La Presse Anarchiste

Les lendemains des GARI

La dis­cus­sion des actions menées, en France et à l’é­tranger, par les GARI, à par­tir de l’en­lève­ment du ban­quier Suarez (cf. La Lanterne Noire nº 1), et après les actions du MIL et l’exé­cu­tion de Sal­vador Puig Antich, devra être faite. Mais une telle analyse impose une étude préal­able, et inter­dit de présen­ter un arti­cle fait au pied-levé, et qui de sur­croît trou­vera mieux sa place dans le prochain numéro, qui doit être cen­tré sur la ques­tion de la vio­lence révo­lu­tion­naire. Nous nous con­tenterons donc de pub­li­er la chronolo­gie ci-dessous, qui per­met de voir plus claire­ment ces événe­ments dans leur ensem­ble. Cette chronolo­gie nous a été com­mu­niqué par des cama­rades du Comité de Défense aux Inculpés de l’Af­faire Suarez, et du Groupe d’En­traide Anar­chiste Inter­na­tionale, qui s’oc­cupe égale­ment de la défense des cama­rades inculpés pour les actions des GARI.

20 décem­bre 1973 : à Madrid, Car­rero Blan­co passe au som­met de sa carrière.

Févri­er 1974 : à Ivry, 4 mil­i­tants anar­chistes (Pierre Roger, Michel Camil­leri, Angel Moreno Pati­no et Jean-Claude Tor­res) sont arrêtés avec des armes et des faux papiers, et alors qu’ils venaient de vol­er une voiture. Roger et Camil­leri, mis en lib­erté par la suite, seront réar­rêtés et inculpés pour les actions du GARI ; Tor­res et Moreno Pati­no seront jugés le 14 octobre.

2 mars 1974 : Sal­vador Puig Antich est garroté.

22 mars 1974 : à Barcelone, 22 mem­bres de la Fédéra­tion Anar­chiste de Cat­a­logne sont arrêtés.

En France, plas­ticages revendiqués par les G.A.I. (Groupes Autonomes d’In­ter­ven­tion) : au pont de Par­la­men­tia à Bidart (Pyr.-Atl.) — où la R.N. 10 tra­verse la voie fer­rée Paris-Iron — provo­quant le déraille­ment par­tiel d’un train de marchan­dis­es ; con­tre la voie fer­rée Per­pig­nan-Cer­bère-Barcelone, près d’Elne (Pvr.-Or.) ; con­tre le pont de Ruhnac, à 3 km d’Ax-les-Ther­mes, sur la R.N. 2 qui mène vers l’An­dorre et l’Es­pagne (des pan­neaux « route minée » bar­raient la route).

7 avril 1974 : à Barcelone, 3 mil­i­tants sont arrêtés à la Gare Française par la police, qui les présente comme mem­bres de la OLLA (Organ­itza­cio de Llui­ta Arma­da) : Juan Jorge Viny­oles Vidal, Ramon Guar­rion Sanch­es et Georgina Nico­lau Mil­là ; 5 autres mil­i­tants de ce groupe sont recher­chés par la police espagnole.

3 mai 1974 : Angel Bal­tasar Suarez, directeur de la Banque de Bil­bao à Paris, est enlevé par les GARI (Groupes d’Ac­tion Révo­lu­tion­naire Internationaliste).

7 mai : Pre­mier com­mu­niqué des GARI envoyé à l’AFP de Madrid, récla­mant : 1. la pub­li­ca­tion dans la presse espag­nole des com­mu­niqués du mou­ve­ment révo­lu­tion­naire. 2. la mise en lib­erté de San­ti­a­go Sol­er Ami­go, mil­i­tant du MIL, grave­ment malade. 3. la pub­li­ca­tion de l’acte d’ac­cu­sa­tion con­tre des mil­i­tants du FRAP arrêtés le 1er mai 1973, qui étaient pas­si­bles de la peine de mort. 4. la mise en lib­erté con­di­tion­nelle de tous les pris­on­niers poli­tiques pou­vant en béné­fici­er (c.-à‑d. ayant purgé les 3/4 de leur peine).

À Barcelone, le Comité Lib­er­taire Anti-Répres­sif (d’in­spi­ra­tion anar­cho-syn­di­cal­iste) tient une con­férence de presse clan­des­tine con­fir­mant ce communiqué.

À Paris, l’am­bas­sade d’Es­pagne con­firme avoir reçu un com­mu­niqué des GARI, et déclare que la Banque de Bil­bao aurait reçu une demande de rançon de 10 mil­lions de francs — qu’elle con­sid­ère être un faux.

8 mai : com­mu­niqué des GARI à l’AFP de Paris, récla­mant en out­re la libéra­tion de 3 autres mil­i­tants du MIL : José-Luis Pons Llo­bet, Fran­cis­co-Javier Gar­ri­ga Paitu­vi et Maria-Angus­tias Mateos Fernandez.

10 mai : À Lon­dres, le rédac­teur en chef de l’heb­do­madaire under­ground Time Out, David May, reçoit une pho­to de Suarez en cap­tiv­ité, et la pho­to­copie de son per­mis de séjour ; il les vend en exclu­siv­ité au Dai­ly Mir­ror, qui les pub­lie dans son édi­tion du dimanche (12 mai) : David May sera inculpé de recel, et des mil­i­tants anar­chistes anti-fran­quistes anglais seront perquisitionnés.

13 mai : des anar­chistes espag­nols sont arrêtés sur la route Lyon-Genève, près de Bel­le­garde (Ain) : 3 sont nom­més : Fran­cis­co Sor­roche Jus­ti­cia, Jose Ven­tu­ra Romero, Igna­cio Sole Sug­ranyes (dont le frère, Ori­ol, est un mil­i­tant du MIL, empris­on­né en Espagne) ; inter­rogés sur l’af­faire Suarez sans résul­tat, ils sont écroués pour faux papiers, puis relâchés.

Nuit du 21 au 22 mai : des locaux du jour­nal L’Est Répub­li­cain sont incendiés : le « com­man­do Puig Antich » revendique l’action.

22 mai : Bal­tasar Suarez est relâché à Paris ; deux mil­i­tants anar­chistes (Anne et Lucio Urtubia) arrêtés à Paris ; sept autres en province : Octavio Albero­la Suri­nach, Ari­ane Gransac-Sadori et Jean Helen Weir, près d’Av­i­gnon ; Annie Plazen et Georges Riv­ière, à Toulouse Pierre Guib­ert et Danièle Haas, à Peyr­i­ac-Min­er­vois (Aude). Inter­rogés sur l’en­lève­ment de Suarez, ils sont finale­ment inculpés de recel qual­i­fié (les sept derniers avaient été retrou­vés avec des sommes d’ar­gent — près de 3 mil­lions de francs — que la Banque de Bil­bao fini­ra par recon­naître comme étant la rançon de Suarez). Ils seront tous mis en lib­erté pro­vi­soire : Albero­la reste le seul en prison.

29 mai : Chan­tal et Arnaud Chas­tel sont arrêtés à Paris, inculpés d’avoir fourni leur apparte­ment pour la séques­tra­tion de Suarez. Faute de preuves, ils seront remis en lib­erté le 30 août.

— O —

Début juil­let : le juge Alain Bernard, chargé de l’in­struc­tion de l’af­faire Suarez, ayant envoyé des com­mis­sions roga­toires à la police espag­nole, une trentaine de mil­i­tants anar­chistes sont arrêtés, à Barcelone et ailleurs. 8 sont main­tenus en déten­tion, et 4 sont finale­ment inculpés… de recon­sti­tu­tion de la CNT ! Il s’ag­it de Luis Andres Edo, David Urbano Bermudes, Luis Bur­ro Moli­na, et Juan Fer­rat. Ils doivent être jugés en jan­vi­er 1975 (on réclame 5 ans con­tre eux, et 5 ans de plus pour Luis Bur­ro, pour pro­pa­gande illégale).

12 juil­let : lib­erté pro­vi­soire pour Anne Urtubia : le juge Bernard refuse de libér­er les Chastel.

15 juil­let : atten­tats à Andorre-la-Vieille con­tre la Viguerie épis­co­pale et la Caisse d’É­pargne espagnole.

À Paris, explo­sion à la gare d’Auster­litz dans les toi­lettes du train Paris-Madrid-Irun.

16 juil­let : une explo­sion détru­it des véhicules du Tour de France à Saint-Lary (Htes-Pyr,) ; des arbres sont abat­tus sur la route du Tour entre Barèges et le col du Tour­malet, et 13 cars de pèlerins sont incendiés à Lour­des ; ces actions sont revendiquées par les GARI, qui rap­pel­lent leurs exigences.

Un coup de télé­phone à la Dépêche du Midi revendique les atten­tats d’An­dorre pour les GARI, et men­ace les coureurs espag­nols du Tour.

17 juil­let : à Madrid, Juan Anto­nio Astar­loa, fils du directeur d’une grande lai­terie, est enlevé par le groupe GAR‑5 ; il est relâché le lendemain.

20 juil­let : fausse alerte à la bombe au Fes­ti­val de Car­cas­sonne pen­dant le spec­ta­cle « Dans­es nationales d’Espagne ».

23–24 juil­let : le con­seil de guerre de Barcelone con­damne Jose Ori­ol Sole Sug­ranyes et José-Luis Pons Llo­bet, mil­i­tants du MIL, à des peines de 48 ans et 21 ans respectivement.

25 juil­let : atten­tat con­tre la Banque Pop­u­laire d’Es­pagne à Nîmes.

27–28 juil­let : 3 bombes con­tre le con­sulat d’Es­pagne à Toulouse, revendiquées par les GARI ; la 3e fait 12 blessés, dont 3 pom­piers et 3 policiers (un com­mis­saire est sérieuse­ment atteint).

Bombe dans un casi­er de con­signe automa­tique à la gare d’Hen­daye, revendiquée par les GARI (le chef de gare avait été prévenu par téléphone).

Nuit du 28 au 29 juil­let : à Paris, deux auto­cars de la SEAFEP (SEA France-Espagne-Por­tu­gal) sont endom­magés dans la gare autoroutière de la société ; une troisième charge de dyna­mite est désamorcée.

Voitures piégées aux postes-fron­tières fran­co-espag­nols du Perthus et de Bourg-Madame (P.-O.). Ces 3 actions sont revendiquées par les GARI.

29 juil­let : Pierre Roger est arrêté à Toulouse ; il sera sérieuse­ment tabassé, et inculpé d’un hold-up.

30 juil­let-22 août : plusieurs incendies dans des trains en par­tance à la gare d’Auster­litz. La presse par­le du GARI, mais la police finit par arrêter un employé de la S.N.C.F. : il serait pyromane.

30 juil­let : fausse alerte à la bombe sur deux trains venant d’Hen­daye, arrêtés à Bordeaux.

30–31 juil­let : deux bateaux de plai­sance plas­tiqués dans le port de la Grande-Motte. Fausse alerte à la bombe dans le direct Madrid-Paris La Puer­ta del Sol ; ces actions sont revendiquées par les GARI.

1er août : la police décide de fouiller tous les trains vers l’Espagne.

Début août : inter­roga­toires et perqui­si­tions se mul­ti­plient con­tre les mil­i­tants anar­chistes dans le Sud-Ouest.

5 août : à Brux­elles, 3 voitures piégées : con­tre les bureaux de la com­pag­nie aéri­enne Ibéria, et con­tre 2 suc­cur­sales du Ban­co Español (actions revendiquées par les GARI).

La presse fait aus­sitôt l’a­mal­game avec les voitures piégées (revendiquées démen­ties par le FPLP) du 3 août à Paris (con­tre L’Au­rore, Minute et le Fonds Social Juif), et l’at­ten­tat con­tre le train Rome-Munich L’I­tali­cus du 4 août (12 morts), revendiqué par le groupe fas­ciste Ordine Nero (déjà respon­s­able des 8 morts de l’at­ten­tat de Bres­cia le 28 mai).

La police recherche un cou­ple français qui aurait loué à Car­cas­sonne un des véhicules piégés de Bruxelles.

7 août : un com­mu­niqué de la Fédéra­tion Anar­chiste s’élève con­tre « la cam­pagne de dén­i­gre­ment et d’a­mal­game dont les anar­chistes font l’ob­jet ». Il établit une dis­tinc­tion : « Le ter­ror­isme “éclairé” de cer­tains anar­chistes s’est tou­jours refusé à tuer une vie dont les fas­cistes ital­iens ou les marx­istes pales­tiniens font peu de cas. »

14 août : les GARI annon­cent qu’une bombe explosera le lende­main (fête de l’As­somp­tion) à la grotte de Lour­des (fausse alerte). Sur­veil­lance poli­cière « jusqu’à la fin de la sai­son des pèlerinages ».

Lib­erté pro­vi­soire pour Pierre Guib­ert, Annie Plazen et Danièle Haas, inculpés de recel dans l’af­faire Suarez.

16 août : la presse impute les incendies dans les trains en gare d’Auster­litz aux GARI.

24 août : on attribue aux GARI le pro­jet d’en­lever le prince Juan-Car­los, qui séjour­nait à Monte-Carlo.

27 août : à Toulouse, les GARI envoient 3 bouteilles de cham­pagne pour les 3 pom­piers blessés le 28 juil­let lors de l’at­ten­tat con­tre le con­sulat d’Es­pagne ; la police saisit le colis.

30 août : lib­erté pro­vi­soire pour Chan­tal et Arnaud Chastel. 

10 sep­tem­bre : lib­erté pro­vi­soire pour Georges Rivière.

13 sep­tem­bre : à Madrid, atten­tat au café Rolan­do, fréquen­té par des policiers, dans le quarti­er de la Puer­ta del Sol (11 morts) ; la police espag­nole accuse « l’E­TA ou le GARI ». La presse française rap­prochera cet atten­tat avec celui con­tre le Drug­store Saint-Ger­main, le 15 sep­tem­bre (2 morts).

18 sep­tem­bre : lib­erté pro­vi­soire pour Lucio Urtubia, inculpé de recel dans l’af­faire Suarez. La police annonce l’ar­resta­tion de qua­tre mil­i­tants anar­chistes, accusés d’ap­partenir aux GARI : Vic­tor Man­rique à Hen­daye et Jean-Michel Mar­tinez à Ciboure, inculpés de l’at­ten­tat du 22 mars con­tre la voie fer­rée Paris-Hen­daye ; Mar­tinez sera inculpé de l’at­ten­tat à la gare d’Hen­daye, le 28 juil­let. Leur arresta­tion est suiv­ie de celle de Mario Ives Tor­res et de Michel Camil­lerie, à Toulouse, inculpés de divers hold-up, des voitures piégées au Perthus et à Bourg-Madame du 28 juil­let, et des atten­tats con­tre le Tour de France ; Ines Tor­res est en out­re inculpé de l’at­ten­tat con­tre le con­sulat d’Es­pagne à Toulouse. Tous les qua­tre sont déférés devant la Cour de Sûreté de l’É­tat pour ces actions, qu’ils revendiquent.

20 sep­tem­bre : l’Es­pagne exige le passe­port pour les Français se ren­dant en Espagne, et proteste con­tre « le traite­ment que reçoivent en ter­ri­toire français les ter­ror­istes de l’ETA ».

23 sep­tem­bre : à Madrid, la police espag­nole annonce l’ar­resta­tion de 8 mil­i­tants d’ex­trême-gauche et du PC, accusés de l’at­ten­tat du 13 sep­tem­bre à la Puer­ta del Sol.

À Paris, l’am­bas­sadeur d’Es­pagne ren­con­tre Poni­a­tows­ki, qui l’in­forme des mesures pris­es con­tre les GARI, et lui rap­pelle que c’est à l’Es­pagne d’en­gager la procé­dure d’ex­tra­di­tion con­tre les Espag­nols vivant en France.

28 sep­tem­bre : le PC lance la cam­pagne en faveur des inculpés de Madrid.

À Barcelone, la police espag­nole annonce l’ar­resta­tion de Rober­to Safont Sisa, accusé d’ap­partenir au groupe OLLA et d’être chargé des rap­ports avec les GARI.

10 octo­bre : à Paris, deux bombes sont placées au Parc des Princes, pen­dant le match Barcelone con­tre Paris-Reims ; les bombes sont désamor­cées sans avoir explosé, et sans que la police, prév­enue, fasse évac­uer le ter­rain ; cette action est revendiquée par les Groupes d’Ac­tion Inter­na­tion­al­iste, qui déclar­ent que les bombes n’avaient pas été amorcées.

14 octo­bre : Angel Moreno Pati­no et Jean-Claude Tor­res sont con­damnés à 10 mois avec sur­sis (ils avaient déjà fait 8 mois de préven­tive) pour l’af­faire d’Ivry ; Pierre Roger et Michel Camil­leri, détenus à Toulouse dans le cadre de l’en­quête sur les GARI, ne sont pas jugés : leur procès pour cette affaire, ren­voyé d’abord au 25 novem­bre, est main­tenant fixé au 13 jan­vi­er 1975.

José-Maria Con­don Bofill, venu assis­ter au procès, est arrêté et trans­féré à Toulouse, la police l’ac­cu­sant de com­plic­ité dans les hold-up avec les 4 mil­i­tants inculpés pour les actions du GARI.

21 octo­bre : inter­view d’un « porte-parole des GARI » pub­liée par l’Ex­press.

28–29 octo­bre : inter­view de 4 mil­i­tants des GARI dans l’Au­rore.

4 novem­bre : le GAROT (Groupe d’Ac­tion Révo­lu­tion­naire Occa­sion­nelle­ment Ter­ror­iste) enlève la tête et les mains du man­nequin du prince Juan-Car­los, au Musée Grévin ; des jour­naux reçoivent des doigts (et même une oreille) et l’AFP la tète, le 8 novembre.

12 novem­bre : lib­erté pro­vi­soire pour Jean Weir.

29 novem­bre : lib­erté pro­vi­soire pour Ari­ane Gransac-Sadori ; des 11 inculpés pour l’af­faire Suarez, seul Albero­la reste en prison.

3 décem­bre : à Paris, 3 mil­i­tants anar­chistes — Floréal Cuadra­do, Ray­mond Del­ga­do et Jean-Marc Rouil­lan (alias Dominique Moran) — sont arrêtés à bord de la voiture de Rouil­lan, qui con­te­nait des armes, des explosifs, des tam­pons offi­ciels et des faux papiers, ain­si qu’une pho­to­copie du per­mis de séjour de Suarez, ce qui per­met à la police d’ac­cuser les 3 de faire par­tie des GARI — ce qu’ils nient ; ils sont déférés devant la Cour de Sûreté de l’État.

— O —

Bon voilà… La suite au prochain numéro. En atten­dant, un impor­tant effort d’in­for­ma­tion a été réal­isé par des cama­rades qui sig­nent « Puig Antich et Heinz Chez » une brochure inti­t­ulée l’É­tat et la Révo­lu­tion (mais oui, madame), dont le tome 3 vient de sor­tir, et doit se trou­ver dans toutes les (bonnes) librairies.

Les auteurs sig­na­lent que « cette présen­ta­tion actuelle en 3 vol­umes est due à des prob­lèmes tech­niques et d’ur­gence d’information.

Tome 1 — Avant le MIL (débat de for­ma­tion, le MIL et l’au­to-dis­so­lu­tion dans le cadre général du mou­ve­ment ouvri­er à Barcelone).

Tome 2 — Pre­mière tac­tique de défense des empris­on­nés de Barcelone. L’af­faire Puig Antich.

Tome 3 — Deux­ième tac­tique de défense des empris­on­nés espag­nols et français, irlandais, écossais.

« Nous ne voulons donc pas céder à l’im­age du tome 3 (…) » pré­cisent les auteurs, qui ont en tout cas déjà réu­ni (et pub­lié) un remar­quable dossier de presse sur l’af­faire Suarez et les actions des GARI, et amor­cent la dis­cus­sion de ces actions.

Le Tome 3 : 10 francs (« Nous pro­posons aux cama­rades qui recevront ce doc­u­ment de vers­er directe­ment l’ar­gent. soit aux comités de défense des empris­on­nés, soit aux empris­on­nés, à leur choix » est-il indiqué).

C’est juste­ment une réflex­ion à par­tir de l’ac­tion du MIL qu’en­gage Jean Bar­rot dans une brochure pub­liée cet été : Vio­lence et sol­i­dar­ité révo­lu­tion­naires — Les procès des com­mu­nistes de Barcelone (Petite Bib­lio­thèque Bleue, Édi­tions de l’Ou­bli : 2, rue Wurtz, 75013 Paris — 6 F).

Bar­rot a par­ticipé au Comité « Vérité pour les révo­lu­tion­naires espag­nols » (patron­né par P. Vidal-Naquet) qui s’est occupé de la défense des cama­rades du MIL et a assuré l’in­for­ma­tion sur leur action il fai­sait par­tie du groupe pub­liant la revue Le Mou­ve­ment Com­mu­niste. À ce titre, il doit se défendre des « puristes » de l’« ultra-gauche » (et de cer­tains anars) qui lui reprochent de s’être abais­sé à côtoy­er des per­son­nal­ités. La brochure s’en ressent, quoiqu’il n’ait aucun mal à défendre le comité des charges dont il a fait l’ob­jet.. Par ailleurs, Bar­rot n’échappe pas à la polémique qui suit toute action du type MIL/défense d’ac­cusés, et se voit reprocher par les auteurs de la brochure précédem­ment citée que « le comité pour la vérité sur les empris­on­nés de Barcelone fit du bon boulot, mais ne repro­duisit pas tous les doc­u­ments du MIL, surtout ceux d’in­spi­ra­tion totale­ment anarchiste ».

Quoi qu’il en soit, il serait dom­mage que ces récrim­i­na­tions masquent. la con­tri­bu­tion de J. Bar­rot au débat (con­tri­bu­tion qui se veut résol­u­ment « théorique ») — après sa con­tri­bu­tion à la défense des inculpés du MIL — et en par­ti­c­uli­er la posi­tion qu’il développe ici : « Le cap­i­tal pousse une par­tie de ceux qui se rebel­lent vers des com­mu­nautés poli­tiques, cul­turelles, de drogue. etc., de même il en con­duit d’autres vers la com­mu­nauté de la vio­lence, sûr de les isol­er, et, au bout du compte. de les détru­ire physique­ment. Tant qu’ex­is­teront des États, tout État pour­ra tuer des révo­lu­tion­naires : mais un groupe révo­lu­tion­naire, même bien implan­té, ne pour­ra jamais lut­ter effi­cace­ment par les armes con­tre un État que seule la révo­lu­tion peut anéan­tir. » (p. 17).

À dis­cuter… En atten­dant, il y a dix cama­rades en taule (rien qu’en France).

À Fresnes (Prison de Fresnes, I, avenue de la Divi­sion-Leclerc, 94 Fresnes)

Octavio Albero­la Suri­nach (nº d’écrou 637–262 ; cel­lule 1–281).

À la San­té (Prison de la San­té, 42, rue de la San­té, 75014 Paris) :

Michel Camil­leri (nº d’écrou 176–156 ; cel­lule 2–149)

Mario Ines Tor­rès (nº d’écrou 176–157 ; cel­lule 2–72)

Vic­tor Man­rique (nº d’écrou 176–158 ; cel­lule 1 — 17)

Jean-Michel Mar­tinez (nº d’écrou 176–159 ; cel­lule 1–79)

Floréal Cuadra­do (nº d’écrou 177–403 ; cel­lule 2–133)

Ray­mond Del­ga­do (nº d’écrou 177–402 ; cel­lule 1–7)

Jean-Marc Rouil­lan (nº d’écrou 177–404 ; cel­lule D‑214)

À Toulouse, à la prison Saint-Michel (nous n’avons ni les coor­don­nés de la prison, ni celles des prévenus) :

José-Maria Con­dom Bofill,

Pierre Roger

On peut leur écrire (ça leur fera plaisir) ou leur envoy­er du fric.

À sig­naler que les prévenus de la San­té font la « grève de l’in­struc­tion » (refus de répon­dre aux mag­is­trats) tant qu’ils ne pour­ront pas béné­fici­er du « régime spé­cial » de déten­tion, c’est-à-dire tant que l’ad­min­is­tra­tion péni­ten­ti­aire refusera de leur recon­naître le statut poli­tique que l’É­tat accorde à leur affaire (Cour de Sûreté de l’État).

Rap­pelons que faire can­ti­ner 10 détenus, ça revient cher (à moins de faire soi-même des hold-up…), que les frais de jus­tice sont lourds (un seul dossier coûte facile­ment 2000 F !), et que les avo­cats ne car­bu­rent effi­cace­ment qu’au bifteck frites, ou son équivalent.

Pour tout ça, on peut con­tribuer en envoy­ant à : A. ALVAREZ, C.C.P. 15.712.51 Paris (Men­tion­ner « Comité de Défense des Inculpés »)


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