La Presse Anarchiste

Jour de neige

C’est si peu de chose qu’un flo­con de neige,
voltigeant, vole­tant dans l’air, tout blanc, si menu,
mais quand ils s’agrègent les uns aux autres, s’entassent, s’accumulent,
ces flo­cons si menus,
ils envahissent champs, sen­tiers, clair­ières, champs, prés, routes, les recouvrant
d’un tapis immac­ulé qui s’épaissit d’heure en heure,
si bien qu’à la chute du jour, les yeux n’aperçoivent plus
qu’une plaine de neige s’étendant à per­le de vue…
Ce soir, tout est calme, pais­i­ble, silencieux
— trop calme, trop pais­i­ble, trop silencieux. –
Il neige, il neige encore, il neige sans interruption
et la couche de flo­cons blancs monte, monte toujours.
Sous leur capu­chon d’albâtre les maisons sont closes,
her­mé­tique­ment, frileusement…
Tout est trop calme, trop pais­i­ble, trop silencieux
On dirait qu’un linceul est éten­du sur la terre,
la terre fatiguée d’exister, lasse de vivre,
la terre indo­lente, excédée, comme à bout de forces.

[/E. armand./]

27 févri­er 1941.


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