La
question sociale hante tous les cerveaux. La société
capitaliste croit son heure sonnée.
Hier
encore, à Lyon, un des grands prêtres de la Bourgeoisie,
Jules Simon, avouait que les sciences, en créant la machine à
vapeur, avaient détruit la vie de famille et fait de l’ouvrier
lui-même une machine.
L’aveu
est clair et mérite quelques réflexions.
L’ouvrier-machine
ne vit plus de la vie salutaire de la famille.
L’homme
est devenu une bête de somme.
La
machine a fait plus encore.
Elle
a chassé de l’usine des milliers de travailleurs et les a
jetés sans travail, sans pain, sur le pavé des villes.
La
machine a tué le tissage, la cordonnerie, la corderie, etc.,
etc.
Elle
est en train de tuer la tonnellerie.
La
machine qui devrait être substituée aux bras de l’homme
pour le soulager, le tue, en le rendant inutile.
Le
petit industriel disparaît chaque jour, absorbée en une
lutte inégale, par le gros capitaliste.
Le
femme et l’enfant remplacent partout l’homme adulte.
L’entrepreneur
qui occupait cent ouvriers, et gagnait cent mille francs, n’en occupe
plus que cinquante et gagne quatre cent mille francs.
La
machine qui devait apporter l’aisance et la vie aux populations
ouvrières, répand partout la misère et la mort.
Il y
à là plus qu’une injustice, il y à une
monstruosité.
Et
quand en présence de cette monstruosité l’ouvrier
réclame huit heures de travail, il est traité de fou.
Quand
en présence de cette monstruosité, le socialiste ose
demander que les conditions de la possession soient modifiées
dans le sens de la justice et de la solidarité, il est tenu
pour un criminel.
Quand
un citoyen qui n’a que ses deux bras pour vivre, réclame une
place au soleil, le droit d’avoir une famille, un abri et un morceau
de pain pour ces vieux jours ; quand un citoyen réclame le
droit de vivre en travaillant, il est accusé de vouloir
détruire l’ordre, de vouloir partager la propriété,
de vouloir pillé l’or qu’il à gagné.
Assez
d’insultes gratuites, Messieurs les bourgeois ; souvenez-vous ! vos
pères, ont expropriés, il y a cent ans, les nobles et
le clergé, ils se sont enrichis de leurs dépouilles.
Faudra-t-il que le parti ouvrier soit aussi barbare que vos pères ?
N’écouteriez-vous
que les réclamations chargées à balle ?
Quand
nous venons vous demander une forme de propriété plus
rationnelle, plus sociale, plus juste c’est-à-dire, plus en
harmonie avec les conditions de la production moderne, nous vous
trouvons railleurs et sceptiques.
Vous
avez sondé le mal, pourtant, à vous de l’arrêter
dans sa marche inflexible, sinon vous serez emportés dans les
tourments de la tempête qui gronde, et menace la société
capitaliste.
Ouvriers,
camarades, veillez, l’heure de la justice sonnera bientôt.
Souvarine