De ces trois positions — revue d’étude, problèmes du travail, problèmes idéologico-individuels —, laquelle choisissons-nous ?
En fait, il n’est pas fait une séparation a priori, et sans tomber dans l’éclectisme du groupe qui veut publier pour admirer sa propre signature à défaut d’être publié par « Le Monde » ou le « Nouvel Obs », nous sentons que nous ne nous reconnaissons pas dans d’autres revues et que nous avons à faire œuvre de présence.
Nous avons commencé à nous définir plus profondément en abordant le titre de la revue. Mis à part le fétichisme mi-religieux mi-baroque que certains accordent au titre, et au sous-titre, il est apparu que pour les uns la référence à l’anarchisme est nécessaire parce qu’ils s’identifient à des analyses et des expériences et que, sans tomber dans le dogme, il y a des principes fondamentaux que nous reconnaissons tous (anti-État, non-hiérarchie, révocation immédiate, rotation, …). Pour les autres, toute étiquette est à abandonner car elle nuit à la communication avec les lecteurs et adopter un « isme », c’est accepter certaines propositions qui peuvent cacher, bloquer la compréhension de la réalité. D’autres camarades n’accordaient que peu d’importance à ce type de problème. C’est pour l’instant la première position qui s’est trouvée « majoritaire ».
Cette division au départ ne semble pas un obstacle à la fabrication d’une revue en commun, avec les discussions qui en surgiront.
Et socialement, qui somme-nous ? Une majorité d’enseignants (supérieurs et secondaires !), des employés et ouvriers. De toute façon, tous plus ou moins des intellectuels, si ce n’est par la profession du moins par le fait que nous sommes « militants ».
— Pourrons-nous dépasser ces oppositions sociales ?
— Ce que chacun écrira sera-t-il lié à ce qu’il est socialement ?
Le débat est ouvert et la réponse viendra de nous et aussi des lecteurs.
Ce qui nous rassemble ce sont bien entendu nos positions de base, celles exprimées dans les points communs, mais aussi un certain nombre de « réflexes » communs face à des situations précises, réflexes dont nous constatons la réalité ponctuellement, épisodiquement et négativement, par rapport à tel évènement, par rapport à tel ou tel groupe, telle ou telle position.
Même si nous ne nous reconnaissons pas dans les groupes et publications existantes, certains nous sont proches, mais en partie seulement. Aussi envisageons-nous de discuter, avec différents groupes anti-autoritaires, d’horizons divers, et de participer à un débat qui doit avoir lieu sur toute une série de problèmes (voir Thèmes pour la Controverse).
Nous ferons une part approfondie aux comptes rendus, critiques de différents livres, journaux, revues, brochures, etc.
De plus, par la suite, chaque numéro sera pour moitié au moins consacré à un sujet particulier avec des articles contradictoires, écrits par nous ou que nous recevrons ou traduirons. Place sera faite également au courrier des lecteurs…
Cependant, il va de soi que nous ne sommes pas une tribune libre, ni un fourre-tout, et que nous restons les seuls maîtres (en bons anarchistes !) de décider de ce que nous publions.