La Presse Anarchiste

Poème de B. de Casseres

[( Nous avons annon­cé avoir reçu sous le titre finis les quelques essais consti­tuant « le chant du cygne » de Ben­ja­min De Cas­seres. Mme De Casse.res a fait pré­cé­der cette ultime pro­duc­tion du poème sui­vant, que nous avons ren­du aus­si fidè­le­ment qu’il nous était possible.)]

Le jour meurt,
La nuit qui, à regret, des­cend lentement,
Se tient encore effa­cée dans l’ombre.
Le ciel est bouleversé,
Toutes ses cou­leurs sont repliées dans des coffres argentés ;

Tous les nuages ont fui
Pour ombrer les sour­cils de loin­taines aurores.

Le rire des ruis­seaux s’est tu ;
Le vent qui tour­men­tait ten­dre­ment les der­nières rou­geurs des champs
Tombe et expire dans les herbes.
La mer s’efforce de se main­te­nir silencieuse,
Et les col­lines, – ces cata­combes de tous les jours disparus –
Se dressent mornes, sombres, glacées. 

Les tiges des fleurs heu­reuses s’inclinent
Et cer­taines d’entre ces fleurs
Se sont refer­mées en leur douleur ;
Il n’est plus que de vagues traces
De tout ce qui rem­plis­sait l’air d’enseignements merveilleux ;

La rapide ellipse de la mouette,
Le paral­lé­lo­gramme de l’hirondelle,
La joyeuse spi­rale de l’alouette,
Tout cela s’est éva­noui. De chaque arbre,
De chaque buis­son, de chaque borne,
Des sen­ti­nelles épient cette heure sacrée.
Une longue et exta­tique flamme incen­diant l’horizon
Un sou­pir exha­lé par une har­mo­nie de sons –
Le jour est mort,
Et l’herbe, et les arbres et les choses sensibles
Sont bai­gnés de pleurs.

[/​Bio de Cas­seres/​]

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