La Presse Anarchiste

Hosannah !

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Comme un grand vol d’oiseaux funèbres
du fond des champs, du fond des bourgs,
du fond des bois, du fond des villes
montent des plaintes et des plaintes encore.

Hosan­nah, Hosan­nah ! C’est la Victoire !
L’odeur du sang comme un encens
flatte le nez des séraphins.
Hosan­nah, Hosannah !
les bras levés des hommes, des enfants et des femmes
élèvent vers le ciel en mil­lion d’ostensoirs
l’ironique hosan­nah de leurs cœurs sanglotants.

Hosan­nah, Hosan­nah 1
Sou­pirs d’amants, san­glots des vierges
pleurs des petits abandonnés,.
orai­sons des errants aux portes des auberges,
brou­ha­ha des fau­bourgs, sirènes des usines
appe­lant au labeur les cor­tèges pensifs
des tra­vailleurs pen­chés dans la rumeur des rues.
Cris des hommes, cris des machines,
cla­meurs des remor­queurs sur le fleuve lointain
et qu’apporte le vent aux malades plaintifs
expec­to­rant leur vie dans les blancs hôpitaux ;
sif­flets stri­dents des trains
lais­sant au cœur l’écho de leur voix nostalgique,
ahan du labou­reur dans les sillons tranquilles…

Hosan­nah, Hosannah !
Fra­cas des voix hur­lant le délire du meurtre
sans voir et sans savoir,
plaintes atroces des nuits rouges,
râles blas­phé­ma­toires des moribonds
sous le soleil radieux, aux champs d’honneur,
déses­poir des bles­sés qui meurent sans secours
cris­pant leurs ongles fous sur les feuilles bruissantes…

Hosan­nah, Hosannah !
Voix des canons, voix des clairons,
et là-bas aux prai­ries de l’enfance abolie
carillon des baptêmes
et voix graves des glas pleu­rant sur les défunts…

Hosan­nah, Hosannah !
Chœur des vain­queurs et cœurs meurtris
Mêlez vos voix dans l’azur implacable
Hosan­nah, Hosannah !
L’odeur du sang comme un encens
flatte le nez des séraphins
Les dieux ont soif, les dieux ont bu !
Le rouge vin de la vic­toire enivre l’Éternel !…
Hosan­nah, Hosannah !…

[/​Genold./​]

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