La Presse Anarchiste

Ami

Quand cet homme est venu, je n’ai pas demandé
Pour quel amour bat­tait le cœur de sa poitrine ;
je ne l’ai pas inter­ro­gé sur sa doctrine
En matière de culte ou de gouvernement :
Sim­ple­ment, le plus simplement
Du monde, j’ai regardé
Ses yeux et le pli de sa bouche ;
Alors il m’a sou­ri d’une façon très douce,
Et nous sommes allés nous pro­me­ner dans l’herbe
En face du vaste horizon. 

Les splen­deurs de la saison,
Le long fris­son du vent sous les rameau superbes
La tou­chante beau­té des choses,
Sans contrainte, sans vaines gloses
Ont mis nos cœurs à l’unisson,
Et nous sen­tant meilleurs tout à coup, lais­sant geindre 

Au repaire des hommes loups
La ran­cœur, l’en­vie et la fièvre,
Nous avons échan­gé au souffle de nos lèvres
Ce mot sacré : Ami !
Qui est plus beau que tout.

Phi­léas Lebesgue

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