La Presse Anarchiste

Renvois de livrets

Pen­dant
la guerre d’Algérie, pour mani­fes­ter leur oppo­si­tion à
cette guerre et par soli­da­ri­té avec les objec­teurs de
conscience, un cer­tain nombre de mili­tants de l’Action civique non
vio­lente ren­voyèrent leur livret mili­taire. L’indépendance
obte­nue, il y eut d’autres ren­vois qui alors expri­mèrent la
désap­pro­ba­tion à la poli­tique nucléaire du
gouvernement.

A
chaque fois, ces gestes indi­vi­duels se situaient dans une certaine
actua­li­té ; gestes de pro­tes­ta­tion, ils ten­daient pour­tant à
une contes­ta­tion plus glo­bale des struc­tures de la société.

C’est
avec le ren­voi du livret de Georges Pinet, avo­cat, sa condam­na­tion à
4 mois de pri­son ferme et 1.000 F d’amende, que l’acte de renvoi
atteint à une cer­taine noto­rié­té : la profession
du ren­voyeur y contri­buait pour beau­coup. Le reten­tis­se­ment donné
à un geste bien qu’isolé accé­lé­ra sans
doute la prise de conscience et la déter­mi­na­tion des
« ren­voyeur » actuels. Des contacts indi­vi­duels furent pris,
des idées échan­gées qui condui­sirent les futurs
« ren­voyeurs » à envi­sa­ger un acte col­lec­tif malgré
leurs options morales, reli­gieuses, poli­tiques et sociales les plus
diverses.

Ces
échanges abou­tirent à la rédac­tion d’un texte
com­mun, d’une pla­te­forme qui res­treint sans doute l’expression de
cha­cun et qui, sans être une syn­thèse, a le mérite
de mettre en évi­dence ce qui les unit alors qu’on pourrait
pen­ser que tout les divise. Nous ne publions pas toutes les lettres
accom­pa­gnant chaque ren­voi de livret, mais nous pour­rions les fournir
aux lec­teurs intéressés.

La
consé­quence pra­tique du ren­voi : il signi­fie que le
« ren­voyeur » met l’administration mili­taire dans
l’impossibilité de le mobi­li­ser nor­ma­le­ment en cas de
conflit ou de lui don­ner une affec­ta­tion en temps de paix.

Nous
publions ci-des­sous la lettre col­lec­tive et les lettres de deux de
nos cama­rades, mais il serait sou­hai­table qu’une sorte de « livre
blanc » réunisse l’ensemble des lettres actuelles et
celles à venir car cer­tai­ne­ment d’autres sont en
préparation.

Après
Me Georges Pinet, Domi­nique Halé­vy, Roland Grun, Jacques
Atger, Jean Cou­lar­deau, René Huard, Guy Cha­te­lan, Jean-Pierre
Per­rin, Aimé Léaud, Jean Des­bois, Jean-Marie Muller,
Jacques Pois­son et Alain Véri­gnon ont ren­voyé leur
livret militaire.

D’autres
l’ont fait éga­le­ment en signant la déclaration
com­mune sui­vante. Ce sont : Bru­no Abeille, Adolphe Bedoin,
Jean-Pierre Ber­trand, Hughes Fay­nel, Jean-Phi­lippe Hamon, Jean-Pierre
Machy, Yves Ruel­lan et Pierre-Luc Séguillon.

« Nous
avons ren­voyé notre LIVRET MILITAIRE au ministre des Armées ? Pour­quoi avons-nous accom­pli ce geste ? Parce que, venus d’horizons
phi­lo­so­phiques et sociaux très dif­fé­rents, mais ayant
pour exi­gence com­mune le res­pect de l’homme, nous refusons
l’actuelle course aux arme­ments, et spé­cia­le­ment aux
arme­ments ato­miques. Notre acte, bien que posé dans notre
pays, concerne une situa­tion mondiale.

La
course géné­rale aux arme­ments s’aggrave d’année
en année de par le monde, et touche même des pays en
voie de déve­lop­pe­ment (tels l’Amérique latine, le
Proche-Orient, etc.), inci­tés à agir ain­si par
l’attitude des grandes puissances.

Même
si la force de frappe fran­çaise consti­tue pour le moment un
pro­cé­dé de « dis­sua­sion » (!), elle ne
sau­rait en aucune manière être une voie sûre pour
le MAINTIEN DE LA PAIX : elle ne peut abou­tir qu’à une
impasse, à un impos­sible
« équi­libre de la
ter­reur ». Loin d’éliminer les causes de la guerre,
nous sommes res­pon­sables de leur aggra­va­tion, ain­si que des crimes
d’ores et déjà com­mis au nom d’expériences
nucléaires pré­ten­dues « propres » (Ex.:
POLYNÉSIE).

Mal­gré
la menace nucléaire, les conflits ensan­glantent la planète,
en par­ti­cu­lier l’atroce guerre du VIETNAM : nous saluons ici
fra­ter­nel­le­ment les mil­liers de jeunes Amé­ri­cains qui
ren­voient ou détruisent leurs papiers mili­taires en signe
d’opposition active à cette guerre.

Cette
course aux arme­ments est en effet le signe le plus mani­feste et le
plus scan­da­leux de la situa­tion de vio­lence à laquelle se
trouve accu­lée l’humanité ; ceci par suite de
l’exploitation inévi­table, dans notre système
éco­no­mique actuel, des pays pauvres par les puis­sants et
pri­vi­lé­giés dont nous sommes.

Mais
si nous dénon­çons cet état de fait, c’est que
nous croyons l’homme capable de maî­tri­ser le développement
de l’humanité et de l’orienter vers le ser­vice de tous les
hommes, dans ce qu’il y a de meilleur en eux. C’est ain­si que
nous enten­dons par­ti­ci­per à la construc­tion d’un monde plus
juste et plus solidaire.

Nous
savons que notre geste ne se suf­fit pas à lui seul et réclame
de nous une
par­ti­ci­pa­tion active à toutes les formes de
lutte, ten­dant à libé­rer les peuples de la FAIM et de
la PEUR.

Pour
cha­cun de nous, c’est notre foi, notre phi­lo­so­phie ou notre
idéo­lo­gie qui donne sa pleine signi­fi­ca­tion à notre
décision. »

En
ce mois de février 1968.

  A
la suite de ces ren­vois, il s’est consti­tué dans la région
lyon­naise un groupe de sou­tien moral et finan­cier. Fin jan­vier, 170
per­sonnes y avaient adhéré.

Sou­tien
finan­cier
:
Pau­lette
DECLIPELLEIR, 19,
Grande-Rue, 69 – OULLINS, CCP
Lyon 1156 – 71

Secré­ta­riat
et cor­res­pon­dance : Mireille
DEBARD, Oasis
allée 1, 3,
rue F.-Jomard 69 – OULLINS


*  *

Lettre
de Jean-Pierre Bertrand

Her­blay,
le 21 novembre 1967

La
poli­tique du gou­ver­ne­ment actuel donne la prio­ri­té à la
mise en place d’une force de frappe moderne basée sur un
arme­ment nucléaire et thermonucléaire.

Cette
poli­tique est inutile et abso­lu­ment inef­fi­cace car, en com­pa­rant les
moyens de l’État fran­çais aux pos­si­bi­li­tés des
deux Grands, il est cer­tain que l’accentuation du retard existant
déjà ne fera que se confirmer.

Cette
poli­tique est dan­ge­reuse car la construc­tion de la bombe provoque
même en temps de paix des radia­tions consé­cu­tives aux
explo­sions expé­ri­men­tales (Muru­roa) qui rendent radio-actives
la faune et la flore sous-marines envi­ron­nantes ; la radio-activité
de l’atmosphère s’accroît, ame­nant à plus ou
moins brève échéance une aug­men­ta­tion du nombre
des leu­cé­mies et des mal­for­ma­tions congé­ni­tales (les
consé­quences de l’explosion de la bombe d’Hiroshima en
1945 se font encore ressentir).

Cette
poli­tique entraî­ne­ra imman­qua­ble­ment l’utilisation de la
force ato­mique. Qu’une guerre nucléaire soit déclenchée
et, même si nous y sommes étran­gers, nous serons
immé­dia­te­ment détruits par l’un des belligérants,
voire les deux, afin de nous empê­cher de prendre part au
conflit et d’utiliser nos bombes. Si nous étions les
pre­miers à nous en ser­vir, une riposte immé­diate nous
condui­rait éga­le­ment au désastre ; d’ailleurs la
construc­tion d’une « force de dis­sua­sion » n’amène
pas les autres puis­sances à réflé­chir, comme
vous le pré­ten­dez et comme vous essayez de nous le faire
croire, mais au contraire à pré­pa­rer des armes plus
per­fec­tion­nées et plus ter­ribles pour rendre les nôtres
inoffensives.

Enfin,
elle incite, dès main­te­nant, d’autres pays plus petits à
suivre notre mau­vais exemple et au lieu de détruire uniquement
le poten­tiel mili­taire, les bombes anéan­ti­ront pays entiers
voire conti­nents ; les réper­cus­sions seront ter­ribles sur
toute la planète.

Cette
poli­tique est rui­neuse à cause des sommes considérables
qu’elle englou­tit et qui dépassent nos moyens ; elle
gas­pille de l’énergie humaine qui pour­rait ser­vir à
pro­té­ger la vie plu­tôt qu’à la détruire.
Comme le dit Jean Ros­tand : « Peut-on ne pas flé­trir la
révol­tante dis­pa­ri­té entre les bud­gets de la mort et
les bud­gets de la vie, entre la muni­fi­cence dont on fait preuve pour
ce qui tue ou qui détruit et la lési­ne­rie pour ce qui
sou­lage et qui sauve. »

C’est
pour­quoi, en conscience, je ne peux accep­ter cette poli­tique. Mais,
bien que je condamne l’armement ato­mique parce qu’il est un pas
aus­si gigan­tesque qu’inadmissible dans le déve­lop­pe­ment de « l’art de la guerre »
, je ne sau­rais pour autant
approu­ver l’emploi des armes dites conven­tion­nelles. Ce que j’ai
vu en Algé­rie pen­dant mon ser­vice mili­taire, bien que j’aie
eu la chance d’avoir un poste d’ins­tituteur pen­dant un
cer­tain temps, m’a mon­tré les conséquences
inévi­tables de la guerre : répres­sion, torture,
chan­tage, haine, misère maté­rielle et morale, rancune,
ven­geance, etc. Ce qui est condam­né par les tri­bu­naux en temps
de paix devient acte de cou­rage en temps de guerre, ce que la morale
réprouve devient un état de fait nor­mal ; la mise en
condi­tion amène l’abêtissement de l’homme le plus
sensé.

Et
si je réprouve l’emploi de la vio­lence en général
et si je condamne la force de frappe en par­ti­cu­lier, c’est que je
pense que la France, au lieu d’être la gre­nouille envieuse de
la fable, pour­rait deve­nir le pays modèle du désarmement
uni­la­té­ral et, par ses res­sources ain­si libérées,
ouvrir des pers­pec­tives nou­velles. Actuel­le­ment, le gouvernement
fran­çais favo­rise le déve­lop­pe­ment et l’expansion des
mono­poles et des grosses entre­prises pri­vées, ce qui
enri­chit les finan­ciers et les capi­ta­listes au détri­ment des
tra­vailleurs. Car une poli­tique
« sociale » ne
consiste pas à avoir des trans­ports publics ou une Sécurité
sociale « ren­tables », mais à déve­lop­per le
pays dans un sens tel que cha­cun ait à sa dis­po­si­tion ce dont
il a besoin et qu’il se sente à sa place dans la société.
Or nous man­quons d’écoles, de loge­ments (sociaux),
d’hôpitaux, de centres cultu­rels et spor­tifs, de routes et
d’autoroutes, etc. Com­ment le Fran­çais pour­rait-il se sentir
à sa place, à son aise dans une société
où il est esclave de la pro­duc­tion, où il est menacé
de chô­mage à tout moment, où les moyens efficaces
de ne don­ner la vie qu’à des enfants désirés
lui sont refu­sés à moins d’enfreindre une loi
réac­tion­naire qui inter­dit la vente des pro­duits contraceptifs
ain­si que l’avortement thérapeutique ?

Mais
prendre les mesures néces­saires exi­ge­rait de votre part un
res­pect de l’homme que vous n’avez pas et que vous ne pou­vez pas
avoir car vous êtes au ser­vice du capi­ta­lisme, car vous
recher­chez la gran­deur de l’État au lieu du bon­heur de
l’individu, car vous consi­dé­rez l’homme comme un pion que
vous dépla­cez, au gré de vos besoins, de vos
fantaisies.

Face
à la situa­tion des pays moins favo­ri­sés ou moins
évo­lués, la France, pays riche, pour­rait alors
pra­ti­quer, à une échelle bien supé­rieure à
tout ce qui a été fait jusqu’à main­te­nant, une
aide per­met­tant la for­ma­tion de cadres compétents,
l’acquisition de tech­niques appli­cables en fonc­tion des problèmes,
et cela sans pater­na­lisme condes­cen­dant pro­fi­tant aux bourgeoisies
locales ni néo­co­lo­nia­lisme ayant pour seul but réel le
« pres­tige » français.

Mais
ces consi­dé­ra­tions ne seraient que ver­bales et n’auraient
aucune valeur si je res­tais pas­sif ; je serais com­plice d’une
poli­tique inac­cep­table. C’est pour­quoi je vous ren­voie ci-joint mon
livret mili­taire, sym­bole d’acceptation d’un embri­ga­de­ment dans
une armée que je condamne et signe d’obéissance à
un gou­ver­ne­ment qui pour­suit soli­tai­re­ment une poli­tique que je ne
peux cautionner.

Conscient
des consé­quences judi­ciaires que cet acte peut entraîner,
je n’ai pas l’intention de m’y soustraire.

A
la suite du ren­voi de son livret, la deuxième chambre
cor­rec­tion­nelle de Pon­toise a condam­né, le 27 mars 1968, J.-P.
Ber­trand à un mois de pri­son avec sur­sis et 500 F d’amende.

  Lettre
de Jean-Pierre Machy

Paris,
le 25 octobre 1967

Enga­gé
volon­taire de 1955 à 1960, j’ai par­ti­ci­pé à la
qua­si-tota­li­té de la guerre d’Algérie. J’en revins
conscient d’avoir com­bat­tu en vain et pour une cause injuste :
celle d’un impé­ria­lisme déca­dent qui depuis 1945 a
accu­mu­lé quinze années durant les crimes au Viet­nam, à
Mada­gas­car, au Maroc, en Tuni­sie, en Algé­rie, en Égypte.

Témoin
des cruau­tés inex­cu­sables com­mises par l’armée
fran­çaise en Algé­rie ain­si que des mul­tiples complots
d’officiers fas­cistes, je nour­ris depuis cette époque le
plus com­plet mépris pour la caste militaire.

Les
sou­ve­nirs de ce pas­sé détes­table suf­fi­raient à
moti­ver mon refus de par­ti­ci­per de quelque façon que ce soit
aux affaires mili­taires. Mais, si je vous ren­voie aujourd’hui mon
livret indi­vi­duel, c’est sur­tout en pen­sant à l’avenir :
l’avenir des hommes de ce pays gra­ve­ment com­pro­mis par la
construc­tion de la force de frappe nucléaire, l’avenir de
l’Humanité que la course aux arme­ments risque de conduire à
la guerre totale.

L’arme
nucléaire est condam­nable à bien de points de vue et
d’abord sim­ple­ment en tant qu’arme. Com­ment, après avoir
jugé les cri­mi­nels nazis à Nurem­berg, osons-nous
pré­pa­rer des exter­mi­na­tions mas­sives qu’Hitler n’eut pas
désavouées ?

Les
essais ato­miques que le gou­ver­ne­ment fran­çais s’obstine à
pour­suivre font par ailleurs cou­rir aux popu­la­tions des dangers
cer­tains ; d’autant plus dif­fi­ciles à éva­luer que la
pro­pa­gande offi­cielle les mini­mise. En dépit de vos propres
affir­ma­tions, vous devez, Mon­sieur le Ministre, connaître ces
dan­gers mieux que per­sonne puisque vous fûtes irradié
lors d’une expé­rience sou­ter­raine (donc… « inof­fen­sive »). A pro­pos, com­bien de sol­dats mou­rurent-ils à
la suite de cette « bavure » ?

Condam­nable
aus­si est la stra­té­gie qu’entraîne la pos­ses­sion de
l’arme nucléaire. « Stra­té­gie anti-cités »
,
« objec­tifs démo­gra­phiques » « MEGAMORT»…
tel est le hideux voca­bu­laire des théo­ri­ciens de l’assassinat
collectif.

Com­ment
croire les auteurs de pareils blas­phèmes lorsqu’ils nous
affirment qu’ils ne tire­ront pas les pre­miers et seule­ment en cas
de légi­time défense ? Sur quelle loi, sur quelle morale
s’appuient-ils pour « légi­ti­mer » le génocide ?

De
nom­breux auteurs ont ana­ly­sé les conséquences
éco­no­miques de la course aux arme­ments ou critiqué
l’efficacité de la force de frappe. Je m’en tiens pour ma
part aux argu­ments moraux : ce qui est mora­le­ment inac­cep­table l’est
aus­si politiquement.

L’arme
ato­mique est deve­nue le sym­bole d’une poli­tique de vio­lence, d’une
socié­té, d’un ordre nucléaire où l’on
tolère tous les crimes pour­vu qu’ils soient crimes d’État.

Chaque
jour, vio­lence est faite aux humbles, dans l’indifférence ou
avec la com­pli­ci­té des pou­voirs publics : vio­lence aux
mil­lions de vieillards qui vivent dans des tau­dis avec cinq francs
par jour ; vio­lence aux jeunes ; aban­don­nés à la
délin­quance dans les rues sans joie des ban­lieues sur­peu­plées ; vio­lence aux six cent mille malades men­taux dont cinq sur six ne
peuvent être accueillis dans des centres spécialisés
 ; vio­lence aux tra­vailleurs les plus pauvres sans cesse vic­times de
réformes éco­no­miques peut-être utiles mais
appli­quées sans nuances.

Cette
vio­lence inté­rieure, la France l’exporte sans ver­gogne dans
ses « ter­ri­toires d’outre-mer » où sévissent
la fraude élec­to­rale, la répres­sion poli­cière et
les dis­cri­mi­na­tions raciales, ce qui n’est pas sans rappeler
dan­ge­reu­se­ment l’Algérie.

Elle
l’exporte aus­si, mal­gré la posi­tion neu­tra­liste qui est
offi­ciel­le­ment la sienne, par­tout où des conflits menacent.
Nos usines ont four­ni la moi­tié des armes utilisées
lors du récent conflit du Moyen Orient, équipé
l’aviation du gou­ver­ne­ment raciste d’Afrique du Sud et, pour
comble, expor­té vers les États-Unis des armes légères,
notam­ment des engins sol-sol que l’industrie amé­ri­caine ne
pro­duit plus ET QUI SONT UTILISES EN TOTALITÉ CONTRE LE
VIETNAM.

Devant
de tels faits, il m’apparaît impos­sible de gar­der un silence
rési­gné ou com­plice. L’objection de conscience reste
la seule atti­tude lucide devant la course à l’abîme.
Mais mon geste n’aurait pas de sens s’il n’était qu’un
simple refus : aux côtés des mili­tants pacifistes,
j’entends agir posi­ti­ve­ment en faveur des plus déshérités.

C’est
là une tâche de jus­tice insé­pa­rable de la cause
de la Paix. Puisque l’État a failli à cette tâche,
c’est désor­mais à cha­cun de s’en char­ger, et
d’opposer au pari de la dis­sua­sion par la ter­reur celui de la
per­sua­sion par la non-violence.

Je
pense, par cette atti­tude, défendre et illus­trer mon pays
autant que qui­conque, tout en y pré­pa­rant la nécessaire
Révo­lu­tion sociale.

Pour
la région pari­sienne, il s’est consti­tué un groupe de
sou­tien, à Machy et à Ber­trand, ana­logue à celui
de la région lyon­naise. Nous y adhé­rons et invi­tons nos
lec­teurs à y par­ti­ci­per. N’oublions pas que ceux qui
ren­voient leur livre mili­taire prennent des risques immédiats
mais aus­si à longue
échéance.

Sou­tien
finan­cier
:
Michel
CHEMIN, CCP
Paris 24 827 – 62

Secré­ta­riat
et cor­res­pon­dance : Jacques
BOUTEMAIN, 9,
allée Fra­go­nard 95
– SARCELLES-LOCHERES

Com­ment
par­ti­ci­per
 ? D’abord en mani­fes­tant votre intérêt
et votre sym­pa­thie en nous écri­vant et en nous auto­ri­sant, le
cas échéant, à faire état de votre
signature.

La Presse Anarchiste