Aujourd’hui
des bombes explosent quotidiennement, des trains sautent, des
militaires sont harcelés, des hommes vivent dans l’illégalité
à Chypre comme en Algérie, comme en Irlande. Les mêmes
rumeurs viennent à peine de s’éteindre au Maroc, en
Tunisie, au Vietnam, en Indonésie. Les révolutions de
Pologne et de Hongrie avaient elles aussi un même but :
l’émancipation nationale des peuples.
Ce
combat intéresse-t-il les libertaires ? On pourrait en
douter à voir la méfiance que beaucoup éprouvent
envers ce qui n’est pas directement lié à la
préparation de la révolution sociale et du communisme
libertaire. Ce faisant ils risquent de négliger quelques-uns
des mouvements populaires les plus profonds, les plus riches de
passion et de révolte contre l’injustice, l’oppression,
l’exploitation.
Cette
attitude distante de l’anarchisme vis-à-vis des luttes
nationales vient de l’ambiguïté même du concept de
Nation et de l’incompatibilité foncière entre
Anarchisme et Nationalisme.
Qu’est-ce
qu’une Nation ? un peuple qui se donne un État, qui
adhère à cet État ―
C’est-à-dire exactement le contraire de ce que font les
anarchistes.
Qu’est-ce
que le nationalisme ? c’est l’exaltation du particularisme, la
haine et le mépris organisés de tout ce qui est
étranger. Alors que l’anarchiste est universaliste, et doit
avoir une conscience mondiale non nationale, ouverte à ce qui
est l’homme sous toutes ses formes.
Mais
Nation, Nationalisme, Nationalité sont des idées et des
mots récents ignorés jusqu’aux temps modernes. Nous
cherchons dans cette étude à expliquer leur vogue et
leur force actuelles.
Noir
et Rouge