Il s’agit là d’un livre d’une importance capitale pour les camarades de langue française, car il donne une information et une critique du mouvement anarchiste espagnol pendant la guerre civile 1936 – 1939, d’un point de vue libertaire.
En fait, il s’agit d’un condensé de l’oeuvre de Peirats « La CNT en la revolución española » comme le montrent les chapitres suivants : « Les élections de février 1936 ; le soulèvement de juillet 1936 ; la CNT et l’UGT ; les collectivités agraires ; les industries collectivisées ; les « Journées de mai » à Barcelone » etc. ; d’un point de vue beaucoup plus net quant au style, et plus dans la ligne de Camillo Berneri : « Dictature anarchiste ou collaboration et démocratie ; la C.N.T. et l’action politique ; le culte de l’organisation et de la personnalité ; la responsabilité de la base ».
Étude passionnée et passionnante comme le prouve cet extrait de l’introduction : « Jusqu’à quel point le mouvement révolutionnaire fut-il responsable de sa propre défaite ? Était-il trop faible pour aller plus avant dans la révolution ? Dans quelle mesure l’acquisition d’armes et de matières premières à l’étranger dépendait-elle du maintien d’une apparence de gouvernement constitutionnel à l’intérieur de l’Espagne Républicaine ? Quelle possibilité avait une armée improvisée de « guérilleros » contre une force armée régulière ? »
Une telle position aurait dû entraîner des réactions. En fait, en dehors de critiques superficielles (« il n’était pas en Espagne », « Il fait le jeu des communistes en nous critiquant », position des staliniens pour noyer les critiques — et il y aurait beaucoup trop à dire sur certains « anarchistes » au comportement d’inquisiteurs), il y eut le silence en langue espagnole et en langue française.
Et paradoxalement, les militants français apprenaient la position de Vernon Richards à la lecture de Broué-Témine et Chomsky, car depuis dix ans que la traduction est faite, elle ne trouva que l’année dernière un éditeur, après avoir été refusée à Champ Libre, Belfond, et avant 1963, au Seuil, Gallimard, etc. Remarquons que le livre fut publié en 1953 à Londres en anglais, en 1954 en japonais. en 1957 en italien avec plusieurs chapitres de plus, en 1971 en espagnol à Paris (après avoir été refusé en 1964 par les camarades de Proyeccion à Buenos Aires) et en 1972 l’édition complète en anglais.