Le premier numéro du Combat Syndicaliste, organe de la CGTSR, publie la déclaration du Congrès de Lyon sur le rôle du syndicalisme révolutionnaire avant et après la révolution.
Les problèmes posés par cette déclaration – ou ce manifeste – sont tellement importants et d’une portée si grande, que nous croyons qu’il serait de la plus grande utilité de la disséquer dans ses parties les plus vitales et d’étudier plus à fond chacune des questions cardinales qui y figurent.
Nous sommes à un tournant de l’histoire où les phrases seules ne suffisent plus. La période de crises permanentes que nous traversons exige de nous des solutions concrètes à des problèmes concrets. Il ne suffit plus de dire que nous voulons une société fondée sur le bien-être et la liberté des individus. Il faut pouvoir indiquer par quels moyens, et de quelle façon la réalisation de ce but peut être accomplie. Il ne suffit plus de vouloir détruire le Capitalisme et l’État. Il faut pouvoir remplacer ces systèmes par un autre qui donnerait à la société humaine la capacité de s’organiser librement.
Le manifeste du syndicalisme révolutionnaire que publie l’organe de la CGTSR tente d’esquisser une réponse concrète au grand problème de la reconstruction sociale. Certes, tout ne peut être dit dans un manifeste. Il ne peut qu’indiquer les grandes lignes. Notre devoir est de rendre ces lignes nettes, précises et ne pouvant donner lieu à des malentendus. La Voix du Travail tâchera donc d’analyser séparément chacun des problèmes angulaires que le manifeste n’a fait qu’effleurer.
Nous pouvons subdiviser ces problèmes en deux catégories importantes : les problèmes d’ordre général et les problèmes d’ordre particulier. Parmi les problèmes d’ordre général, mentionnons, comme les plus saillants, les suivants :
- La question de la doctrine du syndicalisme face aux autres doctrines.
- Le problème de l’organisation de la production.
- Le rôle du syndicat au lendemain de la Révolution.
- La question de l’interdépendance du travail manuel et du travail intellectuel et technique.
Parmi les problèmes d’ordre particulier, notons surtout :
- Notre attitude envers la Charte d’Amiens.
- Notre attitude envers les partis politiques.
- Le problème des grèves partielles et générales.
- Le problème de la défense, les armes à la main, des conquêtes de la révolution.
- Le problème de la stabilisation éventuelle de la révolution.
Nous n’avons pas l’intention d’examiner ces différents problèmes dans l’ordre, tel que nous venons de les énumérer. Ce seront plutôt les exigences du moment qui dicteront l’ordre.
Pour commencer, nous publions, dans ce numéro, une première étude de notre camarade P. Besnard sur le rôle des techniciens.