La Presse Anarchiste

Avril

De Cypris mariant le rire
Au dimanche le plus chrétien,
Je suis Avril, dont le délire
Ne pleure qu’au Ven­dre­di Saint.
Avec moi la sai­son nouvelle
Et l’Homme Nou­veau, de concert,
Pro­clament la Bonne Nouvelle :
« La mort est vain­cue, et l’hiver. »
Même les enfants de ce monde
Pour qui son retour n’eut pas lieu,
Dans ma suave clar­té blonde
Jure­raient voir éclore un dieu.

Attei­gnant déjà ses vingt ans,
L’homme, vêtu de sa jeunesse,
Marche à la conquête du temps
Comme l’amant de sa maîtresse.
Mais le siècle a chan­gé tout ça :
Les ser­vi­tudes militaires
Font du plus bel âge sur terre
Pierre que Sisyphe poussa.

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