La Presse Anarchiste

Ma profession de foi politique

Il est de bon ton dans le pre­mier numé­ro d’un canard, d’accoucher d’une pro­fes­sion de foi poli­tique.

Sous cette éti­quette on peut dire tout ce qu’on veut.

Y en a même qui se fendent d’une décla­ra­tion, bath aux pommes, dans laquelle ils déclarent qu’ils ne déclarent rien du tout.

Mais je ne veux pas emboî­ter le pas à ces illustres, et je me fends à la bonne franquette.

Pro­fes­sion – Je l’ai déjà dite, au jour d’aujourd’hui, rape­tas­seur de savates ; si vous pré­fé­rez, gniaff, ou mieux bouiffe.

Dans les temps j’ai rou­lé ma bosse un peu dans tous pate­lis ; j’ai fait un tour de France épa­tant, nom de dieu !

Pas besoin de dire que j’ai mis la patte à trente-six métiers.

Natu­rel­le­ment, j’ai pas dégot­té de picaillons : c’est pas en tur­bi­nant qu’on les gagne.

Il n’y a qu’un moyen pour faire rap­pli­quer les mona­cos dans sa pro­fonde : faire tri­mer les autres à son profit.

Ce four­bi-là m’a tou­jours dégoû­té, aus­si j’ai pas percé.

Je n’en ai pas de regret : je pré­fère être res­té prolo.

Pour­tant, dans la flotte des métiers que j’ai faite il en manque un, celui de soldat.

Ça m’a tou­jours pué au nez d’être trou­bade. N’empêche qu’à l’é­poque, j’étais bou­gre­ment patriote, allez !

Mais, en jeune Pei­nard, ça ne me bot­tait pas d’aller faire connais­sance avec le flin­got, de faire par le flanc droit, par le flanc gauche, et de trim­bal­ler Azor.

Seule­ment, j’étais bien bâti, for­te­ment cam­pé sur mes guibolles.

D’autre part, mon pater­nel n’avait pas jugé à pro­pos de tour­ner de l’œil pour m’exempter. Pas de cas potable à faire valoir, et sur­tout, pas de galette pour ache­ter un homme…

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