La Presse Anarchiste

Lire ou ne pas lire

[/(à paraître le pre­mier trimestre 1975, éd. 10/18)/]

Il s’ag­it là d’un livre d’une impor­tance cap­i­tale pour les cama­rades de langue française, car il donne une infor­ma­tion et une cri­tique du mou­ve­ment anar­chiste espag­nol pen­dant la guerre civile 1936–1939, d’un point de vue libertaire.

En fait, il s’ag­it d’un con­den­sé de l’oeu­vre de Peirats « La CNT en la rev­olu­ción españo­la » comme le mon­trent les chapitres suiv­ants : « Les élec­tions de févri­er 1936 ; le soulève­ment de juil­let 1936 ; la CNT et l’UGT ; les col­lec­tiv­ités agraires ; les indus­tries col­lec­tivisées ; les « Journées de mai » à Barcelone » etc. ; d’un point de vue beau­coup plus net quant au style, et plus dans la ligne de Camil­lo Berneri : « Dic­tature anar­chiste ou col­lab­o­ra­tion et démoc­ra­tie ; la C.N.T. et l’ac­tion poli­tique ; le culte de l’or­gan­i­sa­tion et de la per­son­nal­ité ; la respon­s­abil­ité de la base ».

Étude pas­sion­née et pas­sion­nante comme le prou­ve cet extrait de l’in­tro­duc­tion : « Jusqu’à quel point le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire fut-il respon­s­able de sa pro­pre défaite ? Était-il trop faible pour aller plus avant dans la révo­lu­tion ? Dans quelle mesure l’ac­qui­si­tion d’armes et de matières pre­mières à l’é­tranger dépendait-elle du main­tien d’une apparence de gou­verne­ment con­sti­tu­tion­nel à l’in­térieur de l’Es­pagne Répub­li­caine ? Quelle pos­si­bil­ité avait une armée impro­visée de « guérilleros » con­tre une force armée régulière ? »

Une telle posi­tion aurait dû entraîn­er des réac­tions. En fait, en dehors de cri­tiques super­fi­cielles (« il n’é­tait pas en Espagne », « Il fait le jeu des com­mu­nistes en nous cri­ti­quant », posi­tion des stal­in­iens pour noy­er les cri­tiques — et il y aurait beau­coup trop à dire sur cer­tains « anar­chistes » au com­porte­ment d’in­quisi­teurs), il y eut le silence en langue espag­nole et en langue française.

Et para­doxale­ment, les mil­i­tants français appre­naient la posi­tion de Ver­non Richards à la lec­ture de Broué-Témine et Chom­sky, car depuis dix ans que la tra­duc­tion est faite, elle ne trou­va que l’an­née dernière un édi­teur, après avoir été refusée à Champ Libre, Bel­fond, et avant 1963, au Seuil, Gal­li­mard, etc. Remar­quons que le livre fut pub­lié en 1953 à Lon­dres en anglais, en 1954 en japon­ais. en 1957 en ital­ien avec plusieurs chapitres de plus, en 1971 en espag­nol à Paris (après avoir été refusé en 1964 par les cama­rades de Proyec­cion à Buenos Aires) et en 1972 l’édi­tion com­plète en anglais. 


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