La Presse Anarchiste

Pointes et griffes

Bonne foi communiste

Ne pou­vant plus cacher à leurs adhérents la con­sti­tu­tion de la CGTSR, les dirigeants de la Com­pag­nie Générale des Tra­vailleurs Ulcérés (CGTU) se déci­dent à annon­cer a leurs ouailles qu’une CGT nou­velle est née. Et il faut voir con­ti­nent l’Human­ité du 26 nov. racon­te la chose. À enten­dre les ten­ants de la bou­tique com­mu­niste, le SUB craque de toutes parts et, naturelle­ment, le SUB craquant, la CGTSR est morte. Quelle logique, tout de même !

À vrai dire, les choses vont tout autrement et c’est bien ce qui cha­grine nos bons amis « les cocos ». Le SUB tient, la minorité s’incline, la CGTSR au lieu d’un « liq­ui­da­teur posthume » a désigné deux secré­taires per­ma­nents et, d’ici peu, les « béni-oui-oui » de la Grange-aux-Belles s’en apercevront.

Le SUB, la Fédéra­tion « amochée » du Bâti­ment se por­tent bien. Et à côté des 42 syn­di­cats du Bâti­ment, les 46 syn­di­cats autonomes des autres indus­tries font bonne fig­ure. D’autres se ral­lient déjà et nous allons voir si le silence ou l’ineptie seront longtemps des armes suff­isantes pour nous combattre.

La bonne foi qui s’étale dans l’Human­ité et la V.O., au sujet des événe­ments qui se déroulent ici, donne une idée de la valeur des infor­ma­tions qu’on sert aux « mass­es », en ce qui con­cerne la Russie.

À l’avenir, que nos cama­rades qui lisent encore ces deux canards croient le con­traire de ce qu’ils racon­tent. Ils seront sûre­ment dans le vrai. Ah ! ces tra­vailleurs ulcérés par le boulot, quels his­to­riens ils font !

L’ISR se léninise

Le dernier CCN de la CGTU s’était occupé du prob­lème de la main-d’œu­vre étrangère. Il avait com­plète­ment ignoré le tra­vail fait en France par le Comité d’Émigration de l’AIT auquel par­ticipent la Fédéra­tion du Bâti­ment, le SUB et les représen­tants des organ­i­sa­tions étrangères dont une grande-par­tie de ses mem­bres a été oblig­ée d’émigrer en France. Ce silence est dans l’ordre des choses. Mais l’Internationale Syn­di­cale Rouge a voulu renchérir. Dans son rap­port sur le CCN [[Bul­letin de l’ISR (édi­tion alle­mande), n°51 du 13 novem­bre 1926.]] nous trou­vons cette perle :

« Non pas la régle­men­ta­tion offi­cielle de la main-d’œu­vre, comme le pro­posent les réformistes, non pas les méth­odes de vio­lence con­tre les immi­grants, comme le pro­posent les anar­cho-syn­di­cal­istes, mais un tra­vail patient pour le recrute­ment des ouvri­ers étrangers inor­gan­isés, dans l’armée du pro­lé­tari­at révo­lu­tion­naire organ­isé et la lutte pour les droits égaux des tra­vailleurs étrangers – tel est le mot d’ordre de la CGTU ».

L’ISR sait bien qu’elle a effron­té­ment men­ti en nous attribuant des « méth­odes de vio­lence ». Nous étions pré­cisé­ment ceux qui avions dès le com­mence­ment pro­posé aux exploités venus en France d’un peu partout, d’entrer dans nos syn­di­cats pour col­la­bor­er à l’œuvre com­mune de notre éman­ci­pa­tion… Mais l’ISR n’est ni à son pre­mier, ni à son dernier men­songe. Elle s’est spé­cial­isée dans ce genre. Le grand maître Lénine n’a‑t-il pas dit que « vio­len­ter la vérité » est une vertu ?

Monatte ne comprend plus

Monat­te ne sait plus à quel Dieu se vouer ni à quel sphinx s’adresser. En pur dés­espoir, il s’écrie : « Se représente-t-on à Moscou les sen­ti­ments que peut ressen­tir un mil­i­tant sérieux d’ici en présence de l’humiliation infligée à des hommes comme Chli­ap­nikoff et Medvedi­eff de se désavouer eux-mêmes, de proclamer que ce qu’ils pensent ils ne le pensent plus, alors qu’ils ne peu­vent pas ne pas con­tin­uer à le penser. Non, décidé­ment, nous ne pou­vons pas comprendre. »

Est-ce que Monat­te avait mieux com­pris tout ce qui se pas­sait en Russie quand il a adhéré au Par­ti com­mu­niste ? Est-ce que le coup de pied quelque part qu’il a reçu là-bas lui a fait mieux com­pren­dre ce qu’il ne savait pas ? Est-ce que l’indépendance du syn­di­cal­isme qu’il proclame tout en se déclarant pour la dic­tature du pro­lé­tari­at représen­té par le par­ti com­mu­niste qui en est l’avant-garde et dont les syn­di­cats ne sont néces­saire­ment que les instru­ments obéis­sants va, lui déchir­er la
toile d’araignée dans laque­lle il s’est empêtré ? Croit-il que c’est lui, le sauvage, qui enfin résoudra le prob­lème sécu­laire de la quad­ra­ture du cercle ?

Décidé­ment non, mon cher Monat­te, la cha­rade n’est pas pour toi, puisque cela t’a pris juste neuf ans pour avouer franche­ment que tu ne com­pre­nais rien.

Arithmétique.

La CGTU proclame qu’elle pos­sède 650 000 mem­bres. La CGT, de son côté, ne voulant pas rester en déficit, déclare qu’elle aus­si compte 650 000 membres.

On s’accorde à déclar­er que la somme totale de mem­bres organ­isés dans les deux CGT politi­ci­ennes est 650 000 membres !

Oh ! magie des chiffres !

Récompenses bien méritées

La presse sovié­tique nous apprend que Kamenef a été nom­mé ambas­sadeur auprès du gou­verne­ment ami de Mus­soli­ni. Cela don­nera une excel­lente occa­sion à Son Excel­lence soviétiste d’apprendre com­ment on traite une oppo­si­tion. Nous apprenons, d’un autre côté, de source tout à fait inof­fi­cielle, qu’on n’attend que la recon­nais­sance des Sovi­ets par l’Espagne pour y envoy­er Trotzky comme Excel­lence Plénipo­ten­ti­aire auprès de Pri­mo de Rivera.

Quant à Chli­ap­nikoff, il paraît qu’on lui réserve le poste de Prési­dent de la Tché­ka de Bakou…


Publié

dans

par

Étiquettes :