La Presse Anarchiste

Démission

Ain­si,
de par la volon­té de nos édiles, M. Guille­min est sorti
blanc comme neige, ou à peu près, de la séance
qui devait on le
croyait du moins dans le public
se ter­mi­ner par la condam­na­tion de ce maire indigne.

Et
oui ! les élus du peuple, qui siègent à
l’Hô­tel-de-Ville, n’ont pas craint de déli­vrer un
cer­ti­fi­cat de bonne conduite au chi­miste Nicolas. 

Ce
der­nier, ain­si encou­ra­gé, ne peut man­quer de faire mas­sa­crer à
la pro­chaine occa­sion, les braves habi­tants de Falaise… pardon,
d’Al­ger, qui se per­met­tront de contem­pler les bal­cons de l’ancien
Hôtel d’Orient.

Passe-temps
agréable, d’ailleurs, et bien digne du pre­mier magis­trat d’une
grande cité. On se croi­rait, parole d’hon­neur, reve­nu au temps
béni où les sei­gneurs avaient droit de vie et de mort
sur leurs mal­heu­reux vassaux.

A
quand, s’il vous plaît, le réta­blis­se­ment, à
Alger, du droit de jam­bage ?

Et
l’un des eunuques de l’as­sem­blée com­mu­nale, le dénommé
Cat, a osé approu­ver, en ces termes, la conduite du maire :
« Est-ce une faute grace que de ne pas avoir arrêté
la charge ? Pas le moins du monde ! »

Tout
beau, mon­sieur, sup­po­sez un ins­tant que les pan­dores aient chargés,
non sur un petit nombre de curieux, mais sur un groupe impor­tant de
mani­fes­tants, que serait-il advenu ?

Le
sang aurait rou­gi les pavés du Bou­le­vard de la République.

M.
Guille­min n’est pas excu­sable, n’en déplaise à ses
thuriféraires.

Le
1er Mai, ce maire a fait preuve de lâcheté :
lorsque son devoir lui com­man­dait de se pré­ci­pi­ter dans la rue
pour crier aux sabreurs : arrê­tez ! il n’a pas bougé.

Entre
la pre­mière charge et les rou­le­ments de tam­bour, précurseurs
de la seconde, cinq minutes au moins se sont écoulées ?
M. Guille­min, a conti­nué à faire le mort.

Enfin,
il a com­mis une pre­mière faute en contre­si­gnant l’affiche
blanche du préfet.

Le
doute ne peut donc sub­sis­ter : le cou­pable
le respo­nable, en tout cas
n’est autre que M. Guillemin.

On
accuse aujourd’­hui des sous-ordres ; peine per­due : l’o­pi­nion a jugé
et bien jugé ; elle a fait elle-même son enquête et
les conseillers muni­ci­paux, qui se sont ren­dus soli­daires du maire en
votant l’ordre du jour pur et simple
véri­table ordre du jour de confiance
n’é­tant plus en com­mu­nion d’i­dée avec leurs mandants
doivent démis­sion­ner en masse.

Allez-vous
en ! leur crie-t-on de tous côtés.

Sinon
le peuple se ver­ra dans l’o­bli­ga­tion de vous chas­ser de la Maison
com­mune à grands coups de trique.

A la
porte, et vivement !

Duba­lai

La Presse Anarchiste