La Presse Anarchiste

Les lendemains des GARI

La dis­cus­sion des actions menées, en France et à l’é­tran­ger, par les GARI, à par­tir de l’en­lè­ve­ment du ban­quier Sua­rez (cf. La Lan­terne Noire nº 1), et après les actions du MIL et l’exé­cu­tion de Sal­va­dor Puig Antich, devra être faite. Mais une telle ana­lyse impose une étude préa­lable, et inter­dit de pré­sen­ter un article fait au pied-levé, et qui de sur­croît trou­ve­ra mieux sa place dans le pro­chain numé­ro, qui doit être cen­tré sur la ques­tion de la vio­lence révo­lu­tion­naire. Nous nous conten­te­rons donc de publier la chro­no­lo­gie ci-des­sous, qui per­met de voir plus clai­re­ment ces évé­ne­ments dans leur ensemble. Cette chro­no­lo­gie nous a été com­mu­ni­qué par des cama­rades du Comi­té de Défense aux Incul­pés de l’Af­faire Sua­rez, et du Groupe d’En­traide Anar­chiste Inter­na­tio­nale, qui s’oc­cupe éga­le­ment de la défense des cama­rades incul­pés pour les actions des GARI.

20 décembre 1973 : à Madrid, Car­re­ro Blan­co passe au som­met de sa carrière.

Février 1974 : à Ivry, 4 mili­tants anar­chistes (Pierre Roger, Michel Camil­le­ri, Angel More­no Pati­no et Jean-Claude Torres) sont arrê­tés avec des armes et des faux papiers, et alors qu’ils venaient de voler une voi­ture. Roger et Camil­le­ri, mis en liber­té par la suite, seront réar­rê­tés et incul­pés pour les actions du GARI ; Torres et More­no Pati­no seront jugés le 14 octobre.

2 mars 1974 : Sal­va­dor Puig Antich est garroté.

22 mars 1974 : à Bar­ce­lone, 22 membres de la Fédé­ra­tion Anar­chiste de Cata­logne sont arrêtés.

En France, plas­ti­cages reven­di­qués par les G.A.I. (Groupes Auto­nomes d’In­ter­ven­tion) : au pont de Par­la­men­tia à Bidart (Pyr.-Atl.) — où la R.N. 10 tra­verse la voie fer­rée Paris-Iron — pro­vo­quant le déraille­ment par­tiel d’un train de mar­chan­dises ; contre la voie fer­rée Per­pi­gnan-Cer­bère-Bar­ce­lone, près d’Elne (Pvr.-Or.) ; contre le pont de Ruh­nac, à 3 km d’Ax-les-Thermes, sur la R.N. 2 qui mène vers l’An­dorre et l’Es­pagne (des pan­neaux « route minée » bar­raient la route).

7 avril 1974 : à Bar­ce­lone, 3 mili­tants sont arrê­tés à la Gare Fran­çaise par la police, qui les pré­sente comme membres de la OLLA (Orga­nit­za­cio de Llui­ta Arma­da) : Juan Jorge Vinyoles Vidal, Ramon Guar­rion Sanches et Geor­gi­na Nico­lau Mil­là ; 5 autres mili­tants de ce groupe sont recher­chés par la police espagnole.

3 mai 1974 : Angel Bal­ta­sar Sua­rez, direc­teur de la Banque de Bil­bao à Paris, est enle­vé par les GARI (Groupes d’Ac­tion Révo­lu­tion­naire Internationaliste).

7 mai : Pre­mier com­mu­ni­qué des GARI envoyé à l’AFP de Madrid, récla­mant : 1. la publi­ca­tion dans la presse espa­gnole des com­mu­ni­qués du mou­ve­ment révo­lu­tion­naire. 2. la mise en liber­té de San­tia­go Soler Ami­go, mili­tant du MIL, gra­ve­ment malade. 3. la publi­ca­tion de l’acte d’ac­cu­sa­tion contre des mili­tants du FRAP arrê­tés le 1er mai 1973, qui étaient pas­sibles de la peine de mort. 4. la mise en liber­té condi­tion­nelle de tous les pri­son­niers poli­tiques pou­vant en béné­fi­cier (c.-à‑d. ayant pur­gé les 34 de leur peine).

À Bar­ce­lone, le Comi­té Liber­taire Anti-Répres­sif (d’ins­pi­ra­tion anar­cho-syn­di­ca­liste) tient une confé­rence de presse clan­des­tine confir­mant ce communiqué.

À Paris, l’am­bas­sade d’Es­pagne confirme avoir reçu un com­mu­ni­qué des GARI, et déclare que la Banque de Bil­bao aurait reçu une demande de ran­çon de 10 mil­lions de francs — qu’elle consi­dère être un faux.

8 mai : com­mu­ni­qué des GARI à l’AFP de Paris, récla­mant en outre la libé­ra­tion de 3 autres mili­tants du MIL : José-Luis Pons Llo­bet, Fran­cis­co-Javier Gar­ri­ga Pai­tu­vi et Maria-Angus­tias Mateos Fernandez.

10 mai : À Londres, le rédac­teur en chef de l’heb­do­ma­daire under­ground Time Out, David May, reçoit une pho­to de Sua­rez en cap­ti­vi­té, et la pho­to­co­pie de son per­mis de séjour ; il les vend en exclu­si­vi­té au Dai­ly Mir­ror, qui les publie dans son édi­tion du dimanche (12 mai) : David May sera incul­pé de recel, et des mili­tants anar­chistes anti-fran­quistes anglais seront perquisitionnés.

13 mai : des anar­chistes espa­gnols sont arrê­tés sur la route Lyon-Genève, près de Bel­le­garde (Ain) : 3 sont nom­més : Fran­cis­co Sor­roche Jus­ti­cia, Jose Ven­tu­ra Rome­ro, Igna­cio Sole Sugra­nyes (dont le frère, Oriol, est un mili­tant du MIL, empri­son­né en Espagne) ; inter­ro­gés sur l’af­faire Sua­rez sans résul­tat, ils sont écroués pour faux papiers, puis relâchés.

Nuit du 21 au 22 mai : des locaux du jour­nal L’Est Répu­bli­cain sont incen­diés : le « com­man­do Puig Antich » reven­dique l’action.

22 mai : Bal­ta­sar Sua­rez est relâ­ché à Paris ; deux mili­tants anar­chistes (Anne et Lucio Urtu­bia) arrê­tés à Paris ; sept autres en pro­vince : Octa­vio Albe­ro­la Suri­nach, Ariane Gran­sac-Sado­ri et Jean Helen Weir, près d’A­vi­gnon ; Annie Pla­zen et Georges Rivière, à Tou­louse Pierre Gui­bert et Danièle Haas, à Pey­riac-Miner­vois (Aude). Inter­ro­gés sur l’en­lè­ve­ment de Sua­rez, ils sont fina­le­ment incul­pés de recel qua­li­fié (les sept der­niers avaient été retrou­vés avec des sommes d’argent — près de 3 mil­lions de francs — que la Banque de Bil­bao fini­ra par recon­naître comme étant la ran­çon de Sua­rez). Ils seront tous mis en liber­té pro­vi­soire : Albe­ro­la reste le seul en prison.

29 mai : Chan­tal et Arnaud Chas­tel sont arrê­tés à Paris, incul­pés d’a­voir four­ni leur appar­te­ment pour la séques­tra­tion de Sua­rez. Faute de preuves, ils seront remis en liber­té le 30 août.

— O —

Début juillet : le juge Alain Ber­nard, char­gé de l’ins­truc­tion de l’af­faire Sua­rez, ayant envoyé des com­mis­sions roga­toires à la police espa­gnole, une tren­taine de mili­tants anar­chistes sont arrê­tés, à Bar­ce­lone et ailleurs. 8 sont main­te­nus en déten­tion, et 4 sont fina­le­ment incul­pés… de recons­ti­tu­tion de la CNT ! Il s’a­git de Luis Andres Edo, David Urba­no Ber­mudes, Luis Bur­ro Moli­na, et Juan Fer­rat. Ils doivent être jugés en jan­vier 1975 (on réclame 5 ans contre eux, et 5 ans de plus pour Luis Bur­ro, pour pro­pa­gande illégale).

12 juillet : liber­té pro­vi­soire pour Anne Urtu­bia : le juge Ber­nard refuse de libé­rer les Chastel.

15 juillet : atten­tats à Andorre-la-Vieille contre la Vigue­rie épis­co­pale et la Caisse d’É­pargne espagnole.

À Paris, explo­sion à la gare d’Aus­ter­litz dans les toi­lettes du train Paris-Madrid-Irun.

16 juillet : une explo­sion détruit des véhi­cules du Tour de France à Saint-Lary (Htes-Pyr,) ; des arbres sont abat­tus sur la route du Tour entre Barèges et le col du Tour­ma­let, et 13 cars de pèle­rins sont incen­diés à Lourdes ; ces actions sont reven­di­quées par les GARI, qui rap­pellent leurs exigences.

Un coup de télé­phone à la Dépêche du Midi reven­dique les atten­tats d’An­dorre pour les GARI, et menace les cou­reurs espa­gnols du Tour.

17 juillet : à Madrid, Juan Anto­nio Astar­loa, fils du direc­teur d’une grande lai­te­rie, est enle­vé par le groupe GAR‑5 ; il est relâ­ché le lendemain.

20 juillet : fausse alerte à la bombe au Fes­ti­val de Car­cas­sonne pen­dant le spec­tacle « Danses natio­nales d’Espagne ».

23 – 24 juillet : le conseil de guerre de Bar­ce­lone condamne Jose Oriol Sole Sugra­nyes et José-Luis Pons Llo­bet, mili­tants du MIL, à des peines de 48 ans et 21 ans respectivement.

25 juillet : atten­tat contre la Banque Popu­laire d’Es­pagne à Nîmes.

27 – 28 juillet : 3 bombes contre le consu­lat d’Es­pagne à Tou­louse, reven­di­quées par les GARI ; la 3e fait 12 bles­sés, dont 3 pom­piers et 3 poli­ciers (un com­mis­saire est sérieu­se­ment atteint).

Bombe dans un casier de consigne auto­ma­tique à la gare d’Hen­daye, reven­di­quée par les GARI (le chef de gare avait été pré­ve­nu par téléphone).

Nuit du 28 au 29 juillet : à Paris, deux auto­cars de la SEAFEP (SEA France-Espagne-Por­tu­gal) sont endom­ma­gés dans la gare auto­rou­tière de la socié­té ; une troi­sième charge de dyna­mite est désamorcée.

Voi­tures pié­gées aux postes-fron­tières fran­co-espa­gnols du Per­thus et de Bourg-Madame (P.-O.). Ces 3 actions sont reven­di­quées par les GARI.

29 juillet : Pierre Roger est arrê­té à Tou­louse ; il sera sérieu­se­ment tabas­sé, et incul­pé d’un hold-up.

30 juillet-22 août : plu­sieurs incen­dies dans des trains en par­tance à la gare d’Aus­ter­litz. La presse parle du GARI, mais la police finit par arrê­ter un employé de la S.N.C.F. : il serait pyromane.

30 juillet : fausse alerte à la bombe sur deux trains venant d’Hen­daye, arrê­tés à Bordeaux.

30 – 31 juillet : deux bateaux de plai­sance plas­ti­qués dans le port de la Grande-Motte. Fausse alerte à la bombe dans le direct Madrid-Paris La Puer­ta del Sol ; ces actions sont reven­di­quées par les GARI.

1er août : la police décide de fouiller tous les trains vers l’Espagne.

Début août : inter­ro­ga­toires et per­qui­si­tions se mul­ti­plient contre les mili­tants anar­chistes dans le Sud-Ouest.

5 août : à Bruxelles, 3 voi­tures pié­gées : contre les bureaux de la com­pa­gnie aérienne Ibé­ria, et contre 2 suc­cur­sales du Ban­co Español (actions reven­di­quées par les GARI).

La presse fait aus­si­tôt l’a­mal­game avec les voi­tures pié­gées (reven­di­quées démen­ties par le FPLP) du 3 août à Paris (contre L’Au­rore, Minute et le Fonds Social Juif), et l’at­ten­tat contre le train Rome-Munich L’I­ta­li­cus du 4 août (12 morts), reven­di­qué par le groupe fas­ciste Ordine Nero (déjà res­pon­sable des 8 morts de l’at­ten­tat de Bres­cia le 28 mai).

La police recherche un couple fran­çais qui aurait loué à Car­cas­sonne un des véhi­cules pié­gés de Bruxelles.

7 août : un com­mu­ni­qué de la Fédé­ra­tion Anar­chiste s’é­lève contre « la cam­pagne de déni­gre­ment et d’a­mal­game dont les anar­chistes font l’ob­jet ». Il éta­blit une dis­tinc­tion : « Le ter­ro­risme “éclai­ré” de cer­tains anar­chistes s’est tou­jours refu­sé à tuer une vie dont les fas­cistes ita­liens ou les mar­xistes pales­ti­niens font peu de cas. »

14 août : les GARI annoncent qu’une bombe explo­se­ra le len­de­main (fête de l’As­somp­tion) à la grotte de Lourdes (fausse alerte). Sur­veillance poli­cière « jus­qu’à la fin de la sai­son des pèlerinages ».

Liber­té pro­vi­soire pour Pierre Gui­bert, Annie Pla­zen et Danièle Haas, incul­pés de recel dans l’af­faire Suarez.

16 août : la presse impute les incen­dies dans les trains en gare d’Aus­ter­litz aux GARI.

24 août : on attri­bue aux GARI le pro­jet d’en­le­ver le prince Juan-Car­los, qui séjour­nait à Monte-Carlo.

27 août : à Tou­louse, les GARI envoient 3 bou­teilles de cham­pagne pour les 3 pom­piers bles­sés le 28 juillet lors de l’at­ten­tat contre le consu­lat d’Es­pagne ; la police sai­sit le colis.

30 août : liber­té pro­vi­soire pour Chan­tal et Arnaud Chastel. 

10 sep­tembre : liber­té pro­vi­soire pour Georges Rivière.

13 sep­tembre : à Madrid, atten­tat au café Rolan­do, fré­quen­té par des poli­ciers, dans le quar­tier de la Puer­ta del Sol (11 morts) ; la police espa­gnole accuse « l’E­TA ou le GARI ». La presse fran­çaise rap­pro­che­ra cet atten­tat avec celui contre le Drug­store Saint-Ger­main, le 15 sep­tembre (2 morts).

18 sep­tembre : liber­té pro­vi­soire pour Lucio Urtu­bia, incul­pé de recel dans l’af­faire Sua­rez. La police annonce l’ar­res­ta­tion de quatre mili­tants anar­chistes, accu­sés d’ap­par­te­nir aux GARI : Vic­tor Man­rique à Hen­daye et Jean-Michel Mar­ti­nez à Ciboure, incul­pés de l’at­ten­tat du 22 mars contre la voie fer­rée Paris-Hen­daye ; Mar­ti­nez sera incul­pé de l’at­ten­tat à la gare d’Hen­daye, le 28 juillet. Leur arres­ta­tion est sui­vie de celle de Mario Ives Torres et de Michel Camil­le­rie, à Tou­louse, incul­pés de divers hold-up, des voi­tures pié­gées au Per­thus et à Bourg-Madame du 28 juillet, et des atten­tats contre le Tour de France ; Ines Torres est en outre incul­pé de l’at­ten­tat contre le consu­lat d’Es­pagne à Tou­louse. Tous les quatre sont défé­rés devant la Cour de Sûre­té de l’É­tat pour ces actions, qu’ils revendiquent.

20 sep­tembre : l’Es­pagne exige le pas­se­port pour les Fran­çais se ren­dant en Espagne, et pro­teste contre « le trai­te­ment que reçoivent en ter­ri­toire fran­çais les ter­ro­ristes de l’ETA ».

23 sep­tembre : à Madrid, la police espa­gnole annonce l’ar­res­ta­tion de 8 mili­tants d’ex­trême-gauche et du PC, accu­sés de l’at­ten­tat du 13 sep­tembre à la Puer­ta del Sol.

À Paris, l’am­bas­sa­deur d’Es­pagne ren­contre Ponia­tows­ki, qui l’in­forme des mesures prises contre les GARI, et lui rap­pelle que c’est à l’Es­pagne d’en­ga­ger la pro­cé­dure d’ex­tra­di­tion contre les Espa­gnols vivant en France.

28 sep­tembre : le PC lance la cam­pagne en faveur des incul­pés de Madrid.

À Bar­ce­lone, la police espa­gnole annonce l’ar­res­ta­tion de Rober­to Safont Sisa, accu­sé d’ap­par­te­nir au groupe OLLA et d’être char­gé des rap­ports avec les GARI.

10 octobre : à Paris, deux bombes sont pla­cées au Parc des Princes, pen­dant le match Bar­ce­lone contre Paris-Reims ; les bombes sont désa­mor­cées sans avoir explo­sé, et sans que la police, pré­ve­nue, fasse éva­cuer le ter­rain ; cette action est reven­di­quée par les Groupes d’Ac­tion Inter­na­tio­na­liste, qui déclarent que les bombes n’a­vaient pas été amorcées.

14 octobre : Angel More­no Pati­no et Jean-Claude Torres sont condam­nés à 10 mois avec sur­sis (ils avaient déjà fait 8 mois de pré­ven­tive) pour l’af­faire d’I­vry ; Pierre Roger et Michel Camil­le­ri, déte­nus à Tou­louse dans le cadre de l’en­quête sur les GARI, ne sont pas jugés : leur pro­cès pour cette affaire, ren­voyé d’a­bord au 25 novembre, est main­te­nant fixé au 13 jan­vier 1975.

José-Maria Condon Bofill, venu assis­ter au pro­cès, est arrê­té et trans­fé­ré à Tou­louse, la police l’ac­cu­sant de com­pli­ci­té dans les hold-up avec les 4 mili­tants incul­pés pour les actions du GARI.

21 octobre : inter­view d’un « porte-parole des GARI » publiée par l’Ex­press.

28 – 29 octobre : inter­view de 4 mili­tants des GARI dans l’Au­rore.

4 novembre : le GAROT (Groupe d’Ac­tion Révo­lu­tion­naire Occa­sion­nel­le­ment Ter­ro­riste) enlève la tête et les mains du man­ne­quin du prince Juan-Car­los, au Musée Gré­vin ; des jour­naux reçoivent des doigts (et même une oreille) et l’AFP la tète, le 8 novembre.

12 novembre : liber­té pro­vi­soire pour Jean Weir.

29 novembre : liber­té pro­vi­soire pour Ariane Gran­sac-Sado­ri ; des 11 incul­pés pour l’af­faire Sua­rez, seul Albe­ro­la reste en prison.

3 décembre : à Paris, 3 mili­tants anar­chistes — Flo­réal Cua­dra­do, Ray­mond Del­ga­do et Jean-Marc Rouillan (alias Domi­nique Moran) — sont arrê­tés à bord de la voi­ture de Rouillan, qui conte­nait des armes, des explo­sifs, des tam­pons offi­ciels et des faux papiers, ain­si qu’une pho­to­co­pie du per­mis de séjour de Sua­rez, ce qui per­met à la police d’ac­cu­ser les 3 de faire par­tie des GARI — ce qu’ils nient ; ils sont défé­rés devant la Cour de Sûre­té de l’État.

— O —

Bon voi­là… La suite au pro­chain numé­ro. En atten­dant, un impor­tant effort d’in­for­ma­tion a été réa­li­sé par des cama­rades qui signent « Puig Antich et Heinz Chez » une bro­chure inti­tu­lée l’É­tat et la Révo­lu­tion (mais oui, madame), dont le tome 3 vient de sor­tir, et doit se trou­ver dans toutes les (bonnes) librairies.

Les auteurs signalent que « cette pré­sen­ta­tion actuelle en 3 volumes est due à des pro­blèmes tech­niques et d’ur­gence d’information.

Tome 1 — Avant le MIL (débat de for­ma­tion, le MIL et l’au­to-dis­so­lu­tion dans le cadre géné­ral du mou­ve­ment ouvrier à Barcelone).

Tome 2 — Pre­mière tac­tique de défense des empri­son­nés de Bar­ce­lone. L’af­faire Puig Antich.

Tome 3 — Deuxième tac­tique de défense des empri­son­nés espa­gnols et fran­çais, irlan­dais, écossais.

« Nous ne vou­lons donc pas céder à l’i­mage du tome 3 (…) » pré­cisent les auteurs, qui ont en tout cas déjà réuni (et publié) un remar­quable dos­sier de presse sur l’af­faire Sua­rez et les actions des GARI, et amorcent la dis­cus­sion de ces actions.

Le Tome 3 : 10 francs (« Nous pro­po­sons aux cama­rades qui rece­vront ce docu­ment de ver­ser direc­te­ment l’argent. soit aux comi­tés de défense des empri­son­nés, soit aux empri­son­nés, à leur choix » est-il indiqué).

C’est jus­te­ment une réflexion à par­tir de l’ac­tion du MIL qu’en­gage Jean Bar­rot dans une bro­chure publiée cet été : Vio­lence et soli­da­ri­té révo­lu­tion­naires — Les pro­cès des com­mu­nistes de Bar­ce­lone (Petite Biblio­thèque Bleue, Édi­tions de l’Ou­bli : 2, rue Wurtz, 75013 Paris — 6 F).

Bar­rot a par­ti­ci­pé au Comi­té « Véri­té pour les révo­lu­tion­naires espa­gnols » (patron­né par P. Vidal-Naquet) qui s’est occu­pé de la défense des cama­rades du MIL et a assu­ré l’in­for­ma­tion sur leur action il fai­sait par­tie du groupe publiant la revue Le Mou­ve­ment Com­mu­niste. À ce titre, il doit se défendre des « puristes » de l’« ultra-gauche » (et de cer­tains anars) qui lui reprochent de s’être abais­sé à côtoyer des per­son­na­li­tés. La bro­chure s’en res­sent, quoi­qu’il n’ait aucun mal à défendre le comi­té des charges dont il a fait l’ob­jet.. Par ailleurs, Bar­rot n’é­chappe pas à la polé­mique qui suit toute action du type MIL/​défense d’ac­cu­sés, et se voit repro­cher par les auteurs de la bro­chure pré­cé­dem­ment citée que « le comi­té pour la véri­té sur les empri­son­nés de Bar­ce­lone fit du bon bou­lot, mais ne repro­dui­sit pas tous les docu­ments du MIL, sur­tout ceux d’ins­pi­ra­tion tota­le­ment anarchiste ».

Quoi qu’il en soit, il serait dom­mage que ces récri­mi­na­tions masquent. la contri­bu­tion de J. Bar­rot au débat (contri­bu­tion qui se veut réso­lu­ment « théo­rique ») — après sa contri­bu­tion à la défense des incul­pés du MIL — et en par­ti­cu­lier la posi­tion qu’il déve­loppe ici : « Le capi­tal pousse une par­tie de ceux qui se rebellent vers des com­mu­nau­tés poli­tiques, cultu­relles, de drogue. etc., de même il en conduit d’autres vers la com­mu­nau­té de la vio­lence, sûr de les iso­ler, et, au bout du compte. de les détruire phy­si­que­ment. Tant qu’exis­te­ront des États, tout État pour­ra tuer des révo­lu­tion­naires : mais un groupe révo­lu­tion­naire, même bien implan­té, ne pour­ra jamais lut­ter effi­ca­ce­ment par les armes contre un État que seule la révo­lu­tion peut anéan­tir. » (p. 17).

À dis­cu­ter… En atten­dant, il y a dix cama­rades en taule (rien qu’en France).

À Fresnes (Pri­son de Fresnes, I, ave­nue de la Divi­sion-Leclerc, 94 Fresnes)

Octa­vio Albe­ro­la Suri­nach (nº d’é­crou 637 – 262 ; cel­lule 1 – 281). 

À la San­té (Pri­son de la San­té, 42, rue de la San­té, 75014 Paris) :

Michel Camil­le­ri (nº d’é­crou 176 – 156 ; cel­lule 2 – 149)

Mario Ines Tor­rès (nº d’é­crou 176 – 157 ; cel­lule 2 – 72)

Vic­tor Man­rique (nº d’é­crou 176 – 158 ; cel­lule 1 – 17)

Jean-Michel Mar­ti­nez (nº d’é­crou 176 – 159 ; cel­lule 1 – 79)

Flo­réal Cua­dra­do (nº d’é­crou 177 – 403 ; cel­lule 2 – 133)

Ray­mond Del­ga­do (nº d’é­crou 177 – 402 ; cel­lule 1 – 7)

Jean-Marc Rouillan (nº d’é­crou 177 – 404 ; cel­lule D‑214)

À Tou­louse, à la pri­son Saint-Michel (nous n’a­vons ni les coor­don­nés de la pri­son, ni celles des prévenus) :

José-Maria Condom Bofill,

Pierre Roger

On peut leur écrire (ça leur fera plai­sir) ou leur envoyer du fric.

À signa­ler que les pré­ve­nus de la San­té font la « grève de l’ins­truc­tion » (refus de répondre aux magis­trats) tant qu’ils ne pour­ront pas béné­fi­cier du « régime spé­cial » de déten­tion, c’est-à-dire tant que l’ad­mi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire refu­se­ra de leur recon­naître le sta­tut poli­tique que l’É­tat accorde à leur affaire (Cour de Sûre­té de l’État).

Rap­pe­lons que faire can­ti­ner 10 déte­nus, ça revient cher (à moins de faire soi-même des hold-up…), que les frais de jus­tice sont lourds (un seul dos­sier coûte faci­le­ment 2000 F !), et que les avo­cats ne car­burent effi­ca­ce­ment qu’au bif­teck frites, ou son équivalent.

Pour tout ça, on peut contri­buer en envoyant à : A. ALVAREZ, C.C.P. 15.712.51 Paris (Men­tion­ner « Comi­té de Défense des Inculpés »)

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