La Presse Anarchiste

L’objection de conscience en Espagne

De la fron­tière suisse

Le départ a eu lieu comme pré­vu le dimanche 21 février à Genève en pré­sence de Peter Eter­mann (MIR hol­lan­dais), de Lan­za del Vas­to et d’une cen­taine d’amis gene­vois. Soixante d’entre eux ont accom­pa­gné les mar­cheurs jusqu’à la fron­tière franco‑suisse. Du côté fran­çais, un groupe de même impor­tance (réunis­sant des cama­rades de Lyon, Anne­cy, Cham­bé­ry et Gre­noble) se pré­pa­rait à accueillir la marche en France.

En fait, ce double ras­sem­ble­ment à la fron­tière avait pour but de faire pres­sion sur les auto­ri­tés fran­çaises au cas où elles auraient refu­sé l’accès du ter­ri­toire aux mar­cheurs en per­met­tant alors l’organisation d’une mani­fes­ta­tion. Pour parer à toute éven­tua­li­té, les mar­cheurs s’étaient répar­tis de part et d’autre de la fron­tière : côté suisse, les Espa­gnols Gon­za­lo et Maria, deux Fran­çais, trois Hol­lan­dais et deux Suisses ; côté fran­çais, les Espa­gnols San­tia­go, Lluis et Mara ain­si que plu­sieurs par­ti­ci­pants fran­çais. Ce der­nier groupe aurait pour­sui­vi la marche si les auto­ri­tés fran­çaises avaient refou­lé leurs camarades.
La douane suisse fut fran­chie sans aucun contrôle. Côté fran­çais, on notait la pré­sence inha­bi­tuelle de doua­niers sup­plé­men­taires et de quelques poli­ciers en civil. Les iden­ti­tés des mar­cheurs furent soi­gneu­se­ment rele­vées, mais nul ne fut inquié­té ni retenu.

Les mar­cheurs

Au terme de la pre­mière étape, les mar­cheurs étaient au nombre de seize : les Espa­gnols Gon­za­lo Arias, Lluis Fenol­lo­sa, San­tia­go del Rie­go, Mara Gon­za­lez et Maria Angeles Reca­sens ; les Suisses Claude Vache­ron et Daniel Wied­mer ; les Hol­lan­dais Dick Van Galen Last, Allard Olof et Valen­tyn Vene­ma ; les Fran­çais Jean‑Yves Latour, Jo Pyron­net, Guy André, Phi­lippe Gra­nier et les coor­di­na­teurs Louis Cam­pa­na et Gil­bert Vieillerobe.

Tous ne devaient pas rejoindre Bourg‑Madame à la fron­tière fran­co-espa­gnole, mais en cours de route d’autres mar­cheurs se sont joints à ce pre­mier groupe pour des temps plus ou moins longs si bien qu’un « noyau » impor­tant assu­ra tou­jours l’ossature de la marche.

… Anne­cy

L’accueil à Anne­cy fut assu­ré par le groupe Jeu­nesse et Paix. Une ving­taine d’amis entrèrent en ville avec la marche, dis­tri­buant des tracts jusqu’à l’endroit où eut lieu le repas. A 20 heures 30, une conférence‑débat réunit une soixan­taine de personnes.

… Aix‑les‑Bains

Les mar­cheurs y furent reçus par un groupe d’Amis de l’Arche.

… Cham­bé­ry

À l’entrée de Cham­bé­ry, ils furent escor­tés par une ving­taine de per­sonnes jusqu’à une MJC où ils prirent le repas du soir. Mais on leur refu­sa le droit d’inviter les jeunes qui le dési­raient à se réunir avec eux dans une salle discrète.

… Gre­noble

Un cor­tège d’une cin­quan­taine de sym­pa­thi­sants et d’amis a tra­ver­sé la ville en mani­fes­ta­tion très calme, avec pan­cartes, jusqu’au lieu d’hébergement. Une réunion à la Bourse du tra­vail réunis­sait envi­ron 150 per­sonnes dont une grande majo­ri­té de jeunes.

… Lyon

Same­di 27 février à 11 heures, le groupe des Espa­gnols se pré­sen­tait au consu­lat d’Espagne de Lyon. Ils deman­daient à voir le consul en remet­tant un tract en guise de carte de visite. Celui‑ci avait été pré­ve­nu, quelques jours avant, du moment de leur pas­sage et des motifs de leur visite. Après quelques minutes d’attente à un gui­chet, le consul adjoint vint leur signi­fier que c’était same­di, qu’il était très occu­pé… Les mar­cheurs lui remirent leur lettre et dis­tri­buèrent ensuite quelques tracts. Des poli­ciers en civil véri­fièrent leurs papiers. Un panier à salade sta­tion­nait dans la rue.

Après le repas dans une Mai­son de jeunes ouvriers de Vil­leur­banne, eut lieu une confé­rence de presse dans un café. Étaient pré­sents les jour­na­listes du « Pro­grès », du « Dau­phi­né libé­ré », de « Com­bat », de Radio Luxem­bourg, de Sud‑Radio, de Radio Monte‑Carlo. Le soir, la salle de la MEC était pleine (250 per­sonnes). Jo Pyron­net et Gon­za­lo Arias prirent la parole devant un audi­toire jeune et récep­tif. Le GARM (Groupe d’action et de résis­tance à la mili­ta­ri­sa­tion) avait don­né ordre de mobi­li­sa­tion géné­rale. Les mar­cheurs pas­sèrent la nuit chez des par­ti­cu­liers. Envi­ron 250 per­sonnes se trou­vaient le len­de­main, dimanche, à 15 heures, place Bel­le­cour, pour la mani­fes­ta­tion dite « marche de sou­tien ». Tout se dérou­la dans le calme abso­lu. Avant de remon­ter le cours Gam­bet­ta, la mani­fes­ta­tion se diri­gea vers le consu­lat espa­gnol où fut mar­qué un temps d’arrêt. Deux cars de police atten­daient. Gon­za­lo Arias prit la parole pour expli­quer que ce détour était une pro­tes­ta­tion contre le refus de dia­logue de la part des auto­ri­tés espa­gnoles et l’inertie de l’appareil administratif.
Les évêques d’Annecy, de Cham­bé­ry, de Gre­noble, de Lyon ont reçu des mar­cheurs et pro­mis d’insister per­son­nel­le­ment auprès de leurs homo­logues espa­gnols afin qu’ils prennent posi­tion en faveur de l’objection de conscience et qu’ils le fassent savoir à leur gouvernement.

… Valence … Marseille

Au consu­lat d’Espagne, les mar­cheurs furent reçus par le chan­ce­lier, à qui une lettre fut remise pour le consul, malade, puis ils déci­dèrent d’occuper les lieux. La police fran­çaise devait les expul­ser à la fermeture.

Trois jours plus tard, un cor­tège d’une cin­quan­taine de per­sonnes tra­ver­sa la ville à par­tir de la Cane­bière en direc­tion du consu­lat dont l’accès était inter­dit par des forces de police.

Le soir, Gon­za­lo Arias et Lan­za del Vas­to don­nèrent une confé­rence devant quelque 350 personnes.

… Nîmes

Comme à l’accoutumée, une marche d’accueil accom­pa­gna le cor­tège jusqu’au centre où se dérou­lèrent une petite mani­fes­ta­tion et une confé­rence de presse.

… Tou­louse

Jeu­di 25 mars, un groupe de 180 per­sonnes accueillait les mar­cheurs à 5 km de Tou­louse et les accom­pa­gnait jusqu’au centre. Le soir, des ren­contres en groupes res­treints de 20 à 30 par­ti­ci­pants se dérou­laient en divers points de la ville.

Le len­de­main matin, les mar­cheurs étaient reçus par le consul qui se mon­tra très ouvert. Dans l’après‑midi, ils don­nèrent une confé­rence de presse.

Le soir, une grande confé­rence publique réunis­sait envi­ron 400 per­sonnes. Le same­di matin, l’évêque reçu les mar­cheurs. Enfin, le dimanche matin, une marche d’accompagnement ras­sem­blait une cen­taine de per­sonnes dans une ville mal­heu­reu­se­ment qua­si­ment déserte.

… Nar­bonne
… Perpignan
… Bourg-Madame

Jacques Moreau, Claude Verrel 

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