La Presse Anarchiste

Les élus

Conclu­sion d’un article de Roche­fort dans l’In­tran­si­geant :

« Tel est le pas­sé de l’es­ta­fier entre les mains fan­geuses duquel sont tom­bés l’hon­neur et la sécu­ri­té des citoyens. C’est à cet ancien bona­par­tiste qui, dans le cabi­net d’un pro­cu­reur impé­rial, mâchait la besogne aux com­mis­sions mixtes et que l’empire même a reje­té avec dégoût comme vio­la­teur de petites filles ; c’est à ce tenan­cier de jeu de baraque, à ce débi­tant de faux amer Picon, à ce repré­sen­tant de com­merce chas­sé comme infi­dé­li­té, à ce for­ceur de caisses, à ce voleur pro­ba­ble­ment assas­sin que le par­le­ment vote des ordres du jour de confiance et des encou­ra­ge­ments à d’autres vols et à d’autres assassinats !

« Jamais à aucune époque, sous aucune monar­chie, non plus que sous aucune répu­blique, la digni­té de notre pays n’a­vait été sou­mise à une aus­si dou­lou­reuse épreuve. »

Tout le monde a recon­nu que Roche­fort tra­çait ain­si le por­trait de Constans, le ministre de la répu­blique à Carnot.

Mais où nous trou­vons le rédac­teur de l’In­tran­si­geant d’une naï­ve­té rare, c’est quand il s’écrie :

« Nous croyons qu’a­près ces révé­la­tions la Chambre n’hé­si­te­ra pas à faire son devoir et vomi­ra ce détri­tus dans un baquet de dégoût. »

Nous pou­vons affir­mer, nous, que la Chambre ne vomi­ra rien du tout et qu’elle conser­ve­ra Constans parce que si elle vou­lait ten­ter une œuvre épu­ra­trice, si elle se déci­dait à chas­ser tous les voleurs qui gar­nissent ses gra­dins il ne res­te­rait plus per­sonne dans ce lupa­nar de la bour­geoi­sie, parce qu’en sup­po­sant même que tous ceux — les Constans et tous leurs valets — qui palpent actuel­le­ment 25 frs par jour pour dic­ter des lois au peuple et voter de nou­veaux impôts, étaient balayés dans un jour de colère ils seraient rem­pla­cés par d’autres qui ne vau­draient pas mieux qu’eux.

Parce que ceux qui tiennent actuel­le­ment la queue à poêle, qui vivent des misères des sala­riés, qui tri­potent et empochent les finances du pays, ne consen­ti­ront jamais à démo­lir leur maître Constans qui leur faci­lite la besogne en leur indi­quant les mau­vais coups à faire.

Pour preuve nous ne vou­lons ici que rap­pe­ler les scan­dales qui ont sui­vi les élec­tions de Mau­guin, du raco­leur Let­te­lier, du voleur Pou­railli, de Japer, de Bar­nand, et de tant d’autres inqua­li­fiables dont les noms rem­pli­raient la page. Qu’a t’on fait ? — Rien du tout. — Ces gens conservent leurs places et volent comme aupa­ra­vant. Ils auraient été rem­pla­cés par d’autres, plus accen­tués, plus rouges, que ce serait encore la même chose.

Et cela dure­ra tant que la masse n’au­ra pas com­pris qu’il faut se débar­ras­ser des maîtres qui for­cé­ment, fata­le­ment, volent les gogos de contri­buables ; tant que le peuple imbé­cile n’au­ra pas jeté aux ordures cette fumis­te­rie macabre qui a nom : Suf­frage universel.


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