De la Liberté, dans la plaine,
Chantant, sifflant comme un gamin
Insouciant, à perdre haleine,
Lançant ma note à travers champ
Sans regarder à la dépense
Et l’écho renvoya mes chants.
Je dis : « Est-ce ma récompense ? »
Et l’écho me répondit : « Pense ».
Et j’ai pensé — car un troupeau
Passait, qu’un berger menait paître —
Que c’est sous le même drapeau
Que les moutons changeaient de maître.
Faut-il hurler avec les loups ?
Chasse à l’homme se perpétue.
Toujours pour les mêmes les coups,
C’est toujours l’atroce battue…
Et l’écho me répondit : « Tue ».
Me faut-il laisser bâillonner
Sous prétexte de discipline
Par des pontifes acharnés
Au nom de haineuses doctrines,
Eux qui ne songent qu’à sévir
Et brisent tout ce qui m’enchante,
Me faut-il laisser asservir,
Obéir à leurs voix méchantes ?
Et l’écho me répondit : « Chante ».
Je veux chanter le genre humain,
Rendre les hommes raisonnables,
Et non pas me muer, demain,
En criminel abominable.
Je vous dis : « Non, non, jamais,
N’emploierai de moyens extrêmes.
Comme hier, je veux désormais
Rester pur et rester moi-même. »
Et l’écho me répondit : « Aime ».
[/Maurice