La Presse Anarchiste

Les nouvelles pacifistes

Un pacifiste

Le prix Nobel de la Paix a été attri­bué à… M. Léon Jou­haux ! Peu d’hommes, en effet, ont aus­si peu tra­vaillé pour la paix que ce ven­tri­po­tent per­son­nage. On peut même dire que la guerre lui doit beau­coup. M. Jou­haux, pré­sident d’une Cen­trale syn­di­cale inféo­dée au bloc amé­ri­cain, M. Jou­haux, pré­sident du Conseil éco­no­mique dont le prin­ci­pal tra­vail est d’amenuiser chaque jour un, peu plus le pou­voir d’achat, M. Jou­haux, membre de la délé­ga­tion fran­çaise à l’ONU, où l’on pré­pare la pro­chaine der­nière, M. Jou­haux : prix Nobel de la Paix !

De quoi se marrer !

Il est vrai que la Suède n’en est pas à cela près. Pas de dan­ger qu’elle donne le prix Nobel à Claude Pro­vost, objec­teur de conscience, puis­qu’elle l’a expul­sé, en décembre der­nier, au mépris des articles 13 et 14 de la Décla­ra­tion Uni­ver­selle des Droits de l’Homme.

Il faut être un homme pour faire valoir ses droits. M. Jou­haux, lui, ne sait que mon­nayer sa servilité.

[/​Bernard Sal­mon./​]

À propos d’une réunion

Le Comi­té pour la recon­nais­sance légale de l’objection de conscience a orga­ni­sé, le ven­dre­di 18 jan­vier, une réunion pri­vée à la salle de Géo­gra­phie. À cette réunion étaient invi­tées diverses per­son­na­li­tés qu’il sem­blait inté­res­sant d’instruire du dif­fi­cile pro­blème de l’objection de conscience.

Claude-Hen­ri Sel­lier, secré­taire du Comi­té, ouvrit la séance, pré­si­dée par Jo Kreutz, en disant tout sim­ple­ment ce qu’étaient les objec­teurs de conscience et quels infâmes trai­te­ments on leur fai­sait subir.

L’abbé Pierre, ensuite, com­men­ta le pro­jet de loi dont il fut un des signa­taires. Il dit sa sym­pa­thie pour les objec­teurs et la honte qu’il éprou­vait en son­geant à leur sort malheureux.

Jean Gau­chon, brillam­ment, expo­sa les vues des objec­teurs, et mit l’accent sur ce fait que des objec­teurs athées exis­taient aus­si (ce que les ora­teurs pré­cé­dents n’avaient point pré­ci­sé). Il dit ce que furent les pro­cès et ajou­ta que les juges eux-mêmes espé­raient en le législateur.

Hen­ri Roser, à son tour, pré­sen­ta l’objection de conscience comme une affir­ma­tion de l’esprit. Dans son magis­tral expo­sé ce sym­pa­thique pas­teur, lui-même objec­teur, récla­ma avec force leur droit à la liber­té. Jacques Blois, lui, par­la du rap­port de la conscience et de la loi. Un autre avo­cat des objec­teurs, Ray­mond de la Pra­delle, démon­tra que le droit moderne de la guerre ne per­met­tait plus au com­bat­tant d’obéir aveu­glé­ment à ses supé­rieurs. Il conclut en récla­mant le droit à l’objection de conscience au nom de l’honneur – militaire (!).

Cette réunion eût déçu des cama­rades bien au cou­rant de la ques­tion. Or il s’agissait de poser le pro­blème, sans pas­sion, devant des per­son­na­li­tés sou­vent hos­tiles jus­qu’a­lors. Juges, mili­taires, reli­gieux étaient pré­sents. Aucune note dis­cor­dante dans la salle. J’ai l’impression qu’un pas a été fran­chi vers la recon­nais­sance de l’objection. Une seule cri­tique : à l’exception de Gau­chon et Roser, les autres ora­teurs lais­sèrent l’impression que l’objection de conscience était seule­ment reli­gieuse. Il faut que l’on sache une fois pour toutes que nous n’accepterons pas et même que nous com­bat­trions tout pro­jet ten­dant à recon­naître la seule objec­tion de conscience religieuse.

Sur le globe

Alle­magne – Le Congrès trien­nal de l’Internationale des Résis­tants à la guerre (W.R.I.) s’est tenu à Bruns­wick du 27 au 31 juillet der­nier. Dans un mes­sage au Congrès, Lau­rance Hous­man décla­rait : « Nous n’avons pas essayé de condam­ner les vain­queurs de la guerre comme cela a été fait pour les vain­cus, pour leurs crimes. Seul, un tri­bu­nal inter­na­tio­nal impar­tial, char­gé de recher­cher les res­pon­sa­bi­li­tés des deux côtés, aurait pu le faire. Mais pour cela, les vain­queurs n’ont eu ni le cou­rage ni l’honnêteté nécessaires. »

France. – César Buga­ny a été déchu de la natio­na­li­té fran­çaise ! Il est donc libé­ré mais risque un tas de désa­gré­ments dont le moindre n’est pas l’expulsion ! À noter que l’article 15 de la Décla­ra­tion uni­ver­selle des droits de l’homme sti­pule que « tout indi­vi­du a droit à une natio­na­li­té » et que « nul ne peut être arbi­trai­re­ment pri­vé de sa natio­na­li­té ». Le Gou­ver­ne­ment fran­çais, comme le Gou­ver­ne­ment sué­dois d’ailleurs, avait signé cette décla­ra­tion le 10 décembre 1948.

US army. – Les joies de l’occupation. – Les col­li­sions, rixes et autres acci­dents ont tué plus de 40 sol­dats amé­ri­cains et bles­sé 100 autres en un seul mois dans l’Allemagne de l’Ouest.

USA – Le 4 sep­tembre, des paci­fistes new-yor­kais ont entou­ré le bureau de John Fos­ter Dulles, pour pro­tes­ter contre les termes du trai­té de paix avec le Japon.

Dane­mark. – La Chambre danoise a voté l’augmentation de la durée du ser­vice mili­taire au Dane­mark : dix-huit mois au lieu d’un an.

[/​B. S./]

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