute conscience de leur responsabilité, couronnèrent définitivement l’unité d’action du syndicalisme libertaire en se réunissant dans la discipline d’un seul Comité Régional, indépendant, et dont l’exemple animera la nouvelle démarche confédérale d’Espagne et, dès à présent, face à l’avenir.
La « Déclaration » présente est le reflet du Procès-Verbal de cette réunion conjointe des hommes de la C.N.T.
En conséquence, l’ensemble des militants confédéraux s’apprêtent, avec réalisme et détermination, à tracer de nouvelles voies pour les pèlerins de l’émancipation individuelle et collective, pour les Catalans et les Espagnols qui aspirent à une communauté ibérique meilleure et plus juste.
Déjà, les craintes, les rancœurs et les séparations qui nous désespéraient, nous affaiblissaient et qui nous empêchaient de capter résolument la confiance de la collectivité ouvrière, sont loin.
L’unité d’action qui vient d’être obtenue n’est pas la victoire de certains compagnons sur d’autres, mais, à partir d’une situation particulière, l’issue vers le rapprochement de tous les compagnons à un niveau supérieur et transcendant : celui de l’émancipation sociale, économique et culturelle des travailleurs – œuvre des travailleurs eux-mêmes. Et si cela est valable pour les travailleurs, femmes et hommes, de toute tendance, cela l’est encore plus pour les jeunes qui nous rejoignent – étant donné que la jeunesse se préoccupe plus des responsabilités du futur que des querelles du passé.
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Nous réaffirmons notre conviction que l’unité solidaire obtenue est la base et le levier pour atteindre tout objectif. Nous serons implacables envers ceux qui, par égocentrisme ou mollesse, attentent, minent ou adultèrent l’esprit unitaire et le corps solidaire qui sont et seront notre force d’aujourd’hui et de demain.
Enfin, nous espérons que cette unité confédérale et libertaire de la Région catalane servira d’exemple, d’aiguillon et d’encouragement au niveau national de la Confédération, et qu’il y aura de profondes répercussions sur les désirs ardents de réunification des compagnons de l’exil, auxquels nous demandons de prendre acte immédiatement de la nouvelle étape confédérale catalane en se tenant prêts et en étant attentifs à nos décisions, en nous appuyant – unis eux aussi – depuis leurs divers lieux d’exil.
Et nous les incitons à nous envoyer des suggestions, des encouragements et de l’aide, afin de concentrer nos efforts sur des objectifs efficaces et réalistes.
[/Catalogne, octobre 1971.
(Cachet du Comité Régional de Catalogne.
Confédération Nationale du Travail d’Espagne.)/]