La Presse Anarchiste

Sur le Trimard

[[Entre­fi­let publié sans titre.]]

Sur le Tri­mard, l’or­gane, que quelques cama­rades étu­diants viennent de fon­der, a lan­cé son pre­mier numé­ro. Nous ne pou­vons qu’ap­plau­dir des deux mains à l’ap­pa­ri­tion d’un nou­veau jour­nal des­ti­né à répandre nos idées. 

Mais son pre­mier numé­ro contient une épi­gramme à notre adresse que nous croyons bon de relever.

Sur le Tri­mard nous reproche d’a­voir, dans l’ar­ticle Autour de nous, paru dans le numé­ro 6, consta­té que le tra­vailleur, pous­sé en cela par les condi­tions éco­no­miques, voyait dans la révo­lu­tion sociale plu­tôt une ques­tion d’a­mé­lio­ra­tion maté­rielle que la réa­li­sa­tion d’une concep­tion phi­lo­so­phique. C’est un fait : pou­vons-nous déci­der qu’il en soit autre­ment ? Nos cama­rades de Sur le Tri­mard auraient-ils pré­fé­ré nous voir tor­tu­rer les faits pour les for­cer à cadrer avec une concep­tion for­mu­lée a priori ?

Oui, à l’heure actuelle, l’i­dée de liber­té com­plète, bien com­prise, bien consciente, n’est que l’a­pa­nage d’une mino­ri­té affran­chie des dif­fi­cul­tés de la lutte pour vivre. Oui, l’i­dée de liber­té est encore, à l’heure actuelle, un luxe dont la plu­part des tra­vailleurs ne res­sentent pas le besoin d’une façon très intense. C’est la faute de la socié­té actuelle et non la nôtre.

Et c’est pour éveiller chez eux ce besoin, pour essayer de lui don­ner de l’in­ten­si­té, que nous trai­tons la ques­tion sous toutes ses faces, dans toute son inté­gra­li­té, que nous refu­sons de la morceler. 

La Presse Anarchiste