La Presse Anarchiste

Le jeûne, la grève de la faim

Ces
deux formes d’action ont été fréquemment
employées par les par­ti­sans de la non-vio­lence. Il faut
cepen­dant dis­tin­guer l’une de l’autre.

Le
jeûne
d’une durée limi­tée est une marque de
pro­tes­ta­tion, de soli­da­ri­té, de sou­tien. Il faci­lite également
un cer­tain recul vis-à-vis des actions entre­prises, une
réflexion sur l’action et sur le com­por­te­ment individuel.

La
grève de la faim
est d’une cer­taine manière plus
déses­pé­rée. Elle ne s’achève en
prin­cipe qu’à la satis­fac­tion de ce qui est demandé
ou à la mort par ina­ni­tion du gré­viste. Elle est
davan­tage une pres­sion morale qui place l’autre en face de ses
res­pon­sa­bi­li­tés. Elle implique généralement
quelque chose d’insupportable pour l’individu qui préfère
se lais­ser mou­rir plu­tôt que de conti­nuer à subir
l’injustice dont il est ou dont d’autres sont vic­times. Elle ne
s’emploie géné­ra­le­ment que quand il n’y a plus
d’autre pos­si­bi­li­té (en pri­son, quand tous les recours
pos­sibles ont été employés…).

Du
point de vue indi­vi­duel, le jeûne pré­sente de nombreux
avan­tages thé­ra­peu­tiques pour l’organisme, de repli et de
concen­tra­tion pour la pen­sée. Il implique bien enten­du, comme
la grève de la faim, l’absence totale de nour­ri­ture, le
jeû­neur ou le gré­viste ne se per­met qu’un peu d’eau
pure.

Au
point de vue effi­cience, le fait qu’un indi­vi­du ou qu’un groupe
jeûne ou entre­prenne une grève de la faim a généralement
de grandes réper­cus­sions. En effet, la nour­ri­ture a une grosse
impor­tance sociale, elle est syno­nyme de vie et le fait de s’en
pri­ver volon­tai­re­ment repré­sente une grande force de caractère
ou un immense désespoir.

Citons
très briè­ve­ment pour mémoire : en France, la
grève de la faim qu’entreprit Louis Lecoin en 1962 pour
obte­nir le sta­tut des objec­teurs et qui dura 28 jours, grève
qui a consi­dé­ra­ble­ment ému l’opinion publique. En
Ita­lie, celle entre­prise par Dani­lo Dol­ci en 1952 afin que les
auto­ri­tés daignent s’intéresser au sort des Siciliens
qui vivent dans des condi­tions de misère indignes… En Inde,
celle que fit Gand­hi lors de son empri­son­ne­ment par les Anglais.

Actuel­le­ment,
de nom­breux jeûnes et grèves de la faim ont été
sou­vent entre­pris pour mani­fes­ter une soli­da­ri­té ou pour
pro­tes­ter contre la guerre du Viet­nam. Mais ils res­tent trop souvent
le fait d’individus iso­lés ou trop exté­rieurs pour
avoir une grande efficience.

Daniel
Besançon

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