L’atmosphère de ce Congrès, ne fut pas celle des congrès précédents, ce fut d’ailleurs un petit cénacle qui vint apporter des délibérations toutes faites, sous forme de discussion.
On a codifié l’Anarchie, chose inconnue jusqu’à présent, que n’avaient certainement pas prévue les précurseurs, mais qui a été réalisée par les propriétaristes de l’Idée.
Préalablement on a critiqué les partis politiques et pourtant lors de l’affaire Sacco-Vanzetti, on a pactisé avec eux. Comble de l’ironie et de l’hypocrisie.
Mais plus loin encore dans cette voie ! Nous étions fadis contre le culte de la charogne et l’on a exposé les masques de Sacco et Vanzetti. Nous n’avons plus rien à envier aux cléricaux, nous avons nos saints, nous aussi.
Ceux qui se réclament de la majorité se sont étrangement fourvoyés, car leur altitude et leur façon de concevoir les thèses anarchistes, n’ont que des rapports lointains avec la saine logique.
Nous savons très bien que nous ne serons jamais un grand nombre, parce qu’il est plus facile de se réclamer de notre idéal que d’être un convaincu, capable de mettre ses actes d’accord avec ses idées.
Non, les militants anarchistes n’accepteront jamais une manière d’obligation, qui ressemble étrangement à l’autorité contre laquelle ils se dressent toujours et sans cesse. J’en reste navré et j’avise les bons camarades pour qu’ils se ressaisissent et qu’ils reprennent la propagande sur le véritable terrain anti-autoritaire, lequel est la base même de l’anarchie.
Enfin je veux bien espérer que les décisions prises ne seront pas irrévocables, car ça serait la fin d’une entente heureuse et féconde. Je me déclare en faveur de l’appel de la minorité, ou alors je propose qu’aux élections prochaines on présente des candidats à la députation !
Je sais que l’on me dira que le suffrage universel est une blague, mais alors pourquoi avoir établi chez nous des statuts ? Qu’a t’on discuté au Congrès ? Rien que des des banalités ! Des choses foncièrement anti-anarchistes et qui contribueront à semer la mésentente parmi nous, car lorsqu’on dit minorité l’on se trompe, ceux qui en France, pensent comme nous, sont la grande majorité.
Ce Congrès où tous les camarades se regardaient en chiens de faïence, n’aura pas contribué à apporter de la force et de la clarté parmi les anarchistes. À nous de de remédier à celà, pour que de nouveau règne entre les camarades, l’estime et la bonne camaraderie.
Journet