Causerie… de Bulgarie

[/Philippole, le 28 septembre 1920./]

C’est moi qui a reçu les deux brochures des publications du « Groupe de Propagande par l’Écrit » que vous avez envoyées à l’adresse de mon frère. Ce dernier est mort il y a déjà trois ans de fatigues et privations que la guerre avait créées. C’est une grande perte pour notre petit mouvement anarchiste en Bulgarie.

Je viens de traduire en bulgare le « Message de Kropotkine aux ouvriers occidentaux ». Il est sous presse.

Suivant votre, exemple, nous avons fondé un petit Groupe de propagande par l’écrit et le « Message de Kropotkine » constituera notre premier numéro d’une série de publications que nous avons l’intention de faire paraître. Ici, nous sommes sous la pression d’une grande réaction. Le régime de l’état de siège, de la censure continue à sévir depuis le début de la guerre. Le mouvement ouvrier est sous l’influence des néo-communistes (socialistes iiie Internationale), mais déjà un mécontentement se dessine dans les milieux ouvriers de ce que le parti ne rompt pas avec le, parlementarisme et ne suit pas le chemin de l’action directe. Le temps est propice de faire une bonne propagande anarchiste : Malheureusement, chez nous, comme chez vous, l’individualisme imbécile a fait ses ravages dans nos rangs et tout est à recommencer. Nous ne perdons pas courage. Au contraire, nous sommes sires d’aller plus vite et d’échapper aux fautes commises dans le passé, pourvu qu’il y ait la bonne volonté pour une organisation sur des bases fédératives.