Est-ce de se reposer sur un sein unique ? De ne soupirer que pour une seule caresse ?
Est-ce d’occuper dans une seule âme la place d’une idole ?
Est-ce de posséder, de détenir un cœur humain pour soi, tout seul, à part ?
Est-ce là l’amour véritable ? Peut-être, mais pas pour moi, cependant.
L’amour véritable, profond, me paraît être ceci : C’est d’être réellement en amour, ce que je parais ; c’est qu’on puisse toujours faire fond sur moi quand même les années fuiraient.
Telle une baie sûre où mes différentes amours pourraient à l’ancre reposer en paix, certaines d’un amour correspondant qui persistera.
C’est de dire la vérité simple, tendrement ― est-ce que l’amour pourrait décevoir la souffrance d’une femme ?
C’est de me montrer toujours franc et ouvert pour les cœurs que j’affectionne.
Cela, quoique celles que j’aiment puissent puissent en aimer d’autres que moi.
Bien qu’elles puissent baiser d’autres lèvres que les miennes ;
Quand même leur amour pour moi n’occuperait pas la première place, mon amour pour elles ne doit pas en être moindre.
Les objets qu’aiment celles que j’aime provoquent ma sympathie la plus vive.
Si elle ne changent pas à mon égard, pourquoi le ferai-je ? Et lorsque dans un élan d’amour elles m’appelleront, je répondrai : Me voici.
L’amour véritable, le libre et vaste amour, c’est de pouvoir compter sur la vertu de l’amour.
J. William Lloyd