La Presse Anarchiste

L’école du coin de rue

L’an pro­chain nous recou­vri­ra l’herbe de la tombe.
Main­te­nant, nous sommes là debout et nous rigolons ;
Zyeu­tant les sou­ris au passage ;
Pariant sur de lents canas­sons ; buvant de la gnôle pas chère.
Nous n’avons rien à fiche ; nulle part où aller ; personne.

L’an der­nier c’était il y a un an ; ni moins ni plus.
Nous n’étions pas plus jeunes, alors ; ni ne sommes plus vieux maintenant.

Nous fai­sons notre pos­sible pour avoir l’air comme les jeunes gens ont l’air ;
Nous ne sen­tons rien der­rière nos faces, nib de nib.

Pro­bable que nous ne serons pas tout à fait morts quand nous mourrons.
Nous n’avons jamais rien été tout au long ; pas même soldats.

Nous sommes, frère, les petits gars insul­tés, désolés.
Som­nam­bules dans un pays ter­rible et noir
Où la soli­tude est un cou­teau sale sur notre gorge.
De froides étoiles nous reluquent, l’ami,
De froides étoiles et les putains. 

(Tra­duit de l’américain)
Ken­neth Patchen
La Presse Anarchiste