La Presse Anarchiste

Causeries

[/suites/][[Voir les numé­ros 1, 2, 3, 4 du libertaire.]]

Le second, l’enfant de l’ouvrier, ne rece­vra d’autres soins que ceux que peut don­ner un mère, peut-être vigi­lante, mais pauvre et igno­rante, contrainte de tra­vailler pour quelques sous par jour et sub­ve­nir aux frais du ménage.

À 7 ans, on l’enverra à l’école com­mu­nale ; à 12 ans, la famille, par néces­si­té et pré­voyance, devra le mettre en apprentissage.

L’enfant peut être doué d’aptitudes ou de facul­tés spé­ciales, n’importe !… D’ailleurs, à quoi sert le savoir, le talent, le génie même, à qui n’a pas d’argent…

Le voi­ci enfin ouvrier. Comme il n’a pas de capi­taux pour acqué­rir les matières pre­mières, ni sou­vent l’outillage, il ne peut tra­vailler pour lui-même. Il lui faut tra­vailler pour les autres, pour ceux qui ont l’outillage, les matières pre­mières et les capi­taux. Il faut louer sa per­sonne, ses bras, son intel­li­gence, et le prix de sa col­la­bo­ra­tion, qu’on appelle le salaire, est à peine suf­fi­sant pour sub­ve­nir. C’est l’infériorité de l’ouvrier sur le serf ou l’esclave. Le maître de ces der­niers devait, au moins, les nour­rir pour assu­rer ce qui était néces­saire à leur exis­tence. Le maître de l’ouvrier ne lui assure rien – si ce n’est le gra­bat de l’hôpital ou les balles des sou­dards sou­te­neurs de l’ordre social actuel.

Il tire au sort et reste enca­ser­né pen­dant plu­sieurs années. Il est alors à la mer­ci com­plète des galon­nés hauts et bas qui, le sachant pauvre, lui pro­diguent les insultes et les humi­lia­tions de toutes sortes.

Puis il se marie à une ouvrière qui unit sa pau­vre­té à la sienne. Il a des enfants qui seront pauvres comme lui et qu’il peut à peine nour­rir à cause des mau­vaises sai­sons et du chômage.

Après 20, 30 ou 40 ans de ce labeur, il meut usé par le tra­vail et les pri­va­tions ne lais­sant rien en héri­tage aux siens, et n’ayant pas eu même pour assu­rer sa vieillesse, les sous que l’État réserve – sur la poche des contri­buables – aux fonc­tion­naires et aux mou­chards de toutes sortes.

[/​à suivre/]

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