La Presse Anarchiste

Objection et répression

Mon­sieur le Ministre des Armées,

Je refuse d’être à la dis­po­si­tion de l’autorité militaire.

En effet je consi­dère que celle‑ci est au ser­vice d’un régime capi­ta­liste qui exploite l’homme.

Le pas­sé encore proche de la lutte algé­rienne nous a mon­tré de quel type était ce service.

Mai 68 nous a don­né un avant‑goût des forces répressives.

Aujourd’hui un déta­che­ment d’armée s’entraîne à recon­qué­rir le pou­voir en cas de renversement.

Au Tchad, la France défend ses inté­rêts au prix d’un mil­liard par mois et bafoue par ailleurs les popu­la­tions poly­né­sienne et antillaise.

Votre mar­ché d’armes avec le Por­tu­gal, le Bré­sil, l’Afrique du Sud, pays de dic­ta­ture, dénonce clai­re­ment vos objectifs.

Je refuse toute col­la­bo­ra­tion avec ce régime d’oppression et vous prie de me faire béné­fi­cier de la loi du 21.12.63 rela­tive au sta­tut des objecteurs.

Croyez…

Domi­nique Valton

(Nantes le 12.12.70.)

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L’OBJECTION DE CONSCIENCE POLITIQUE est avant tout un refus de coopé­ra­tion avec ce sys­tème qui exploite l’homme, où les déci­sions sont accu­mu­lées entre les mains de quelques hommes.

L’ARMÉE EST DIRECTEMENT AU SERVICE DE CE SYSTÈME.

NOUS REFUSONS D’Y COLLABORER.

Juri­di­que­ment le sta­tut, limi­té aux motifs reli­gieux ou phi­lo­so­phiques, devrait être refu­sé une deuxième fois à Domi­nique Valton.

La plus grande vigi­lance et la mobi­li­sa­tion per­met­tra à Domi­nique d’éviter trois ans de pri­son et à l’Etat d’ouvrir de fait la porte à l’objection politique.

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Har­ry Aht 21 ans, ori­gi­naire de Rouen, mate­lot de la marine mar­chande, navigue autour du monde et découvre les hor­reurs de la guerre en Asie.
20 novembre 70 : Appe­lé sous les dra­peaux à Hour­tin, il demande à faire un ser­vice civil ; empri­son­né parce qu’il ne connaît pas la loi du 21.12.63 qui accorde seule­ment 15 jours aux objec­teurs pour deman­der le ser­vice civil.

12 jan­vier 71 : Har­ry est trans­fé­ré à la pri­son de Gradignan.

25 février 71 : La demande de mise en liber­té pro­vi­soire dépo­sée par son avo­cat de Bor­deaux est reje­tée par le tri­bu­nal militaire.

11 mars 71 : Har­ry adresse au ministre de la Défense natio­nale sa demande pour être admis à effec­tuer un ser­vice civil pen­dant deux ans.
POUR NE PAS AVOIR ÉCRIT UNE LETTRE EN TEMPS VOULU (alors même qu’il était en mer)

PARCE QU’IL VEUT FAIRE UN SERVICE CIVIL, HARRY AHT EST EN PRISON.

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Incor­po­ré en août 1970, Alain Gouin était mis aux arrêts de rigueur à la fin de ses classes pour « refus d’obéissance et refus de por­ter le fusil ». Il était alors exemp­té de tir.

Pour pro­tes­ter contre les bri­mades et les pri­va­tions dont il était l’objet et contre la hié­rar­chie bru­tale de la caserne, il com­men­çai une grève de la faim le 25 décembre 1970. Tota­le­ment iso­lé, sans aucun sou­tien exté­rieur, il tint seize jours.

Le 18 février 1971, il était trans­fé­ré à la pri­son du 25e Régi­ment d’artillerie de Thion­ville (Moselle). Le 20 février, il enta­mait une nou­velle grève de la faim qu’il vient de ter­mi­ner. Il doit pas­ser pro­chai­ne­ment devant un tri­bu­nal militaire.

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