La Presse Anarchiste

 

« Veuves
des mitraillés de 71 et vous, leurs enfants qui, aujourd’hui,
avez atteint l’âge viril, vous, leurs parents à divers
degrés, vous, leurs amis qui avaient peut-être partagé
leurs espoirs et leurs luttes, oublierez-vous ?

Tra­vailleurs,
mémoire ! Il y a eu par trop de sang ver­sé pen­dant la
semaine san­glante pour que l’ou­bli soit pos­sible ! Trop de sang versé
cyni­que­ment, par caprice, avec l’âpre rage d’as­sou­vir la peur
des pre­miers jours.

La
bour­geoi­sie a semé la haine, pré­pa­rons-nous pour la
récolte de demain. Que fleu­risse la vengeance.

Pas
de lar­moie­ments super­flus, à quoi servent les larmes?Laissons
les pleur­ni­che­ries aux châ­trés impuis­sants. Si nous
avons au coeur la légi­time haine, refou­lons toute pitié !
Puisque nos bour­reaux ont été féroces, le moment
venu, soyons impitoyables !

En
1871, la bour­geoi­sie a tué les nôtres pour défendre
ses pri­vi­lèges ; elle vou­lait extir­per le socia­lisme, afin de
jouir en paix des richesses volées. Faut-il l’en blâmer ?
Elle était dans son rôle de classe diri­geante. A notre
tour, quand la vic­toire nous sera favo­rable, n’ou­blions pas les
leçons du passé.

Chaque
fois que le peuple à ten­té de bri­ser ses chaînes
et est retom­bé vain­cu, il a trou­vé la bourgeoisie
implacable.

Et
aux grands jours de l’his­toire où lui-même a triomphé,
il a été splen­di­de­ment magna­nime. Il a pardonné
à ses enne­mis, – a même été plus loin :
grâce à sa béné­vo­li­té, il s’est
lais­sé enle­vé les fruits de sa victoire.

C’est
là une des plus grande faute qu’il ait jamais commises.

Qu’il
n’en soit plus de même ! que le mot de Saint-Just soit toujours
pré­sent à notre mémoire : « Qui fait une
Révo­lu­tion à demi, creuse son propre tombeau ! »

Pré­pa­rons-nous !

Aux
pro­chains com­bats il nous faut vaincre, quand même.

En
71, la bour­geoi­sie a fait cou­ler des fleuves de sang – si demain
elle était vic­to­rieuse, elle devrait teindre en pourpre
l’Océan !

La Presse Anarchiste