Je m’appelle Miguel Angel Gil. Je suis né à Castellon de la Plana le 23 mai 1949, et j’ai vécu en émigration en France depuis 1957 en étant inscrit au consulat de Montpellier.
Dès que je fus en âge de réfléchir et que je pus voir le monde dans lequel nous vivons (monde de guerre comme celle sans fin du Vietnam, d’Algérie ou la guerre horrible et délibérée du Biafra ; monde de misère sociale et morale dans lequel nous nous trouvons tous et dont nous sommes responsables dès le moment où nous en avons connaissance), je décidai de ne pas faire mon service militaire.
Je ne veux pas non plus continuer à vivre en France et à être considéré comme insoumis par mon propre pays. N’ayant pas de domicile ni de lieu de travail fixes, je ne sais pas où se trouve la convocation du consulat pour l’enrôlement, mais je ne veux, en aucune façon, fuir mes responsabilités, comme je le prouve maintenant, en me présentant aux autorités.
Récemment, j’ai su qu’une marche de cinq Espagnols se dirigeait vers Valence pour demander un statut d’objection de conscience dont les principes de base étaient exprimés dans le programme des « marcheurs à la prison » et qui a été envoyé aux ministères de la Justice et des Armées.
Je voudrais donc que vous compreniez le besoin dans lequel se trouve la jeunesse de vivre pour un monde sans frontières, sans discriminations raciales, morales ou religieuses. Un monde où régnerait le bonheur et où on n’obligerait pas celui qui ne le désirerait pas à accomplir un service militaire.
Je pense que quand nous nous levons chaque jour ce que nous désirons c’est travailler dans une cité pour l’homme.
Je sais à quoi je m’expose, mais je préfère cela plutôt — je le répète — que d’être traité d’insoumis. Je me sens solidaire de tous les objecteurs de conscience en prison et de tous ceux qui s’efforcent de construire un monde meilleur, un monde à visage humain et sans guerre.
Recevez, Monsieur le ministre des Armées, l’expression de mes sentiments fraternels.
Miguel Gil