La Presse Anarchiste

Paradoxes

Nous sommes en pleine crise économique. Les mag­a­sins regor­gent de marchan­dis­es et ne savent com­ment s’en débar­rass­er. Les usines s’arrêtent ou lim­i­tent le tra­vail à 4 heures par jour.

Or, sou­venez-vous. Il y a peu de temps encore, toute la presse bour­geoise cla­mait con­tre la journée de 8 heures, réforme intem­pes­tive : il fal­lait au con­traire oblig­er les ouvri­ers à tra­vailler 12 heures pour que la pro­duc­tion suf­fit à la consommation.

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Les patrons cla­ment con­tre la gour­man­dise des ouvri­ers ; ceux-ci ne savent pas dépenser leur argent ; ils gaspillent. La crise les oblig­era à se restrein­dre. Ce sera d’ailleurs une excel­lente occa­sion de baiss­er les salaires. Et le coût de la vie diminuera.

Ain­si les ouvri­ers voient dimin­uer leurs salaires avant que dimin­u­ent les den­rées néces­saires à la vie. Ils gag­naient trop, c’était un scan­dale. En vérité, comme l’avait énon­cé Tur­got et comme l’a répété Las­salle, le salaire est dans la société actuelle fatale­ment réduit à ce qui est stricte­ment néces­saire pour vivre. Et quelle vie ! puisqu’on ne per­met pas aux ouvri­ers de se pay­er quelques fan­taisies. Le gaspillage est per­mis seule­ment aux parasites.

Et pour­tant les patrons raison­nent mal. Qu’est-ce qui fait d’ordinaire le fond de leur clien­tèle, sinon le peu­ple ? Les achats de quelques nou­veaux rich­es ont peu d’importance dans le chiffre glob­al des affaires. Si on dimin­ue le salaire des ouvri­ers, on dimin­ue leur pou­voir d’achat, on dimin­ue la vente et le béné­fice des indus­triels et des com­merçants. Mais il y a une morale de classe.


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