La Presse Anarchiste

Paradoxes

Nous sommes en pleine crise éco­no­mique. Les maga­sins regorgent de mar­chan­dises et ne savent com­ment s’en débar­ras­ser. Les usines s’arrêtent ou limitent le tra­vail à 4 heures par jour.

Or, sou­ve­nez-vous. Il y a peu de temps encore, toute la presse bour­geoise cla­mait contre la jour­née de 8 heures, réforme intem­pes­tive : il fal­lait au contraire obli­ger les ouvriers à tra­vailler 12 heures pour que la pro­duc­tion suf­fit à la consommation.

[|* * * *|]

Les patrons clament contre la gour­man­dise des ouvriers ; ceux-ci ne savent pas dépen­ser leur argent ; ils gas­pillent. La crise les obli­ge­ra à se res­treindre. Ce sera d’ailleurs une excel­lente occa­sion de bais­ser les salaires. Et le coût de la vie diminuera.

Ain­si les ouvriers voient dimi­nuer leurs salaires avant que dimi­nuent les den­rées néces­saires à la vie. Ils gagnaient trop, c’était un scan­dale. En véri­té, comme l’avait énon­cé Tur­got et comme l’a répé­té Las­salle, le salaire est dans la socié­té actuelle fata­le­ment réduit à ce qui est stric­te­ment néces­saire pour vivre. Et quelle vie ! puisqu’on ne per­met pas aux ouvriers de se payer quelques fan­tai­sies. Le gas­pillage est per­mis seule­ment aux parasites.

Et pour­tant les patrons rai­sonnent mal. Qu’est-ce qui fait d’ordinaire le fond de leur clien­tèle, sinon le peuple ? Les achats de quelques nou­veaux riches ont peu d’importance dans le chiffre glo­bal des affaires. Si on dimi­nue le salaire des ouvriers, on dimi­nue leur pou­voir d’achat, on dimi­nue la vente et le béné­fice des indus­triels et des com­mer­çants. Mais il y a une morale de classe.

La Presse Anarchiste