La Presse Anarchiste

Une union libre

Ils s’u­nissent enfin, libre­ment, par hasard,
Sans apôtres ni dieux, au coin d’un bois, sur l’herbe,
La lune orgiaque rit, sous son voile superbe
De nuages légers, dans un ciel de bazar. 

Quoi­qu’af­fran­chis d’un dogme, d’un culte ou d’un césar,
Et mal­gré que leur lit soit une molle gerbe,
Lui pro­fane l’a­mour, la musique et le verbe,
Et sa Belle fait don de son âme, sans art.

Les astres indi­gnés com­prennent le blasphème,
Le zéphire se plaint d’en­tendre un faux poème,
Et les oiseaux déçus n’osent chan­ter : tout dort. 

Mais à l’heure plus vaine où les amants livides
Croi­ront au mariage heu­reux de leurs cœurs vides,
Vénus, au nom du Rêve, annon­ce­ra leur mort.

[/​Robert D./]

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